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Il n'y avait ni passé, ni présent ni futur. Tout ce qui vivait faisait partie d'un tout. Nous étions tous rattachés les uns aux autres, à travers le temps et l'éternité ; et lorsque nos sens seraient ouverts à une nouvelle perception de l'existence, comme les miens l'avaient été par la drogue de Magnus, la fusion s'opérerait, il n'y aurait plus de séparation, il n'y aurait plus de mort... Voilà à quoi aboutirait finalement l'expérience : grâce a cette possibilité de déplacement dans le temps, la mort serait abolie.
Afficher en entierPlus que jamais encore, je mesurai en cet instant tout ce qu'avait de fantastique, et même de macabre, ma présence parmi eux. Invisible, pas encore né, monstrueux jouet du temps, j'étais témoin d'événements qui s'étaient passés plusieurs siècles auparavant et dont il n'avait été conservé aucune trace. Je me demandai pour quelle raison tandis que j'étais là dans l'escalier, invisible mais présent, je me sentais tellement concerné et troublé par ces amours et ces morts.
Afficher en entierTous, sauf le toucher. Je ne sentais pas le sol sous mes pieds. Magnus m'en avait d'ailleurs averti. " Tu ne sentiras pas ton corps entrer en contact avec les objets inanimés. Tu marcheras, tu t'assiéras, tu frôleras des meubles, des arbres ou des murs sans rien sentir. Ne t'en inquiète pas. Le fait même de pouvoir te déplacer sans éprouver aucune sensation constitue une partie de l'émerveillement. "
Afficher en entierSavez-vous quelque-chose concernant les anciens seigneurs de l'endroit ?
Il s'immobilisa un instant pour éteindre les lumières.
– Uniquement ce que m'ont appris les Annales de la paroisse. Dans le Domesday le manoir est mentionné sous le nom de Tiwardrai – la Maison sur le Rivage – et il appartenait à la grande famille des Cardinham jusqu'à ce que, au XIIIe siècle, Isolda, qui venait d'en hériter, le vendît aux Champernoune, puis, lorsque ceux-ci s'éteignirent, il passa en d'autres mains.
Afficher en entierIsolda, la femme de Sir Oliver Carminowe, n'avait pas de guimpe encadrant son visage, mais elle portait sa blonde chevelure tressée en deux macarons, et une bande d'étoffe ornée de pierres précieuses maintenait un voile court sur sa tête. À la différence des autres femmes, elle n'avait pas non plus de manteau par-dessus sa robe, qui était plus ajustée et dont la jupe était moins ample que celles de ses compagnes, avec de longues manches collantes descendant jusqu'au-dessous du poignet. Comme elle devait avoir vingt-cinq ou vingt-six ans et être plus jeune que les autres dames présentes, peut-être suivait-elle la mode de plus près, mais elle le faisait sans ostentation, avec une grâce pleine de naturel.
[...]
Il est dans le destin de tout homme, je suppose, d'apercevoir un jour ou l'autre, parmi la foule, un visage qu'il ne peut plus oublier et qu'il aura peut-être la chance de retrouver dans un restaurant ou une réception. S'il le revoit trop souvent, l'enchantement sera brisé et engendrera la déception. Mais cela ne risquait pas de se produire en l'occurrence, car c'était par-delà les siècles que je contemplais ce que Shakespeare appelait « une beauté non pareille », laquelle, hélas, ne me verrait jamais.
Afficher en entierJe m'étais attendu - si tant était que je me fusse attendu à quelque chose - à une transformation d'un autre ordre, qui eût été une tranquille sensation de bien-être, le flou grisant du rêve où tout est brumeux, mal défini ; mais certainement pas à la découverte bouleversante d'une réalité beaucoup plus intense que tout ce que j'avais pu connaître jusqu'alors, aussi bien dans mes rêves qu'à l'état de veille. A présent, chaque impression s'accentuait et mes sens en prenaient conscience : que ce fût la vue, l'ouïe ou l'odorat, ils semblaient tous comme aiguisés".
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