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— Vos saignements sont-ils réguliers ?

— Il me semble qu’une fois par mois, c’est traditionnel.

— Et votre utérus est-il d’humeur à se défaire selon la tradition ? Skara adressa à sœur Oud le regard le plus glacial possible.

— Mon utérus s’est toujours comporté de façon tout à fait convenable. Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles. Je n’ai jamais ne serait-ce qu’embrassé un homme. Mère Kyre s’en est assurée. Oud s’éclaircit délicatement la voix.

— Excusez ma curiosité, mais votre bien-être est ma responsabilité, désormais. Pour le Trovenland, votre sang vaut davantage que de l’or.

— Alors que le Trovenland se réjouisse ! s’écria Skara en sortant du bain. Je saigne régulièrement.

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(Raith à Skara)

— D’après mon expérience, les dieux favorisent ceux qui se battent le plus dur et qui ont le moins de pitié. C’est ce que j’ai remarqué en grandissant.

— Vous avez grandi où ? Dans une meute de loups ?

Raith haussa les sourcils.

— Aye, pas loin.

— Quel âge avez-vous ?

— Je sais pas. (Skara eut l’air étonnée ; il haussa les épaules.) Les loups comptent pas très bien.

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Le regard lointain, Dunverk sourit.

— Vous verrez tous comment Yilling l’Éclatant manie l’épée, murmura-t-il, le teint cireux. Vous verrez tous.

Et il s’effondra dans la mare de son propre sang. Ils s’accordèrent tous à dire que c’était là une très belle mort.

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Raith aurait pu lui dire que le visage d’un mourant, même celui de votre pire ennemi, ne renfermait nul secret. Il ne trahissait que sa douleur et sa peur. Offrant un aperçu de la douleur et de la peur que chacun ressentirait, son tour venu. Et le tour de chacun viendrait bien assez tôt. Mais ceux qui le savaient ne voulaient pas l’entendre, et ceux qui ne le savaient pas devaient l’apprendre par eux-mêmes. Alors, Raith conserva le silence.

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Perché sur un rocher, un Trovenais roux hurlait des couplets de La Tanière de Rirencendres, d’une voix vigoureuse sinon mélodieuse, un refrain qu’adoraient les vieux combattants à propos des guerriers de la reine se préparant à mourir glorieusement au combat. Aux alentours, les hommes reprenaient cette rengaine en chœur tandis qu’ils affûtaient une dernière fois leurs lames, bandaient leurs arcs ou fixaient leur armure. On pourrait croire que les chansons au sujet de combattants ayant glorieusement survécu à une bataille pour mourir vieux, gros et riches auraient plus de succès, mais les guerriers manquaient souvent de bon sens, quand on y réfléchissait.

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(Skara) "J’aimerais pouvoir brandir une épée.

— Je brandis la mienne pour vous. Sans réfléchir, Raith se retrouva agenouillé sur les rochers, sa hache sur ses paumes tendues, comme Hordru le Garde Élu le faisait dans la chanson. Skara baissa les yeux, un sourcil haussé.

— C’est une hache.

— Les épées sont pour les hommes beaux et subtils.

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Elle rejeta derrière son épaule ses cheveux tressés en une natte sombre et, comme Rirencendres dans la chanson, se pencha sans quitter Raith des yeux pour embrasser la lame. Il n’aurait pas frissonné davantage si elle l’avait embrassé sur la bouche. C’était stupide, mais on peut bien pardonner la stupidité d’un homme qui se retrouve face à la Dernière Porte.

— Si vous voyez la Mort sur l’eau, dit-elle, essayez de ne pas l’approcher.

— La place d’un guerrier est aux côtés de la Mort, rappela Raith en se levant. Comme ça, il peut la présenter à ses ennemis.

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Les hommes de Gorm percutèrent la défense fébrile et mère Guerre déploya ses ailes sur la côte du Trovenland, ravie du massacre. Sa voix était une tempête de métal. Une clameur digne d’un millier de forgerons et d’une centaine d’abattoirs.

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Les glorieuses victoires font de belles chansons, mais les victoires peu glorieuses sonnent tout aussi bien une fois passées entre les mains des bardes. Les défaites glorieuses, en revanche, restent des défaites.

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Mère Oud se gratta le crâne sous ses cheveux noués en un chignon lâche.

- J'ai du mal à voir comment la fin peut être heureuse.

- Elle ne l'est pas. Gudrune s'est jetée des remparts; et elle est morte dans le fossé.

- Espérons de ne pas tous suivre son exemple, dit Raith.

- Se tuer par amour? demande Skara.

- Mourir dans le fossé.

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