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La Monture, de Carol Emshwiller. Sur Terre, une autre race est arrivée il y a quelques temps et a conquis la planète, faisant des humains leurs montures.

On va suivre Charley, une jeune monture "de luxe" avec ses belles jambes musclées, entraîné pour être la monture du futur dirigeant des Hoots (l'autre race).

Il y a pas mal de réflexions intéressantes, en particulier sur les relations entre Hoots et humains, avec Charley qui est bien traité et qui aime beaucoup sa vie (full syndrome de Stockholm) ; et son Hoot qui est très dépendant de lui mais qui adopte quand même des réflexes de postures dominantes à son égard. Des réflexions donc sur la domination, la liberté, etc. C'est parfois un peu confus, et ça n'apporte pas toujours de réponses claires (ce qui reflète Charley qui est paumé, et qui en plus de ça est en pleine crise d'ado XD), mais le sujet est intéressant !

J'ai quand même eu un peu de mal avec le style, qui est assez étrange, très haché. J'ai fini par m'y habituer cela dit (et je pense que c'est un parti pris pour refléter l'état psychologique de Charley).

En résumé, pas un coup de coeur, mais une lecture intéressante !

La Monture de Carol Emshwiller chez Argyll propose un décor intéressant qui m’a tout de suite tapé dans l'œil. J’aime beaucoup cette idée que les hommes sont devenus des chevaux, des animaux d'élevage pour transporter d’autres créatures. Ils ont des stalles, des noms ridicules comme “smiley”, “bright spot”, “beauty”, des selles, ils marchent au pas, font des courses, ont des tapes sur la tête et des friandises.

Ceci propose tout de suite une réflexion sur la place des Hommes, leur comportement avec les animaux. Les Hoots du livre se comportent avec leurs montures comme les humains avec les chevaux hors de la fiction. En plus de ce qui est déjà cité, les Hoots se considèrent comme gentils, attentionnés pour les humains, des sauveurs sans qui les Hommes seraient perdus. Ils leur offrent un toit, des repas, de l’affection, les montures peuvent courir dehors.

Dans ce roman, les personnages grandissent. Charley a 11 ans au début, il a toujours vécu comme une monture. Pour lui, il n’y a rien de mieux que d’être une monture pour les Hoots, c’est la seule place qui est possible et c’est normal. Être la monture de Petit Maître est d’autant plus enviable, car cela fait de Charley une personne importante et reconnue de tous. Qui voudrait vivre dans le froid, sans électricité, sans eau chaude, avec des guenilles, sans petites tapes, médailles de courses, les superbes mors en argent ? Qui voudrait suivre ce père que l’on avait idolâtré mais qui est bardé de cicatrices montrant qu’il était finalement devenu une monture désobéissante, balbutiant quelques mots à cause d’une bouche déformée, qui fixe aussi intensément son fils, le mettant mal à l’aise ?

Enlevé de son cocon quotidien, en contact avec l’extérieur et vivant avec d’autres personnes, Charley va grandir et finir par avoir un nouveau regard sur les choses : la liberté, son père, la relation entre les humains et les Hoots, ce que c’est qu’être humain. Que l’on soit un Seattle, un Tennesse ou un Rien, on est humain. Ce qui est laid devient beau. Ce qui était inadmissible devient acceptable. Ce qui était impossible, devient envisageable. Et si ce duo, la monture Charley, et le prince Hoot, changeaient les choses et proposaient une égalité entre les deux espèces, plutôt qu’un asservissement ?

C’est joli et même touchant de voir Charley grandir, de le voir finalement comprendre son père, petit à petit, et s’ouvrir sur les gens, quitter ses préjugés.

Petit point négatif, c’est compliqué de visualiser les Hoots. La description de ces derniers est éparpillée dans l’ouvrage : ils ont des oreilles très mobiles comme des chats, mais tombantes comme celles des lapins. Une queue, d’immenses mains, des jambes ridiculement maigres, et ils sont assez petits pour s’installer sur nos épaules. Ils sont vêtus et parlent.

Une histoire très intéressante qui parle d'esclavage et de relations toxiques, de manipulation et de révolte.

Le style d'écriture est très particulier volontairement (il faut donné une voix à des aliens).

J'ai trouvé le sujet très intéressant malgré mes difficulté avec le style d'écriture.

Je recommande ce roman.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce roman m'a désarçonnée! S'il est de prime abord complexe à appréhender en raison des choix narratifs un peu particuliers qui le rendent un peu hermétique, le fond de cette histoire est profondément intelligent et pousse à réfléchir sur de nombreux sujets : les rapports entre espèces, l'altérité, la bonté et la construction d'une société.