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" L'erreur que l'on commet avec Hitler vient de ce qu'on le prend pour un individu exceptionnel, un monstre hors norme, un barbare sans équivalent. Or c'est un être banal. Banal comme le mal. Banal comme toi et moi. Ce pourrait être toi, ce pourrait être moi. Qui sait d'ailleurs si, demain, ce ne sera pas toi ou moi? Qui peut se croire définitivement à l'abri? A l'abri d'un raisonnement faux, du simplisme, de l'entêtement ou du mal infligé au nom de ce qu'on croit le bien? [...] Tel est le piège définitif des bonnes intentions. Bien sûr, Hitler s'est conduit comme un salaud et a autorisé des millions de gens à se comporter en salauds, bien sûr, il demeure un criminel impardonnable, bien sûr je le hais, je le vomis, je l'exècre, mais je ne peux pas l'expulser de l'humanité. Si c'est un homme, c'est mon prochain, pas mon lointain. "
Afficher en entierVous appelez divin tout ce qui réussit et humain tout ce qui rate.
Afficher en entierUne possibilité trop longtemps éludée devient une impossibilité.
Afficher en entierEn se délestant de ses sacs et de ses armes, Adolf aspira goulûment la touffeur du foin.
A se trouver ainsi au milieu de cette grande fermentation chaude, il retrouvait des sensations d'enfance, liées au jeune âge de l'insouciance. Des soldats évoquèrent des souvenirs plus gaillards. On rit, on mangea, on but.
Mais dès qu'on leur donna l'ordre de se reposer, toute la détente due à la bière et à la potée au lard s'évanouit. Ils entendaient la canonnade. Le grondement grave et continu se précisait, il se diffractait en coups séparés, en déferlante nourrie, en batteries énervées, en silences suivis d'explosions de violence. La symphonie métallique du front délivrait ses odieuses nuances, sa dynamique de mort. Ils peinèrent à trouver le sommeil.
Afficher en entierUn homme est fait de choix et de circonstances. Personne n'a de pouvoir sur les circonstances, mais chacun en a sur ses choix.
Afficher en entierUn artiste ne se plie pas à la réalité, il l'invente.
Afficher en entierMuse, c'est bien plus joli qu'esclave.
Afficher en entierMon livre sera un piège tendu à cette idée. En montrant qu'Hitler aurait pu devenir autre qu'il ne fut, je ferai sentir à chaque lecteur qu'il pourrait devenir Hitler.
Afficher en entierOn l'avait trouvé convaincant. On l'avait trouvé grotesque. Mais personne ne l'avait trouvé dangereux. Comment peut-on se montrer aussi sourd? Hitler n'était pas un menteur. Il livrait avec franchise ses vérités obscènes. Et cela même le protégeait. Car les hommes sont habitués à juger les êtres sur leurs actes, non sur leurs paroles. Ils savent qu'entre l'intention et la réalisation, il manque un chaînon: le pouvoir d'agir. Or, le pouvoir, ils venaient de le donner à Hitler. Peut-être pensaient-ils que l'exercice du gouvernement allait modérer l'extrémiste, comme il est d'usage? Qu'Hitler allait se calmer en apprenant la dure loi de la réalité?
Ils ignoraient qu'ils n'avaient pas désigné un homme politique, mais un artiste. C'est-à-dire son exact contraire. Un artiste ne se plie pas à la réalité, il l'invente. C'est parce que l'artiste déteste la réalité qu'il la crée. D'ordinaire, les artistes n'accèdent pas au pouvoir: ils se sont réalisés avant, se réconciliant avec l'imaginaire et le réel dans leurs œuvres. Hitler, lui, accédait au pouvoir parce qu'il était un artiste raté.
Afficher en entierAlors que tant de mal se fait sur cette planète, personne n’aspire au mal. Nul n’est méchant volontairement, même le plus grand rompeur de promesses, le pire des assassins ou le dictateur le plus sanguinaire. Chacun croit agir bien, en tout cas en fonction de ce qu’il croit être le bien, et si ce bien s’avère ne pas être le bien des autres, s’il provoque douleur, chagrin et ruine, c’est par voie de conséquence, cela n’a pas été voulu. Tous les salauds ont les mains propres.
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