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Un homme dans sa tête lui chuchota en silence : “N’as-tu pas trouvé d’autre solution que de la gifler ?” Il ressentit un poids, comme un gros rocher qui lui écrasait la poitrine, puis il posa sa main entre sa joue et l’oreiller et, tout en fermant les paupières, il commença à confier ses remords : “Je n’avais pas l’intention de la gifler, je reconnais ma faute.
— Alors tourne-toi vers elle tout de suite. Elle est triste... Elle ne s’est pas encore endormie... Ta gifle a blessé son âme, cela va l’empêcher de s’endormir. Tourne-toi vers elle, relève la couverture qui cache son visage, essuie ses larmes silencieuses, excuse-toi, puis embrasse-la.
— Je ne peux pas, murmura-t-il d’une voix faible.
— Essaie, répliqua l’homme dans sa tête, ton grand-père te l’a dit autrefois : « Ne laisse jamais une femme qui t’aime se coucher dans la tristesse à cause de toi. » Eh, toi ! Écoute-moi, ne permets pas à cette faute de s’aggraver, elle est encore mineure... Cette faute, avec ses longues griffes, commence à creuser son chemin vers son cœur. Un mot gentil et un baiser pourront la persuader de pardonner ta faute et même de l’oublier complètement.”
Tout confus, il se tourna vers elle. Intimidé, respirant profondément, il tendit une main hésitante pour toucher son épaule enfouie sous la couverture, mais avant de l’atteindre, ses doigts se crispèrent soudain en l’air. Il se mordit la lèvre et, quelques secondes après, il retira sa main et se retourna à nouveau.
“Je t’ai dit : il suffit d’un mot et d’un baiser ; un mot confié à sa mémoire pour la protéger de la gifle que tu lui as infligée, et un baiser sur sa joue claire où tes doigts ont laissé des traces, c’est tout, lui murmura avec colère l’homme dans sa tête.
— Je ne peux pas... Je te promets, demain, je me réconcilierai avec elle.
— Maintenant, et tout de suite. Ne laisse pas échapper cette occasion. Il faut en profiter.
— Je t’en prie, je suis mal à l’aise. Donne-moi un peu de temps jusqu’à demain soir.
— Si moi je te donne du temps... elle, elle n’acceptera peut-être pas de t’en donner.
— Je t’en prie, ne me fatigue pas !” supplia l’époux. Tout à coup, l’homme cria, furieux :
“J’ai trouvé une solution qui conviendra à ton hésitation : tourne-toi tout simplement vers elle et dis-lui : « Bonne nuit ».
— Maintenant ?!
— Est-ce que « Bonne nuit », ça se dit aussi le matin ? C’est maintenant qu’il faut le lui dire. Vite ! Dépêche-toi de lui dire « Bonne nuit » sans plus attendre.”
Il se tourna vers elle discrètement... Sous la couverture, son corps tremblait toujours sous l’effet de ses pleurs inextinguibles. Ses lèvres frémirent légèrement. Il essaya de parler, il balbutia, mais aucun mot ne répondait à l’appel de sa langue, comme si celle-ci était morte. Il essaya une deuxième puis une troisième fois, mais sa bouche était complètement paralysée, incapable de prononcer quoi que ce soit. Il se fatigua de lui-même, se retourna pour revenir à sa place, tourna le dos et enfonça sa tête – comme un petit enfant – sous l’oreiller.
“Je m’en vais... Adieu ! lui dit l’homme. Je pars, je vais voyager...
— Où pars-tu ? demanda l’époux en bâillant nonchalamment.
— N’importe où, tu ne peux plus me retenir.
— Je te promets, demain je vais résoudre le problème, maintenant je suis fatigué et j’ai sommeil.”
L’homme disparut. Il s’évapora comme de l’eau. L’époux resta longtemps, la tête sous l’oreiller et la couverture, essayant de s’endormir. Ses yeux ne se fermèrent que quelques minutes.
Afficher en entierMinuit et quelques minutes. Le sommeil l’arracha au canapé du salon, où il ne faisait que bâiller, et le guida, comme un enfant, vers la chambre. Le lampadaire diffusait une légère lumière à travers la fenêtre, qui ne perçait guère l’obscurité de la pièce. Il apercevait à peine le corps de sa femme qui tremblait silencieusement sous la couverture. En prêtant l’oreille, il l’entendit pleurer. Des pleurs étouffés qu’on pouvait tout juste percevoir, comme s’ils parvenaient de très loin. Il contempla son corps qui tremblait puis, indécis, il se gratta le menton avec l’index et se glissa à ses côtés, mais elle lui tourna le dos. Il laissa sa tête s’enfoncer dans l’oreiller, cet oreiller qu’ils se partageaient, lui, et sa femme à l’autre bout du lit. Il se tourna lui aussi, et ils se retrouvèrent dos à dos, dans le même lit, sous la même couverture, dans l’obscurité de leur chambre à coucher.
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