Ajouter un extrait
Liste des extraits
L’univers est fait de protons, de neutrons , d’électrons et de petits cons.
Afficher en entierC'est seulement quand elle émet un son qu'il fixe son attention, car il entend de la peur dans sa voix. Il les aperçoit, elle et les spectres entre les arbres, et oblique instinctivement dans leur direction.
Ils sont cinq – ils la pourchassent. Ils sont rapides et souples, l'un d'eux tient une batte de base-ball. Il entend leurs rires moqueurs, leurs exclamations aussi excitées que l'aboiement d'une horde de lycaons. Deux hommes la rattrapent. Ils sont tellement braqués sur elle qu'ils ne remarquent pas Daniel.
L'un d'eux crie : « Girafe ! » Daniel le comprend, car la course de la femme longiligne est gauche, comme celle de l'animal. Il entend les autres hurler de rire. Le premier poursuivant accélère, se baisse, saisit la cheville de la femme. Elle s'écrase disgracieusement et sans bruit sur l'herbe.
L'homme la prend par les cheveux.
« Non », crie Daniel, involontairement.
Afficher en entierComme tous les dossiers de la police nationale, il comporte trois parties, A, B et C.
La partie A comprend les entretiens, les rapports, les déclarations et les photos. Dans l'affaire Johnson, il y en a peu. On y trouve une page signée, écrite à la va-vite, au sujet d'un entretien téléphonique avec Mme Robyn Johnson, le rapport initial d'un enquêteur scientifique de la police de George et quelques clichés pas très nets d'un homme en costume noir et chemise blanche, gisant près d'une voie ferrée. Elles montrent un cadavre en début de décomposition. Une grave blessure à la tête déforme les traits du visage. Les bottes des policiers en uniforme, entourant le corps, sont également visibles sur les photos.
« Jissis (1) », dit Benny Griessel en désignant le tout. Ça révèle un mauvais contrôle de la scène de crime et annonce des difficultés sans fin pour le procureur, si l'affaire devait aboutir au tribunal.
« Ja. Du travail de broussard. Tu t'attendais à quoi ? » demande Vaughn Cupido, dédaigneux.
Dans la partie B du dossier, on conserve les correspondances échangées par les différents services de police ou des instances extérieures comme les banques ou les employeurs. S'y trouve simplement la copie d'une assignation au titre de l'article 205, que l'enquêteur de Beaufort West a fait valoir pour obtenir des renseignements auprès de la société de téléphonie Vodacom concernant un portable.
La partie C, c'est le journal d'enquête sur formulaire SAPS5. Là aussi, du travail bâclé. La dernière note indique que le cadavre n'a été transporté que deux jours plus tôt à la morgue publique de Soutrivier, au Cap. Toujours pas d'autopsie. Le corps n'a même pas été identifié officiellement comme étant celui de Johnson Johnson.
Griessel soupire.
(1) Jissis : littéralement, « Jésus » (« Seigneur ! »).
Afficher en entierIl arrive toujours le premier à l'atelier. Il ouvre et respire l'odeur de cire et de vernis, de colle et de copeaux, de planches empilées et le musc mystérieux qui émane des objets vétustes. Chaque matin, le mélange de ces arômes est légèrement différent, selon ce que le Génie a ciselé, scié, raboté ou poli la veille.
Afficher en entierChungu inspecte les rails entre Beaufort et Hutchinson, c'est son territoire. En roulant sur la voie de service, il sent un truc, mais un truc vraiment pourri, et il se dit que ce n'est pas inhabituel, car le train heurte parfois un koudou, ou une bestiole, de temps à autre un ivrogne. Il regarde et ne voit rien, car Johnson se trouvait comme qui dirait à mi-pente de la combe. Alors Chungu s'arrête à l'endroit où ça pue le plus, il descend de sa camionnette de service, avance dans cette direction, et là, il aperçoit Johnson. Il a vu la couleur blanche de sa chemise, en premier. Et puis les mouches, les asticots et les brisitudes, la puanteur est terrible, il n'y résiste pas. Il remonte dans sa camionnette et s'en va un peu plus loin téléphoner au poste de Beaufort.
— “Brisitudes” ? demande Cupido.
Afficher en entierVerwey s'est alors plaqué un mouchoir sur le nez, mais ça n'a aidé en rien. Il a enfilé ses gants en latex, a tendu le cordon jaune autour de la scène de crime et a demandé à tous de se placer derrière. Il a pris des photos avec son portable Samsung, parce que le photographe de la police s'est fait voler il y a cinq mois sa mallette contenant son appareil. Dans les locaux de la police ! L'appareil n'a toujours pas été remplacé, il s'est donc servi de son portable. Ensuite, il a fouillé la veste de la victime, il a trouvé le téléphone en miettes, qui avait dû être brisé quand Johnson Johnson a heurté le pylône en acier, ou une pierre au sol, lors de sa chute du train. « Pas de doute là-dessus. Pas le plus petit doute. »
C'est tout ce qu'il y avait dans les poches de Johnson Johnson.
Afficher en entier