Extraits

— Tu crois peut-être que je ne te connais pas, Annabelle, mais tu te trompes. Je sais que quand tu ris ton nez se retrousse d’une drôle de façon. Et quand tu me caches quelque chose, ton regard s’assombrit légèrement. Toi et ta famille, je vous connais, parce que j’ai eu toute ma vie pour vous observer. Je sais que lorsque tu dors la nuit, tu trembles, parce que tu fais des cauchemars et que ces tremblements s’arrêtent dès que tu te blottis dans mes bras. Je sais aussi que tu es ici parce que tu es une fille formidable et que tes parents ont besoin de toi, mais aussi parce que tu essaies d’échapper à quelque chose d’effrayant qui se trouve à San Francisco—quelque chose dont je veux te protéger, même si je ne sais pas encore comment. Mais voici le plus important : peu importe ce que tu me diras, je sais que je ne t’en aimerai pas moins.

La peur peut vous consumer. Elle peut venir à bout de vos convictions, de vos forces, de votre détermination, et, si vous la laissez faire, même votre âme peut ne pas en réchapper.

Je pensais connaitre la peur.

Je pensais avoir connu l’enfer quand j'étais jeune et, à cette époque j'avais laissé la peur me guider. Je l’avais laissée décider à ma place.

Je pensais savoir contrôler ma peur, mais, ce que j’ignorais, c'est qu'elle avait fait son nid en moi et qu’elle me contrôlait telle une habile marionnettiste.

Je n’en avais eu qu’un avant-goût.

J'avais à peine lié connaissance avec elle.

J’avais dû vivre avec, certes, mais je ne l'avais jamais laissée s’installer en moi. Du moins, je le pensais.