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Extrait

Extrait ajouté par magaliB 2019-05-27T19:16:52+02:00

Chapitre premier

L’exil

Il avait plu pendant presque tout le trajet de la vallée de la Dee aux côtes ouest des îles, vers Mallaig. Tout dans notre strict équipage dégageait une lourde odeur d’humidité : les vêtements, la toile et le bois de chêne de la voiture, le pelage gommé des chevaux, nos coiffes et nos coffres. Le tambourinement continu de l’eau sur les toiles ruisselantes de l’abri contribuait à l’atmosphère lugubre qui régnait sur nous depuis notre départ. On aurait dit que le temps brumeux et gris persistait à s’harmoniser à la désolation dans laquelle s’enfonçait résolument mon cœur. Chaque pierre que l’attelage foulait m’éloignait un peu plus de ma famille et du château qu’elle avait érigé sur les rives de la Dee depuis, me semblait-il, la nuit des temps. « Qu’y a-t-il donc de dramatique à quitter ses parents à l’approche de sa vingtième année ? » ruminai-je.

Cinq jours de route ininterrompue dans les chemins boueux des montagnes où j’allais, désolée, avec le seul soutien de mes deux servantes, de quatre gardes et hommes d’équipage, vers ma destinée. Celle de la troisième fille de Nathaniel Keith, armateur prospère d’Aberdeen, donnée en mariage au second fils de Baltair, chef du clan MacNèil, de Mallaig. Je ne me résignais pas au déchirement aussi total que définitif que représentait pour moi cette expatriation. Si cette alliance avait toutes les allures d’un désastre pour mon esprit loyal et mon cœur inexpérimenté, je devais admettre qu’elle revêtait un caractère hautement stratégique pour les clans opposés qu’elle unissait ainsi.

En effet, la longue dispute de nos pères et grands-pères sur l’usage d’armoiries similaires pour les deux clans fut, en cet an de grâce 1424, présentée en justice et tranchée par le tribunal en faveur des MacNèil. Pour que les Keith conservent le faucon aux trois bandes d’or sur leur blason, il fallait unir les deux familles par un mariage. En outre, les forêts des Grampians données par le roi aux MacNèil représentaient un potentiel de bois de coupe inestimable pour mon père. Comme les MacNèil ne s’intéressaient aux forêts que pour la chasse, les revenus de coupe constituaient pour les deux familles une puissante raison de conclure une entente. L’unique héritier des MacNèil était célibataire et j’étais la dernière fille à marier de ma famille. Ainsi, on me désigna pour être sacrifiée à cette union. Voilà donc où en étaient venus mon père et son rival de Mallaig au printemps. Car rien n’était plus commode à ces deux hommes orgueilleux que de masquer leurs différends sous l’union de leurs enfants. Cependant, la conclusion de cette entente ne leur avait pas été acquise dès le début, tant de mon côté que du côté de celui à qui on me destinait, appris-je plus tard.

Si, d’une part, le mariage n’avait jamais intéressé mon tempérament indépendant, il m’était, d’autre part, extrêmement pénible de contracter une alliance avec un homme que je ne connaissais pas et dont on ne me dit presque rien, sinon qu’il appartenait à un clan des Highlands, pays réputé farouche et dur. J’étais peu préparée à intégrer cette société. Étant la cadette, j’avais été choyée et entourée, jusqu’à ce qu’on me destine aux études en France, chez mon oncle John Carmichael, évêque d’Orléans. J’avais déjà quatre années d’apprentissage au couvent monastique lorsque la situation diplomatique avec la France se dégrada et que mon père me rappela en Écosse, à Crathes, où je vins passer au château de mon enfance ce qui allait être mon dernier automne de jeune fille.

Les assises de ce projet de mariage relevaient, pour mon père, d’impératifs autres que ceux d’un blason. Ma famille avait besoin, pour la construction de nouveaux navires, du bois des forêts appartenant au clan MacNèil, et une alliance allait assurer un approvisionnement continu des matières premières pour son commerce. Ainsi, telles avaient été les clauses du contrat : le clan MacNèil apportant davantage dans l’alliance que celui des Keith, c’est le seigneur MacNèil qui allait gagner une fille et non le seigneur Keith qui gagnerait un fils.

Quelle saison tendue que celle que je venais de passer à Crathes, entre mes parents, mes deux frères, mes deux sœurs et leurs maris. Pas une seule semaine sans que j’aie essayé d’infléchir cette décision qui pesait sur moi comme une épée de Damoclès. Mais je n’aboutis finalement à rien, sinon qu’à irriter mon père en m’opposant à ce projet. Il avait été fort contrarié de mon attitude fermée et n’avait pas voulu entendre ne serait-ce que le premier mot de mes arguments. Je n’avais pas eu non plus l’appui de ma mère qui, malgré le fait qu’elle m’était habituellement favorable, ne s’opposait jamais à son seigneur dans les affaires du clan. Ce mariage était en effet « affaire de clans » et avait peu à voir avec mon propre bonheur, ou ce que j’en imaginais. Ainsi m’étais-je rebiffée et battue toute seule, et en vain, durant tout l’automne. Enfin, non seulement j’avais échoué dans mes tentatives pour renverser la décision de mon père, mais je l’avais si bien fâché à mon endroit qu’il m’envoya seule en équipage réduit rencontrer ma destinée avant la Noël. Ni lui, ni ma mère, ni mes frères Daren et Robert n’allaient donc assister à mon mariage. Encore moins mes deux sœurs enceintes. Je crois que ce désaveu clouait définitivement le cercueil qu’était devenu mon exil.

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