Extraits

Elle porte l'audace comme une cape, affirme séparer le désir du véritable attachement, mais lui sait qu'il en est incapable. Il ne pourra se contenter de son corps sans se retrouver assoiffé de son être tout entier. Même maintenant, il brûle de frôler sa bouche de ses lèvres, de s'imprégner du soulagement de savoir qu'elle ne s'est pas noyée. Que son corps n'a pas été emporté par la rivière. Qu'elle est ici, avec lui. Mais il ne peut pas l'avoir pour lui, elle ne peut pas l'avoir pour elle, et cette pensée est un fardeau avec lequel il devra vivre.

"Pas très désirable, une femme arrogante, n'est-ce pas ? Pour un homme, c'est un atout, mais pour nous, c'est une cage : une femme sûre d'elle est soit aigrie, soit une catin."

Dawsyn est née sur cette montagne, sur la Pointe, si proche du ciel qu’elle n’a jamais vu la terre.

Peut-être qu’elle est fatiguée.

Peut-être qu’il y a pire que de mourir.

Chaque fois, elle se demande si elle ne devrait pas simplement imiter sa mère, marcher sur la glace et se laisser glisser vers un trépas rapide. Ce serait mieux que de mourir de froid, plus doux que de mourir de faim, moins douloureux que de se faire dévorer.

Dawsyn serre l’un de ses poings derrière son dos. De l’autre main, elle se frotte le visage, soudain en colère. C’est toujours pareil avec ces hommes : de vrais animaux en cage. Dès qu’ils sont en chaleur, ils piétinent et donnent des coups de tête, comme des taureaux, et tout le sang quitte leur cerveau pour se concentrer dans leurs parties.

Et si, à chaque instant, il sait qu’il devrait arrêter, la laisser en paix, il sait aussi qu’il est absolument incapable de renoncer à elle.

Parce qu’elle est à lui.

Et qu’il est à elle.

Tu n'es pas née pour la Pointe, Dawsyn Sabar, dit-elle en étudiant sa main avec curiosité. A toi de décider ce pour quoi tu es née.

"Tout en toi me tente, jeune fille. Chaque millimètre. Tu peux te refuser à moi autant que tu veux, mais chaque partie de toi restera gravée au fer rouge dans ma mémoire."

"Je n'arrive pas à savoir si tu es un rêve ou une malédiction.

- Je ne peux pas être les deux ?

- De toute évidence, si

- Lequel des deux te tente le plus ? demande-t-elle tandis qu'elle franchit l'espace qui les sépare, puis fait glisser ses doigts le long du col de Ryon. C'est la première chose dont je te priverai la prochaine fois que tu me réduis à un surnom tel que "jeune fille".