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« Autrement, à la distance où je suis de vous, de même qu’à celle où vous êtes les uns des autres, toute existence apparaît sans aucune espèce de signification, sans aucune raison d’être d’aucune espèce. Chaque existence est un problème insoluble. Les voisins de palier rangés verticalement dans les immeubles, on se demande comment c’est possible et on fait partie des rangées.
Ce qui remplit le temps c’est vraiment de le perdre. »
Perdre le temps
Afficher en entierOn regrette toujours d'avoir jeté à un certain moment de sa vie. Mais si on ne jette pas, si on ne se sépare pas, si on veut garde le temps, on peut passer sa vie à ranger, à archiver la vie.
Afficher en entierEn une matinée de cinq heures, elle fait le petit déjeuner des enfants, elle les lave, elle les habille, elle nettoie sa maison, elle fait les lits, elle fait sa propre toilette, elle s’habille, elle va faire les courses, elle fait la cuisine, elle met la table, en vingt minutes elle fait manger les enfants, elle hurle contre, elle les ramène à l’école, elle fait la vaisselle, elle fait la lessive et le reste, et le reste. Peut-être, vers trois heures et demie, pourrait-elle, pendant une demi-heure, lire un journal
Afficher en entierOui, c’est difficile de parler de la sexualité, vraiment. Avant d’être un plombier, ou un écrivain ou un chauffeur de taxi ou un homme sans profession, ou un journaliste, les hommes sont avant tout des hommes, des hétérosexuels ou des homosexuels. La différence c’est qu’il y en a qui vous le rappellent dès qu’ils vous connaissent et d’autres un peu plus tard. Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup, beaucoup. Beaucoup les aimer pour les aimer. Sans cela, ce n’est pas possible, on ne peut pas les supporter
Afficher en entierJe crois que la conduite de l’homme en général, avec la femme, est une conduite brutale, d’autorité. Mais cette conduite ne prouve pas que l’homme soit brutal ou autoritaire, elle prouve que l’homme est ainsi dans le couple hétérosexuel. Parce que dans ce couple, il est mal à l’aise. Il joue un rôle parce qu’il s’y ennuie. Dans le couple hétérosexuel l’homme attend son heure disons comme ça, son heure personnelle.
Afficher en entierLa passion de l’homosexualité c’est l’homosexualité. Ce que l’homosexuel aime comme son amant, sa patrie, sa création, sa terre, ce n’est pas son amant, c’est l’homosexualité
Afficher en entierLes gens, de Peter Handke à Maurice Blanchot, ont cru que c’était contre les hommes face aux femmes, La Maladie de la mort. Si on veut. Mais je dis que si les hommes se sont intéressés à ce point à La Maladie de la mort, c’est qu’ils ont pressenti qu’il y avait là quelque chose en plus, et qui les concernait. Extraordinaire qu’ils aient vu. Mais aussi extraordinaire que certains n’aient pas vu que dans The Malady of death, il y a un homme parmi les hommes face aux hommes et au-delà, de façon très précise, il y a un homme face aux femmes seulement
Afficher en entierNon… ce n’était pas un Monet ni un Manet. C’était un Bonnard. C’était chez des gens à Berne, des grands collectionneurs de tableaux. Il y avait un tableau de Bonnard : c’est une barque avec la famille de cette femme. Il avait toujours voulu modifier la voile. A force d’insistance les gens lui ont permis de reprendre le tableau. Quand il l’a rendu, Bonnard a dit qu’il la considérait comme terminée. La voile avait tout envahi. Elle l’emporte maintenant sur la mer, sur les gens dans la barque, sur le ciel. Ça arrive dans un livre, à un tournant de phrase, vous changez le sujet du livre. Sans vous en apercevoir, vous levez les yeux vers votre fenêtre : le soir est là. Vous vous retrouvez le lendemain matin devant un autre livre. Les tableaux, les écrits ne se font pas en toute clarté. Et toujours les mots manquent pour le dire, toujours
Afficher en entierQuand on écrit, il y a comme un instinct qui joue. L’écrit est déjà là dans la nuit. Ecrire serait à l’extérieur de soi dans une confusion des temps : entre écrire et avoir écrit, entre avoir écrit et devoir écrire encore, entre savoir et ignorer ce qu’il en est, partir du sens plein, en être submergé et arriver jusqu’au non-sens. L’image du bloc noir au milieu du monde n’est pas hasardeuse
Afficher en entierJamais je n’ai reparlé de ça avec ma mère. Elle a cru, toute sa vie, que j’avais oublié. Elle m’avait dit : « N’y pense plus, jamais, jamais. » Longtemps j’y ai pensé comme à une chose terrible. Je ne l’ai racontée que beaucoup plus tard à des hommes en France. Mais je savais que ma mère n’avait jamais oublié ces jeux des enfants
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