Extraits

— Heureusement que tu n’es pas arrivée après 14 heures. (Une remarque qui prouvait son manque total de délicatesse : elle avait lu le mot de Deirdre sur mon bureau et ne s’en cachait pas.) Gavin te cherche.

— Oh, vraiment ?

J’allumai mon ordinateur.

— Je lui ai dit que, si besoin, j’étais disponible pour Deirdre, ajouta Emily.

Elle esquissa alors un joli sourire forcé, plutôt forcé que joli.

— Je peux toujours compter sur toi, Emily, maugréai-je en fixant mon écran pour faire fuir ma chère collègue. Ce doit être agréable de rester là à lire toute la journée.

Aucun doute, Emily a trouvé la planque : elle est critique littéraire pour EyeSpy. Elle me montra la couverture du Dernier Soupir des soupirants. L’illustration niaise représentait un homme vêtu d’un trench-coat et coiffé d’un Borsalino sur le pas d’une porte entrouverte. L’ombre de l’homme s’étendait sur les jambes d’une femme gisant au sol.

— Ce type a forcément grandi entouré de sœurs, déclara ma collègue en désignant le nom de l’auteur. Il comprend vraiment les femmes.

— C’est un roman policier.

— Et alors ? Les criminels ont des sœurs.

— Emily, si je te donne de l’argent, tu me fiches la paix ?