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Il est quand même bizarre ce pays, tout le monde se plaint, pourtant il suffit d’un peu d’argent pour que tout s’arrange. Et l’argent, quand on connaît les ficelles, je peux vous dire qu’il est facile à gagner. Attention, devenir riche n’est surtout pas le fruit du hasard ; il faut tout d’abord le décider, être très déterminé et défendre chèrement son bifteck. Leçon n° 1, ne jamais suivre le troupeau ; leçon n° 2, à placer en n° 1, ne jamais tomber dans le scrupule ; leçon n° 3, ne jamais faire confiance aux autres… jamais ; leçon 4, ne jamais écouter ceux qui parlent fort et haut, vous pouvez être certains qu’ils n’ont jamais rien réussi, ni même peut-être jamais rien tenter ; leçon n° 5, faire en sorte que les autres aient confiance en vous ; leçon n° 6, supprimer le mot scrupule de votre vocabulaire, être « sans » est chaudement recommandé (c’est déjà écrit plus haut, mais le scrupule, les états d’âme, sont les ennemis jurés de ceux qui veulent gagner beaucoup d’argent, alors il est très important de le rappeler) ; leçon n° 7, ne faire de cadeaux qu’à la seule condition de pouvoir au minimum tripler la mise ; leçon n° 8, rien n’est jamais acquis, alors prenez plusieurs longueurs d’avance et surtout pas de relâchement. Il y a d’autres leçons à connaître, mais pour savoir, il vous faut maintenant payer, voir la leçon n° 7.
De toute façon, pour qu’il y ait des riches, ne vous faites aucune illusion, il faut beaucoup, beaucoup de pauvres. Que des riches, ce n’est pas possible, alors choisissez votre camp. Certains disent qu’il faut trois à quatre cent mille pauvres pour faire un riche, peut-être… mais pauvre comment ? Et surtout, riche comment ? La pauvreté, la richesse, c’est très subjectif ? Je suis maintenant à peu près certain du camp que vous allez choisir, mais pour avoir une petite chance d’accéder aux plus hautes marches, suivez scrupuleusement mes conseils, et surtout ceux concernant les scrupules.
J’ai quitté la France à la fin de l’année 1999, alors que Lionel Jospin était Premier ministre de Jacques Chirac. Des gauchistes au pouvoir, c’est très mauvais pour les affaires. J’avais déjà trimé durant 14 ans sous l’ère François Mitterrand. Son successeur Jacques Chirac n’avait guère fait mieux, et presque pire pour les entreprises, et voilà que les Français remettaient le couvert avec Jospin. J’avais alors craqué et compris qu’il n’y avait plus d’espoir dans ce pays pour le moyen patron que j’étais. La ROMOTICK SA, c’était le nom de ma société, disposait de trois cent vingt employés. Nous fabriquions des systèmes automatisés destinés à la robotique domestique, et industrielle.
J’ai besoin de quelques mois pour organiser mon départ, vers de cieux plus cléments. Je ne fais pas ça en amateur, et prends conseil auprès d’un cabinet spécialisé. Un plan est mis au point et je m’y tiendrais. Pour éviter de me retrouver une nouvelle fois otage d’un autre gouvernement gauchiste, ça n’existe pas qu’en France, je décide de partager le pactole en trois. L’Espagne pour son absence de salaire minimum, et ses bonnes capacités ouvrières. L’Angleterre pour sa politique réaliste de la finance et sa bonne technologie. Il n’y a pas non plus de salaire minimum en Angleterre. J’installerai mon siège social en Irlande, les impôts pour les entreprises et les particuliers exilés comme moi y sont quasi inexistants, mieux encore, l’Europe me versera une prime conséquente d’installation.
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