Extraits

La plupart de ses amis disaient de lui qu'il était un hétérosexuel vivant dans le corps d'un homme gay, mais il avait pu constater qu'il y avait autant de tromperies entre petites amies et ex-maris ou petits amis. Cela n'avait rien à voir avec le fait d'être hétéro ou homo et tout avec le fait de baser sa relation sur des principes sains. Soit vous êtes fidèle et loyal, soit vous ne l'êtes pas. Et lui l'était ... Fin de l'histoire.

Eoin étreignit son homme. Quelques fois lorsque Jude le quittait au matin pour aller prendre son train, quelques fois… pendant juste une fraction de seconde… Eoin n’arrivait plus à respirer. Il était envahi par un sentiment d’anxiété, frappé par la terreur momentanée qu’un malheur allait s’abattre sur Jude et que la vie d’Eoin s’arrêterait brutalement. Cela arrivait de moins en moins souvent mais quand même… de temps en temps… Eoin aurait voulu courir après son compagnon pour le ramener de force, à l’abri dans leur petite maison de deux pièces à Oak Park.

Ils bougèrent ensemble dans un rythme maintenant familier et les yeux d’Eoin ne quittèrent pas ceux de Jude jusqu’à ce qu’il les ferme. Alors seulement Eoin laissa son regard errer sur tout son compagnon, de la ligne qui les unissait à sa peau parfaite et lisse, aux muscles qui ondulaient sur son estomac, sur l’œuvre d’art sculptée qu’était son buste et sur la façon dont il montait et descendait. Eoin entendit sa respiration laborieuse et le vit se cambrer, complètement à l’écoute des besoins de son corps. Le Gardien adora lorsque Jude cria son nom.

Jude entendit le halètement, sentit les doigts s’entortiller dans ses cheveux pour l’empêcher de bouger. Il agrippa le cul d’Eoin, l’exhortant à baiser sa bouche. Ce fut plus que ne put en supporter Eoin, plus que son esprit ne pouvait intégrer. Chaque partie de lui, chaque membre appartenait à son compagnon et avec le pouvoir que Jude avait sur lui, il ne voulait donner à Eoin que du plaisir. Il voulait seulement l’aimer. Les couilles d’Eoin se resserrèrent, un bourdonnant courant d’électricité partit de la base de sa colonne vertébrale et se précipita à travers lui, mettant le feu à son cœur, à son âme et à son esprit, tout en lui explosa dans la bouche de Jude.

Eoin ne pouvait penser à rien d’autre qu’à Jude, du fait qu’il était à sa merci et soumis à son désir. Cette pensée ne fit rien pour calmer son désir furieux. Alors qu’il se penchait pour embrasser son compagnon, il sentit Jude fondre sous lui, s’enfoncer dans le lit de ravissement. Eoin gémit dans la bouche de son compagnon avant de s’arracher de lui, le libérant, le soulevant pour démêler leurs bras et leurs jambes, de sorte qu’il puisse déshabiller Jude pour atteindre sa peau.

S’il n’avait pas été bâillonné, Jude aurait voulu lui dire ce qu’il pouvait faire de son ordre, mais parce que c’était impossible, il regarda l’homme dans les yeux. Jude fut ébloui mais finit par oublier pourquoi il était en colère après que le propriétaire des plus sombres, des plus beaux yeux qu’il n’ait jamais vus, le fixait. On aurait dit de l’onyx liquide et, comme il s’en était rendu compte la première fois, les yeux plus diablement sexys qu’il n’ait jamais vus. Le reste de son visage était tout simplement étourdissant. Il avait des pommettes saillantes, un long nez droit et une bouche sensuelle qui appelait les baisers. Ses lèvres étaient pleines et foncées et à les imaginer sur sa bite, Jude sentit des éclairs de chaleur parcourir son corps. Comme si l’homme pouvait lire dans ses pensées, il arqua un sourcil parfait en signe d’intérêt.

Un mois plus tôt, lorsqu’il avait donné son accord, cela ne lui avait pas semblé important d’être présent à cet évènement. Se retrouvant maintenant obligé d’y aller alors qu’il venait tout juste de se réveiller, il trouva difficile de prendre une douche et de s’habiller. Lorsqu’il émergea de la salle de bain, son chien le fixa attentivement. Comme il s’asseyait sur le canapé pour nouer ses Converse, Joe vint le renifler. La truffe humide se posa derrière son oreille, descendit le long de son cou et s’enfonça dans le col de sa chemise. Jude le repoussa parce que cela le chatouillait.

Jude pensa à sa propre mère, qu’il voulait qu’Eoin rencontre, la femme qui les aimait, lui et son frère, plus que tout au monde. Sa mère qui attendait avec impatience ses visites, qui lui faisait toujours les cookies qu’il adorait pour Noël et qui, lorsqu’il lui avait annoncé qu’il était gay à dix-huit ans, avait simplement accepté. Son père avait eu une réaction similaire. Être gay n’était pas la voie qu’il aurait choisie pour son fils, mais il n’avait pas cessé de l’aimer pour autant. Ses parents avaient simplement modifié leurs attentes quant à la personne qu’il ramènerait au dîner de Thanksgiving. L’amour de ses parents était inconditionnel et à l’idée qu’Eoin n’avait jamais connu cette expérience, Jude en eut mal au cœur.

Mais bien qu’il n’ait jamais été amoureux avant, Jude sut à cet instant que son cœur se brisait. Il n’avait jamais rien ressenti de tel, n’avait jamais eu aussi mal, n’avait jamais eu cette impression qu’un vent glacial le traversait, ni qu’un trou béant se formait dans sa poitrine.

La question ne se posait pas dans le sens de s’il voulait partir mais plutôt de quand. Un Gardien qui trouvait son compagnon, son cœur, ne pouvait plus servir de protecteur à un baron ou une baronne. Sans leurs compagnons, les Gardiens restaient stoïques et froids, ne pensant à rien d’autre qu’à protéger leurs maîtres. Une fois qu’ils avaient trouvé leur compagnon, ce qui arrivait environ une fois sur cent, la place du maître était remplacée par celle de leur compagnon, de leur cairn. Lorsqu’un Gardien avait trouvé son cœur, il était libéré de son service. Dans le cas d’Eoin, il ne pourrait plus consacrer sa vie à protéger Drelindah Holt, parce que tout en lui appartenait à Jude.