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Il est possible que la police ait répugné à l’intrusion d’un amateur, ou qu’elle se soit crue sur une bonne piste ; mais ce qui est certain, c’est que nous n’entendîmes pas parler d’elle durant les deux premiers jours. Pendant ce temps Holmes fuma beaucoup et médita longuement. Mais surtout il fit de grandes marches solitaires dans la campagne, sans m’en révéler le but. Une expérience me dévoila le fil de ses enquêtes. Il avait acheté une lampe qui était exactement semblable à celle qui avait éclairé la chambre de Mortimer Tregennis le matin de la tragédie. Il la remplit du même pétrole que celui dont on se servait à la cure, et il compta soigneusement le temps au bout duquel le pétrole était consommé. Il fit une autre expérience d’une nature beaucoup plus déplaisante ; je ne suis pas près de l’oublier.
Afficher en entierJe me doutais peu de la rapidité avec laquelle la prophétie de Holmes allait se réaliser, et moins encore de la nature du nouveau développement de l’affaire. J’étais en train de me raser à la fenêtre le lendemain matin, quand j’entendis un galop. Une charrette anglaise descendit la route à fond de train : elle s’arrêta devant notre porte ; notre ami le curé s’élança à terre et se précipita dans l’allée de notre jardin. Holmes était déjà habillé ; nous courûmes à sa rencontre.
Afficher en entierNous avions appris qu’il se trouvait dans la région, et nous avions une fois ou deux entrevu sa haute silhouette se découpant sur la lande. Il ne nous avait pas fait d’avances, toutefois, et nous ne lui en aurions jamais fait tant il était notoire que c’était par amour de la solitude qu’il passait, entre deux expéditions, la plus grande partie de son temps dans un petit bungalow enfoui dans le bois isolé de Beauchamps Arriance. Là, parmi ses livres et ses cartes, il menait une existence retirée ; il vaquait à ses propres besoins, et apparemment se souciait peu des affaires des voisins. Je fus donc surpris de l’entendre demander à Holmes d’une voix ardente s’il avait progressé dans l’explication de ce drame mystérieux.
Afficher en entier« Nous devons donc vérifier, dans la limite de nos possibilités, les faits et gestes de Mortimer Tregennis après qu’il eut quitté la pièce. Ses faits et gestes paraissent au-dessus de tout soupçon. Vous qui connaissez bien mes méthodes, vous avez compris que par le moyen de l’arrosoir renversé j’ai pu obtenir une empreinte très nette de son pied. Le sable mouillé de l’allée s’y est prêté à merveille. La soirée précédente avait été humide elle aussi, vous vous en souvenez, et il ne m’a pas été difficile, puisque j’avais un exemple de ses empreintes, de détecter sa trace parmi les autres et de la suivre. Il semble qu’il ait marché rapidement en direction de la cure.
Afficher en entier« Je crois, Watson, que je vais me remettre à ce tabac-poison que vous avez si fréquemment et si justement condamné. Avec votre permission, messieurs, nous rentrons maintenant chez nous, car je ne crois pas découvrir ici un nouvel élément intéressant. Je vais réfléchir aux faits, monsieur Tregennis, et le cas échéant, je me mettrai en rapport avec vous et le curé. En attendant, je vous souhaite à tous deux une bonne matinée. »
Afficher en entierLa matinée ne fit guère progresser notre enquête. Elle fut marquée, cependant, par un incident qui m’impressionna de façon sinistre. Pour parvenir au théâtre de la tragédie, nous avions emprunté un chemin étroit et à multiples virages comme il y en a beaucoup à la campagne. Nous entendîmes le fracas des roues d’une voiture qui se dirigeait vers nous, et nous nous rangeâmes pour la laisser passer. Quand elle fut à notre hauteur, j’aperçus à travers la vitre relevée une figure grimaçante, horriblement déformée, deux yeux fixes et des dents grinçantes : une vision de cauchemar.
Afficher en entier« Je pense à quelque chose, dit-il enfin. Pendant que nous étions assis autour de la table ; je tournais le dos à la fenêtre, et mon frère George qui était mon partenaire lui faisait face. Je l’ai vu une fois regarder fixement par-dessus mon épaule, si bien que je me suis retourné et que j’ai regardé moi aussi. Le store était levé et la fenêtre fermée : je ne voyais pas au-delà des buissons que la pelouse, et il m’a semblé que je distinguais quelque chose qui se déplaçait. Je serais incapable de préciser si c’était un homme ou u animal, mais j’ai cru qu’il y avait une présence. Je lui ai demandé ce qu’il y regardait, et m’a répondu qu’il avait eu la même impression que moi. C’est tout ce que je puis dire.
Afficher en entier– Oui, monsieur Holmes, bien que la cause de cette séparation remonte à un passé révolu. Nous étions une famille de mineurs d’étain à Redruth ; mais nous avons vendu notre entreprise à une société, et nous nous sommes retirés avec assez d’argent pour nos vieux jours. Je ne nierai pas que le partage de l’argent ait donné lieu à certains ressentiments qui se sont prolongé quelques temps, mais nous avions passé l’éponge, tout était oublié, et nous étions les meilleurs amis du monde.
Afficher en entierCelui-ci était resté silencieux, mais je remarquai que son excitation, bien que mieux contrôlée, était plus grande que l’émotion visible du clergyman. Il était assis, les traits tirés, pâle ; son regard anxieux était fixé sur Holmes ; il se tordait les mains convulsivement. Ses lèvres blanches tremblaient depuis qu’il avait entendu le récit de la terrible aventure qui s’était abattue sur sa famille, et ses yeux noirs semblaient refléter quelque chose de l’horreur de la scène.
Afficher en entierJ’ai dit que çà et là des tours indiquaient l’emplacement des villages qui étaient disséminés dans cette partie des Cornouailles. Le plus proche était le hameau de Tredannick Wollas, dont les maisons étaient rassemblées autour d’une vieille église moussue. Le curé de la paroisse, M. Roundhay, était vaguement archéologue, ce qui détermina Holmes à lier connaissance avec lui. C’était un homme majestueux mais affable, qui pouvait avoir une quarantaine d’années, et pour qui les environs n’avaient pas de secret. Il nous avait invités à prendre le thé à la cure, et là nous fûmes présentés à M. Mortimer Tregennis, gentleman indépendant, qui augmentait les maigres ressources du clergyman en louant un appartement dans sa vaste maison. Le curé était ravi de cet arrangement, bien qu’il eût peu de traits communs avec son locataire, lequel était maigre, brun, portait lunettes, et se tenait voûté comme quelqu’un qui est affligé d’une infirmité physique. Je me rappelle que ce jour-là, pendant notre brève visite à la cure, l’ecclésiastique nous parut bavard à côté de ce personnage réticent, triste, timide, et qui méditait selon toute apparence sur ces affaires personnelles.
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