Extraits

Il était plus âgé sans être vieux, cultivé sans être prétentieux, et avait de toute évidence un faible pour les femmes (ce dont Nelly devait prendre connaissance avec un certain malaise teinté de jalousie).

– J’ai toujours cru aux fins heureuses.

C’est la seule chose qui ne fasse aucun doute pour moi.

– Vous aimez les contes de fées…

– Vous ne croyez pas qu’un peu de magie fait du bien de temps en temps ?

Broadway Therapy de Peter Bogdanovich

Des couples d’amoureux, des couples d’amoureux partout, qui passaient devant les cafés et les restaurants en se promenant, main dans la main, ou échangeaient des regards langoureux autour d’un verre de vin rouge ! C’était affreux ! Insupportable ! Et comme si cela ne suffisait pas, il y avait, au bout de la rue Saint-Julien-le-Pauvre, non loin de la librairie Shakespeare un américain qui jouait de la guitare et chantait avec ardeur Come Fly with Me de Sinatra.

L’homme n’était pas destiné à voler, voilà tout, et le seul fait qu’il naisse avec des bras, et non des ailes, en témoignait. Des bras présentant l’avantage unique de pouvoir serrer quelqu’un contre soi – une étreinte qu’on n’avait encore jamais observée chez des oiseaux.

C’est ce qu’il y avait d’agréable quand on s’occupait manuellement – à la différence du travail intellectuel, on voyait tout de suite un résultat, et c’était extrêmement gratifiant.

La vie n’était vraiment pas juste, il ne fallait pas avoir étudié la philosophie pour le comprendre.

Il n’y a pas de vie au conditionnel ! Et cela ne sert à rien de rêver. Il faut agir, il faut simplement agir !

L’histoire du malheureux Docteur Jivago se trouvait côte à côte avec le roman sudiste qu’était Autant en emporte le vent – un pavé sûrement palpitant pour les jeunes filles de l’époque. Dessous, Nelly découvrit un exemplaire plutôt fatigué de Pas de printemps pour Marnie. Elle se souvenait très bien de ce livre dont le titre en italique imitait l’écriture manuscrite. Enfant, elle l’avait aperçu dans le salon de la maison de Locronan, sur un des rayons en bois foncé, et avait lu Mamie en déchiffrant trop vite la couverture. « Regarde, mamie, ça parle de toi ! »

Seulement, il arrivait parfois des choses dans la vie. Des choses comme une toux sévère et un chagrin d’amour plus sévère encore. Des choses comme une mystérieuse phrase dans un vieux livre. Sans compter le fait que la pluie tombant sans relâche sur Paris n’était vraiment plus supportable. Et soudain, on se retrouvait dans un compartiment du TGV, le soleil perçait les nuages, l’année ne faisait que commencer et tout paraissait possible.

Il était agréable de regarder par la fenêtre et de donner libre cours à ses pensées, sans être dérangé par le froissement des pages d’un journal ou les conversations d’inconnus. C’était précisément l’avantage d’un long trajet en train : il vous donnait le temps de réfléchir. On pouvait voir se succéder les paysages ou évoluer la météo. Voyager en sachant toujours où l’on se trouvait.