Extraits

Dans les entrailles du navire, tachées de sel et recouvertes de bernacles, des voix résonnèrent, aussi claires et lumineuses que l’aube. Des voix qui

évoquaient la course facétieuse du soleil sur les eaux turquoise. La légèreté

des mers chaudes du bout du monde. Le parfum exotique de la crème solaire mêlée de sel, porté par une douce brise. Une incitation familière à

oublier, qui imprégnait les peaux réchauffées par le soleil.

C’était un chant ancien. Antique, même. Un chant qui se transmettait à

travers les siècles. Un chant capable de troubler même le plus hardi des marins, de bercer et d’attirer le voyageur le plus réticent. Qui appelait avec insistance de quelque sombre profondeur et agitait le sang.

Les membres d’équipage demeurèrent silencieux un long moment ;

toutes les têtes étaient tournées en direction des voix, ensorcelées et séduites par la terrible beauté de la mélodie.

Enfin, le chant cessa. Dissimulées au plus profond de la coque oxydée, tourmentées et affamées, elles attendaient.