Commentaire de Rosalys

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La Cité des Abysses est le premier tome de la saga Le Cycle d'Ékysse, écrit par Ariane Bricard et édité chez les Éditions le Héron d'Argent. Au départ impressionnée par la couverture magnifique que l'éditrice m'avait montrée à la Foire du livre de Bruxelles, j'ai eu néanmoins une petite appréhension en ouvrant la première page. Pourquoi ? C'est le premier ouvrage que je lis d'une maison d'édition et je ressens à chaque fois cette petite peur de ne pas apprécier, bien qu'il y ait aussi d'autres sorties. Mais au final, j'ai été assez surprise de voir que ce roman a laissé une grande marque dans mon cœur. Merci à Vanessa pour cette opportunité et sa confiance.

Si je dois vous résumer le roman en quelques mots... Ékysse est une Cité établie sous l'eau sur la planète Thétys, prête à être colonisée par les humains. Istalle y emménage avec sa mère, Jade, peu rassurée de descendre sous l'eau même si c'est pour retrouver son compagnon, Orhi. Sauf qu'une énorme Catastrophe s'abat sur la Cité, détruisant Ékysse tout entière. Istalle échappe de peu à la mort, mais pas sans difficultés... Huit ans plus tard, alors que son père a été accusé d'une telle destruction, Istalle retourne sur Thétys pour découvrir la vérité... et innocenter Orhi Kyléon.

Je vous dis tout de suite : j'ai commencé ce livre sans lire le résumé. Du coup, au début, quand l'auteure nous plante son décor, ses protagonistes, ses idées innovantes et réfléchies, j'en suis venue à me demander : que nous réserve-t-elle pour la suite ? La fin d'un des premiers chapitres nous plonge sans transition dans ce désastre, au beau milieu d'un questionnement frustrant sur une découverte du père d'Istalle. Personnellement, je ne m'attendais pas à un tel drame dès le début du roman, j'ai dû relire au moins les deux premières pages du chapitre pour assimiler ce qu'il se déroulait. J'ai été prise de court, voire complètement choquée. En fait, je n'étais pas prête à assister à ce passage. Pour vous dire, cette partie de l'histoire m'a mis les larmes aux yeux et beaucoup de frissons parcouraient mon échine. Je ne peux que féliciter Ariane Bricard pour une performance pareille, dès le début de son histoire. Dans ces moments-là, nous ne sommes pas trop attachés aux personnages, le fond vient d'être posé alors il peut être facile de garder un lecteur indifférent...

Mais ça n'a pas été le cas pour moi.

La façon exubérante dont l'auteure nous transporte dans son monde nous tient en haleine bien que, seul gros défaut que je relève dans La Cité des Abysses, ça peut parfois être trop lent. Le roman se joue par un début et une fin forts en action et émotions. C'est impossible d'exprimer concrètement les sentiments qui nous assaillent durant ces pages tant la lecture prend une grande proportion. Mais, gros bémol, le milieu du livre est trop creux, à certains moments. Après, ce n'est que mon avis, ça ne doit pas vous empêcher de lire ce bouquin, je vous encourage même à vous le procurer puisque mis à part ce petit point négatif, ce roman est une pépite de science-fiction.

La protagoniste de l'histoire, Istalle, est parfois casse-trombone, bien que je ne qualifierais pas cela de défaut. Certaines personnes pourront l'apprécier. Néanmoins, le 3/4 du temps, j'avais envie de lui envoyer une gifle bien placée pour 1) remettre ses idées en place pour continuer à avancer et 2) calmer son comportement injuste envers un personnage que j'affectionne un petit peu. Par ailleurs, j'avoue avoir eu un petit faible pour Orhi et Tyde. Ces personnages émerveillés, passionnés et gentils... J'ai tout de suite été attirée par de tels individus, même s'il s'avère que le père d'Istalle a été déclaré coupable de la Catastrophe. J'avais envie au même stade qu'Istalle de prouver son innocence : je ne pouvais pas croire aux mensonges proférés à son égard. Par ailleurs, un protagoniste que je n'ai pas aimé au début mais que j'ai su apprécier à mesure que ma lecture se déroulait, c'est Maeror Nel. Une personne complexe, très complexe... On sent que quelque chose s'est brisée en lui, que ça ne date pas d'aujourd'hui et on ne cesse de se demander quoi. Nous avons envie de tout découvrir au plus vite... Aussi, j'ai trouvé l'intervention des « dauphins d'Ékysse » intéressante, bien que ça nous enferme dans d'intenses réflexions. Qui sont-ils ? Que font-ils sur les ruines d'Ékysse ? Pourquoi veulent-ils entrer en contact avec des gens ayant un lien quelconque avec la Catastrophe ? Tant de questions... et peu de réponses.

Sachez aussi que je vous un culte à Ariane Bricard pour une chose en particulier : sa capacité à rendre son récit prévisible tout en continuant à nous surprendre... Et oui, quel paradoxe, hein ? L'auteure n'a pas cessé de me laisser bouche bée alors que son intrigue principale ne contient pas énormément de suspense. Le peu de doute qui se place s'amoindrit davantage vers les 3/4 du livre... Mais même lorsque le lecteur comprend les choses, même quand on pense avoir surpassé l'auteure, du genre « ouais j'ai deviné ton intrigue », on se rend bien vite compte que c'était fait exprès. La bombe Bricard explose. Les larmes montent aux yeux. On veut rentrer dans le bouquin, on veut le balancer, on veut tout sauf continuer la terrible réalité. Mais nos yeux ne peuvent s'en empêcher alors on lit, on lit et on lit encore. Et croyez-moi, c'est bon tout en restant destructeur. Encore actuellement, plusieurs jours après, j'ai du mal à m'en remettre et j'espère sincèrement que ce roman aura le succès qu'il mérite. J'ai été éblouie par ce roman des Éditions le Héron d'Argent mais également le premier récit signé Ariane Bricard. Personnellement, j'en redemande, j'en veux encore. Vivement la suite !

Grosso modo, si vous êtes un fan de science-fiction, saupoudrée d'un brin de fantastique et de drame, au goût amer et frustrant mais qui pourtant est si bon, je vous conseille de vous PLONGER à Ékysse. Aventure palpitante, enquête interminable et découvertes étonnantes sont au rendez-vous ! J'espère pour vous que vous n'avez pas peur de l'eau...