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D’où lui venait cette irrésistible impulsion, ce désir parfois frénétique ? Elle se sentait poussée par une volonté extérieure à elle-même. Elle avait fui auparavant la mort sanglante et le feu, la fin de son monde. Mais aujourd’hui… aujourd’hui, pourquoi avançait-elle ?
Car ils avançaient au sein d’une nature déchaînée. Les îlots sur lesquels ils tentaient de camper n’étaient que des cloaques de boue et d’herbes détrempées. Jamais ils ne trouvaient de véritable abri. Le sommeil n’offrait qu’un bref répit à cet épuisement qui faisait de leur corps entier une immense plaie. Pourtant, à chaque aube nouvelle, Kadiya montrait la même ardeur à poursuivre ce voyage au péril de sa vie.
La tempête les préservait toutefois de certains dangers, de la menace des voors, ces terribles rapaces, ou des xannas aux ventouses mortelles. Sous la violence des crues, même les plantes traîtresses avaient replié leurs armes et gisaient immobiles.
Le septième jour, ils atteignirent l’extrémité de la rivière. Il ne restait plus que leur embarcation pour accoster sur cette berge, gluante de boue, mais, du moins, dépourvue d’épines.
Afficher en entierD’où lui venait cette irrésistible impulsion, ce désir parfois frénétique ? Elle se sentait poussée par une volonté extérieure à elle-même. Elle avait fui auparavant la mort sanglante et le feu, la fin de son monde. Mais aujourd’hui… aujourd’hui, pourquoi avançait-elle ?
Car ils avançaient au sein d’une nature déchaînée. Les îlots sur lesquels ils tentaient de camper n’étaient que des cloaques de boue et d’herbes détrempées. Jamais ils ne trouvaient de véritable abri. Le sommeil n’offrait qu’un bref répit à cet épuisement qui faisait de leur corps entier une immense plaie. Pourtant, à chaque aube nouvelle, Kadiya montrait la même ardeur à poursuivre ce voyage au péril de sa vie.
La tempête les préservait toutefois de certains dangers, de la menace des voors, ces terribles rapaces, ou des xannas aux ventouses mortelles. Sous la violence des crues, même les plantes traîtresses avaient replié leurs armes et gisaient immobiles.
Le septième jour, ils atteignirent l’extrémité de la rivière. Il ne restait plus que leur embarcation pour accoster sur cette berge, gluante de boue, mais, du moins, dépourvue d’épines.
Afficher en entierD’où lui venait cette irrésistible impulsion, ce désir parfois frénétique ? Elle se sentait poussée par une volonté extérieure à elle-même. Elle avait fui auparavant la mort sanglante et le feu, la fin de son monde. Mais aujourd’hui… aujourd’hui, pourquoi avançait-elle ?
Car ils avançaient au sein d’une nature déchaînée. Les îlots sur lesquels ils tentaient de camper n’étaient que des cloaques de boue et d’herbes détrempées. Jamais ils ne trouvaient de véritable abri. Le sommeil n’offrait qu’un bref répit à cet épuisement qui faisait de leur corps entier une immense plaie. Pourtant, à chaque aube nouvelle, Kadiya montrait la même ardeur à poursuivre ce voyage au péril de sa vie.
La tempête les préservait toutefois de certains dangers, de la menace des voors, ces terribles rapaces, ou des xannas aux ventouses mortelles. Sous la violence des crues, même les plantes traîtresses avaient replié leurs armes et gisaient immobiles.
Le septième jour, ils atteignirent l’extrémité de la rivière. Il ne restait plus que leur embarcation pour accoster sur cette berge, gluante de boue, mais, du moins, dépourvue d’épines.
Afficher en entierLa pluie cinglait les marais. Les cours d’eau débordaient, roulant des torrents de boue, charriant des masses énormes d’arbres déracinés et de buissons arrachés. Les herbes se tordaient dans l’eau, telles des serpents, et les serpents pris dans les joncs expiraient, le ventre à l’air. Les fragments d’épaves entraînés par des tourbillons violents menaçaient dangereusement les embarcations qui prétendaient remonter le courant. Le fracas du vent, de la pluie et de l’eau couvraient tout autre son.
Malgré tous ces périls, les peuples des marais osaient, pour une fois, affronter la fureur sauvage des eaux. Pour défendre leur monde de la sauvagerie, les clans s’étaient alliés aux clans, les tribus aux tribus. Une armée avait surgi des bourbiers.
La bataille avait été d’une violence inouïe, telle que nul n’en avait jamais entendu parler de pareille. Le Mal avait frappé avec une puissance de feu et de sorcellerie jusque-là jamais vues, avant de connaître les cendres fumantes de la défaite. Ceux qui s’engageaient maintenant sur les chenaux et les rivières n’avaient alors qu’un seul désir : tourner le dos aux champs de bataille et regagner leur foyer. Ils avaient remporté la victoire, mais l’image des combats planait encore sur eux comme un sombre nuage.
Afficher en entierLa foudre, obéissant au Pouvoir d’Orogastus, réduisit à néant les forteresses qui gardaient l’unique passe, dans les montagnes. Puis, guidés par un traître, rapides et silencieux comme le serpent qui attaque, les Labornokis s’emparèrent de la grande Citadelle.
Le roi Krain et les seigneurs qui survécurent à cette bataille furent condamnés à mort par Voltrik et succombèrent dans d’affreuses souffrances. La Reine tomba sous les coups d’épées de ceux qui avaient juré de décimer toutes les femmes de sang royal, une prophétie annonçant que c’est par elles que les envahisseurs seraient terrassés à leur tour. Seules les trois Princesses réussirent à s’échapper, chacune grâce à son talisman, mais chacune de son côté.
Grâce au pouvoir magique de Binah (que l’âge avait malheureusement affaiblie sans quoi aucun Labornoki n’aurait pu mettre pied sur le sol ruwendien), Haramis fut enlevée sur les ailes d’un gigantesque gypaète qui l’emporta vers le Nord. Kadiya, guidée par un chasseur, un Singulier qui lui enseignait depuis longtemps déjà tous les chemins secrets de ce pays des eaux, s’enfuit dans les marais par un ancien passage. Anigel, accompagnée d’Immu, une vieille Uisgu maîtresse dans l’art des plantes, s’échappa en se dissimulant dans des convois ennemis et gagna Trevista, la cité des eaux.
Afficher en entierCeux qui les ramassaient s’appelaient les Singuliers. Ces tribus aborigènes qui habitaient les marais avant l’arrivée des Ruwendiens vivaient en bonne entente avec eux. Nul ne cherchait querelle à l’autre, chacun respectait le territoire d’autrui. Les Singuliers se subdivisaient en deux races : les Nyssomus, relativement sociables et dont certains travaillaient même dans la Citadelle du Roi ; et les Uisgus, beaucoup plus farouches, qui se cantonnaient dans les marais inexplorés, à l’extrême ouest du pays. Les Uisgus ne proposaient jamais leurs marchandises directement aux marchands habilités ; ils passaient toujours par l’intermédiaire des Nyssomus. Tous se retrouvaient généralement dans les vastes ruines de la cité de Trevista, facilement accessible par bateau et ce même pour les plus éloignés.
Afficher en entierElles étaient trois, les trois filles du Trillium Noir. Dans l’éclat de leur maturité, elles deviendraient Haramis, la Magicienne ; Kadiya, la Guerrière Errante ; et Anigel, la Reine.
Nées d’un seul et même enfantement (fait, en soi, étrange et sans précédent), elles virent le jour sous les auspices de l’Archimage Binah, Grande Gardienne des Terres, qui salua leur venue en ce monde et leur attribua leurs noms. La Grande Magicienne prophétisa qu’elles seraient, un jour, l’espoir et les sauveurs de leur peuple. Puis elle fit don à chacune d’elles d’une amulette d’ambre recelant un minuscule bouton du légendaire Trillium Noir, emblème de leur nation et de leur clan royal.
Bien qu’habité par des humains depuis des générations, le Ruwenda, qui les vit naître, restait un pays de mystères. Les marais le recouvraient presque entièrement, hormis quelques îlots de terre ferme, souvent couverts de ruines, vestiges d’antiques cités. Le Roi vivait dans la Citadelle, rare témoignage des temps anciens encore bien préservé.
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