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CORNICHON - Frédérique Deghelt -
(...) son espace sonore en fait un mot parfaitement subtil. Il a une existence acoustique hors norme. Il est une déclaration insolite avant que d’être le fiancé des viandes froides. Qui aurait pu à la fois être fruit, se déguster dans l’aigritude du vinaigre et se déclarer corps et nichon ? Il évoque la chair douce alors même que sa saveur convoque un rictus (...)
A l’âge où lire n’existe pas encore, les mots sont d’abord une oralité tandis qu’on vous apprend ce que nommer les choses veut dire. Cornichon était donc un mot pour rire alors que le déguster faisait plutôt grimacer. J’aimais qu’il soit double, qu’il parle d’autre chose que ce que l’on mangeait. Je m’appliquais à bien le prononcer pour que les adultes entendent son ambiguïté. Mais ça n’avait pas l’air de fonctionner. Ils connaissaient l’orthographe, leurs oreilles s’étaient désormais bouchées.
Afficher en entierAIR - Didier Pourquery -
Sans air on meurt. Sans airs, j’étouffe. Il me faut de l’air dans les poumons et des airs plein la tête. De l’air, des airs. Mon grand-père roulait les R. Les airs ? Sa voix chantait comme l’air dans les pins et les airs de veillées de Gascogne. L’air est double. Le mot est aussi une lettre. L’air s’envole, l’R le retient. Je retiens l’air, je l’ai en mémoire, il flotte comme un souffle. L’air est toujours musical, c’est l’aria, la mélodie, harmonie qui vient de l’inspiration et part dans les cintres, projetée par le souffle.
Afficher en entierÉPHÉMÈRE - Valérie Zenatti -
(...) j’ai su ce jour qui devait être proche de mes dix ans que je venais de vivre mon premier coup de foudre avec un mot, qu’il contenait de quoi m’accompagner, me réconforter, car si l’on pouvait dire une joie éphémère, il était possible de dire également une douleur éphémère, et la beauté sonore de l’adjectif adoucissait déjà cette douleur.
Afficher en entierSAPERLIPOPETTE - Jerôme Meimoz -
Quelle perfection sonore, quelle subtile acrobatie de consonnes et de voyelles ! Quel joyeux vocable qui évoque la liberté des tréteaux, les bagarres de Guignol, la stupéfaction rieuse devant un imprévu. Ce mot vous met en joie, rien qu’à le dire ou à l’entendre, il dédramatise toute embrouille, ensoleille tout échange. La langue s’y donne comme un jeu d’enfant.
Saperlipopette !
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