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L’un des deux adversaires qui étaient en moi triomphait et s’irritait à la fois quand l’autre commettait une erreur ou manquait d’astuce.
Afficher en entier"[...] Et puis n'est-ce pas bigrement facile, au fond, de se prendre pour un grand homme lorsque l'on n'a jamais entendu parler de l’existence d'un Rembrandt, d'un Beethoven, d'un Dante ou d'un Napoléon ? Dans son cerveau obtus, ce type ne sait qu'une chose : depuis des mois, il n'a pas perdu une seule partie d'échecs, et comme il ne soupçonne pas qu'il y a sur cette terre d'autres valeurs que les échecs et l'argent, il a toutes les raisons de se trouver formidable."
Afficher en entierLa transposition était parfaite ; j'avais projeté l'échiquier dans mon esprit avec toutes ses pièces, et les simples formules me suffisaient pour voir chaque position, comme un simple regard sur la partition suffit à un musicien expérimenté pour entendre chacune des voix, ainsi que l'harmonie de l'ensemble. Avec quinze jours de plus, je fus capable de rejouer sans aucun effort, par cœur-ou, comme on dit dans le métier, à l'aveugle-, toutes les parties du manuel ; alors seulement je me rendis compte quel inépuisable bienfait m'avait obtenu mon impudent larcin. Car d'un seul coup, j'avais de quoi m'occuper-une occupation absurde, gratuite je vous l'accorde, mais qui abolissait ce néant autour de moi ; avec ces cent cinquante parties de maîtres, je possédais une arme merveilleuse contre l'accablante monotonie de l'espace et du temps.
Afficher en entierMais même les pensées, pourtant si dénuées de chair, ont besoin d'un point d'ancrage, sans quoi elles se mettent à tournoyer et à tourner absurdement sur elles-même ; pas plus que le corps, elles ne souffrent le néant.
Afficher en entierA peine avais-je joué avec les blancs que les noirs se dressaient devant moi, frémissants. A peine une partie était-elle finie qu’une moitié de moi-même recommençait à défier l’autre, car je portais toujours en moi un vaincu qui réclamait sa revanche
Afficher en entier« Je pourrais dis-je fabriquer ici, dans ma cellule, une espèce d'échiquier et essayer ensuite de jouer ces parties. Grâce au ciel, je m'avisai que mon drap de lit était grossièrement quadrillé. Plié avec soin, il finit par faire un damier de soixante-quatre cases. Je cachai alors le livre sous le matelas, après en avoir arraché les premières pages. Je prélevai peu de mie sur ma ration de pain et l'y modelai des pièces, un roi, une reine, un fou et toutes les autres ; elles étaient informes mais je parvins, non sans peine, à reproduire sur mon drap de lit quadrillé les positions que représentait le manuel [...] »
Afficher en entierIl est bien connu que rien ne terrasse autant l'âme humaine que le néant.
Afficher en entierOn ne nous faisait rien - on nous laissait seulement en face du néant, car il est notoire qu'aucune chose au monde n'oppresse davantage l'âme humaine.
Afficher en entierLe plaisir de jouer était devenu une forte envie de jouer, cette envie un besoin, une manie, une frénésie enragée qui envahissait non seulement chaque heure de la journée, mais aussi peu à peu mon sommeil.
Afficher en entierEt puis, n'est-ce pas bigrement facile, au fond, de se prendre pour un grand homme lorsque l'on a jamais entendu parler de l'existence d'un Rembrandt, d'un Beethoven, d'un Dante ou d'un Napoléon ? Dans son cerveau obtus, ce type ne sait qu'une chose : depuis des mois, il n'a pas perdu une seule partie d'échecs, et comme il ne soupçonne pas qu'il y a sur terre d'autres valeurs que les échecs et l'argent, il a toutes les raisons de se trouver formidable.
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