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Ces découvertes, en tout cas, m’ont conduite à proposer à Arte un nouveau documentaire, intitulé Le Monde selon Monsanto, dont l’enquête constitue la base de ce livre. L’idée était de raconter l’histoire de la multinationale et de chercher à comprendre dans quelle mesure son passé pouvait éclairer ses pratiques actuelles et ce qu’elle prétend être aujourd’hui. En effet, avec 17 500 salariés, un chiffre d’affaires de 7,5 milliards de dollars en 2007 (dont un milliard de bénéfices) et une implantation dans quarante-six pays, l’entreprise de Saint Louis affirme s’être convertie aux vertus du développement durable, qu’elle entend promouvoir grâce à la commercialisation de semences transgéniques censées faire reculer les limites des écosystèmes pour le bien de l’humanité.
Afficher en entierÀ peine rentrée de New Delhi, je me suis ruée sur mon ordinateur et j’ai tapé « Monsanto » dans mon moteur de recherche préféré. J’ai découvert plus de 7 millions de références, dessinant le portrait d’une entreprise qui, loin de faire l’unanimité, est considérée comme l’une des plus controversées de l’ère industrielle. De fait, si l’on ajoutait à « Monsanto » le mot « pollution » – qui s’écrit de la même manière en anglais et en français – on obtenait 343 000 occurrences… Avec « criminal » – mot à la fois anglais et espagnol –, le nombre était de 165 000. Pour « corruption », il était de 129 000; et si l’on tapait « Monsanto falsified scientific data » (Monsanto a manipulé des données scientifiques), on avait 115 000 réponses…
Afficher en entierÀ l’époque, je réalise deux documentaires pour la chaîne de télévision franco-allemande Arte, dans le cadre d’une soirée « Thema » consacrée à la biodiversité, intitulée « Main basse sur la nature »1 Dans le premier, Les Pirates du vivant2, je raconte comment l’avènement des techniques de manipulation génétique a provoqué une véritable course aux gènes, où les géants de la biotechnologie n’hésitent pas à s’emparer des ressources naturelles des pays en voie de développement par une utilisation abusive du système des brevets. C’est ainsi qu’un agriculteur du Colorado, qui se présente comme un « électron libre », a décroché un brevet sur le haricot jaune, cultivé au Mexique depuis la nuit des temps: prétendant en être l’ « inventeur » américain, il réclame des royalties à tous les paysans mexicains qui désirent exporter leurs récoltes vers les États-Unis. C’est ainsi aussi qu’une firme américaine, du nom de Monsanto, a obtenu un brevet européen sur une variété indienne de blé utilisée pour fabriquer les célèbres « chapatis » (pains indiens sans levain)…
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