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Après des débuts chaotiques, le couple que formaient Lucile et Louis était un modèle d’harmonie, soudé par un amour qui éclatait, sans retenue, au grand jour.
Ni Maria ni Martha les jumelles, ni Antonia leur cadette, les filles de son fils, ni Jean-Louis son premier et seul petit-fils, pas même la mignonne petite Florence qui se hissait, câline, sur les genoux de l’aïeul, ne furent assez convaincants pour retenir leur gentil papé Toine.
Afficher en entierAlors oui, Louis Thérond était en droit de se réjouir, il parvenait enfin à faire vivre décemment sa famille qui allait encore s’agrandir pour son plus grand bonheur. Il l’avait deviné avant que Lucile ne lui fasse part de ses espérances.
– N’avez-vous pas quelque chose à me dire, chère madame Thérond ? À moins que ma belle épouse ne se plaise à faire des cachotteries…
– Tu as deviné, Louis ? Un sixième sens ?
– Celui de l’observation, ma tendre chérie. Tu resplendis à chacune de tes grossesses, c’est un signe, non ?
C’était un signe, en effet, que la jeune femme ne pouvait réfuter. Si sa première grossesse, particulièrement perturbée, ne s’était pas déroulée dans la plénitude souhaitée, il avait suffi que le petit Jean-Louis pousse son premier cri pour que son instinct maternel éclose pleinement, en même temps que se révélait une femme nouvelle et profondément
I.
Importune rencontre
Le siècle nouveau, espérance de vie meilleure pour les plus humbles, promesse d’opulence pérenne pour les nantis, avait débuté sous les meilleurs auspices pour le jeune couple Thérond, en charge de l’exploitation du moulin du Prieuré.
Les raisons étaient multiples au fait que Louis et Lucile qui comptabilisaient dix ans de mariage – dix années de totale félicité – abordent l’année 1905, avec sérénité.
De novembre à février, chaque année, le moulinier et sa femme devaient faire face à l’afflux des producteurs, les récoltes d’olives étant en nette progression tout autant que croissaient la confiance et la renommée du moulin.
La plaine de Vézénobres comptait encore quelques patriarches égrotants dont la mémoire cependant restait vive et qui se souvenaient de l’activité du prieuré avant la guerre de 1870 ; ils ne se privaient pas de commenter sa surprenante résurrection.
– Le gendre du païre1, c’est pas un paresseux ! Tout nu et tout cru, qu’il est descendu de sa montagne, mais un gars courageux, ça se respecte.
– C’est l’ancêtre, le vieux Grasset, qui doit se frotter les mains dans sa tombe ! Té, un moulin à l’abandon…
– Dis, tu exagères !
– Bon, je te le concède, un moulin qui vivotait depuis plus d’un demi-siècle et qui, tel un phénix, renaît de ses cendres, on n’en voit pas tous les jours.
Alors oui, Louis Thérond était en droit de se réjouir, il parvenait enfin à faire vivre décemment sa famille qui allait encore s’agrandir pour son plus grand bonheur. Il l’avait deviné avant que Lucile ne lui fasse part de ses espérances.
– N’avez-vous pas quelque chose à me dire, chère madame Thérond ? À moins que ma belle épouse ne se plaise à faire des cachotteries…
– Tu as deviné, Louis ? Un sixième sens ?
– Celui de l’observation, ma tendre chérie. Tu resplendis à chacune de tes grossesses, c’est un signe, non ?
C’était un signe, en effet, que la jeune femme ne pouvait réfuter. Si sa première grossesse, particulièrement perturbée, ne s’était pas déroulée dans la plénitude souhaitée, il avait suffi que le petit Jean-Louis pousse son premier cri pour que son instinct maternel éclose pleinement, en même temps que se révélait une femme nouvelle et profondément amoureuse.
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