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Liste des extraits

Fred n'a pas tort. Lui-même porte Azur comme s'il ne pesait rien. Ce n'est pas Manon et ses cinquante kilos qui vont me déranger. Et puis je commence à avoir l'habitude de la transporter dans un état végétatif.

Manon, la fille légume.

Pourtant, je tiens vraiment à elle. C'est con la vie, hein?

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J'étais tombée amoureuse d'un délinquant qui assommait les policiers, jurait comme un charretier et fraudait dans le métro. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

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— Qu’est-ce qui s’est passé hier ?

— Ah, tu n’es pas au courant ? Il est beau, le Grand Mage du Conseil des Trouducs. Une Ombre l’a de nouveau agressée, voilà ce qui s’est passé. Alors elle et moi, on se met au vert. Je l'emmène à l’abri, dans un endroit où on pourra vivre notre amour tranquilles sans un père parano pour m’effacer la mémoire parce que je ne suis pas le gendre idéal.

— Alexandre ... gronde l’homme.

— Allez, je raccroche. Je voulais juste te rassurer, te dire qu’elle va bien, qu’elle te donnera bientôt des nouvelles. Mais elle ne rentrera pas ce soir. Elle est avec moi maintenant. Bisou, beau-papa.

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-Jordan, si je te libère, tu promets de ne plus agresser Alexandre?

J'observe l'Américain d'un air goguenard. Il me foudroie du regard, furieux. Finalement, il hoche la tête.

-Tant que tu es à moi, darling. Tu verras que je suis quelqu'un de très compréhensif.

-T'as vraiment des méthodes de drague de merde...

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Manon (à propos d'Alexandre]

Je réalisai que je ne parviendrais jamais à le comprendre. Et je réalisai aussi que ça n'avait aucune importance, que c'était ainsi qu'il me plaisait.

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— Je suis un monstre, murmure-t-elle.

— Ouais, non, je ne pense pas. On s’en fout, en fait. Allez, viens, on doit partir.

D’accord, elle attendait une autre réponse. Qu’est-ce qu'elle veut que je lui dise ? Par sa seule présence, elle parvient à saper l’énergie des gens. J’appelle ça un monstre.

Un monstre dont je suis ... euh, qui compte énormément pour moi.

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ALEXANDRE

Gris.

Tout est gris autour de moi.

Le lycée pourri, avec ses murs de béton et ses tags mal effacés.

Le ciel bas et lourd, chargé de nuages menaçants. Les pigeons qui se battent pour un reste de barre chocolatée. Gris.

Ça correspond bien à mon humeur. Je traîne les pieds dans les couloirs, presque surpris d'y trouver des élèves. J'ai pris la peine d'arriver tôt ce matin, avant la sonnerie. Ça ne me ressemble pas.

Pour une fille.

Ça non plus, ça ne me ressemble pas.

Lorsque je rentre en cours, j'aperçois tout de suite Éloïse dans un coin, ses cernes, sa maigreur, son bouquin de maths. Pas de trace de Manon.

Je m'installe et ressors mon portable pour relire son dernier texto, au cas où il aurait changé depuis hier soir. Les mêmes caractères s'affichent sur l'écran de mon iPhone.

Gris, eux aussi.

Je bloque ton numéro. Adieu.

Marrant, je n'avais pas imaginé la suite de notre relation comme ça. Quand on s'est séparés hier, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Elle avait pris confiance en elle, maîtrisé une partie de ses pouvoirs. Surtout, elle savait embrasser.

OK, les filles sont parfois difficiles à comprendre, mais on ne peut pas cacher la passion dans un baiser.

Enfin, je crois.

- Hé, t'es super matinal !

Azur se laisse tomber derrière son bureau et retire ses écouteurs.

- Ça y est, maintenant que t'es avec Manon, tu te la joues sérieux ?

Il a beau ricaner, je sens une pointe d'inquiétude dans sa voix. Depuis le début, il se méfie de cette fille. Il a l'impression qu'elle me retourne le cerveau - il ne réalise pas à quel point.

- Rien à voir, c'est juste mon père qui me surveille grave en ce moment. Pour Manon, c'est...

Je parviens à sourire plus facilement que je ne le pensais. Quelle importance, après tout ?

- Pour Manon, c'est fini. Qu'est-ce que tu croyais ? Qu'on se marierait et qu'on aurait trois gosses ? Je te rappelle que c'était un pari.

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Il me lança des sous-vêtements en boule, un tee-shirt et un jean.

— Tiens, mets ça, ce sont des affaires de Sandra.

— Ça ne m’ira jamais.

— Mais si, elle est un peu plus grande, t’es un peu plus large, ça va passer.

Je restai muette, le jean dans la main. Si je m’écoutais ... Une simple plongée dans le Bleu et je le projetterais contre un mur. On verrait s’il continuait à faire le malin.

Je n’étais pas large, j’avais des formes. C’était Sandra l’anorexique.

— Tu peux te retourner ? me contentai-je de dire d’une voix sucrée.

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Manon est effondrée sur le côté. Je rampe jusqu’à elle et pose ma main sur son épaule.

Elle dort. Ses longs cheveux dénoués enveloppent son visage tel un suaire. Elle est pâle sous la pâle lueur, pâle et pâlissante, comme une princesse qui s’est piqué le doigt sur un fuseau maudit. Voilà pourquoi je ne ferai jamais de couture.

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Je te rappelle qu’on est censées être amies, BFF, Best Fucking Friend, ça te dit quelque chose ?

— Best Friends Forever, corrigeai-je machinalement.

— Je préfère ma version !

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