Ajouter un extrait
Liste des extraits
En juillet, le constructeur avait révélé un problème dans les procédures de certification des voitures sorties des chaînes de montage japonaises. Une broutille qui n’aurait concerné que
1 205 véhicules. Pour Nissan, fin septembre, l’affaire est close. Elle ne fait en réalité que commencer. Les inspecteurs du ministère des Transports qui ont effectué des visites de contrôle dans les usines du groupe ont découvert le pot aux roses. Chez Nissan, on prend carrément à la légère la certification, le kanken. Le ministère découvre que des employés lambda se servent des hanko, tampons officiels en principe réservés à des salariés dûment habilités, ou que les candidats à l’examen pour devenir inspecteurs dans la chaîne de contrôle qualité connaissent à l’avance les réponses aux questions qui leur sont posées. Pis, les dossiers transmis à l’administration ont été falsifiés pour que ce petit arrangement avec les règles puisse continuer. Pendant des années et même des décennies. La honte.
Au pays de l’industrie « zéro défaut », l’émotion est immense. Début octobre, Nissan doit rappeler plus d’un million de voitures, c’est-à-dire toutes celles qu’il a vendues dans l’archipel depuis 2014. Une semaine plus tard, il prend la décision la plus douloureuse possible pour un constructeur automobile : il arrête toutes ses usines pendant quinze jours. Cette affaire va coûter cher
Afficher en entier17 novembre 2018, Beyrouth
« Regarde-moi ! J’ai perdu six kilos ! » Carlos Ghosn se lève devant son ami, il se tourne fièrement. « J’ai 64 ans, il faut que je vive ! Il faut que je profite des dix ans qui viennent. »
Ghosn est radieux. Son humeur se lit toujours à livre ouvert sur son visage d’une extraordinaire plasticité. Un instant son expression est concentrée, déterminée, le suivant elle est revêche, hostile, celui d’après encore, enthousiaste, exaltée. Toujours intense. Ici, au Liban, ses traits sont détendus. Il souffle, comme on le fait en rentrant chez soi.
Il éprouve maintenant ce sentiment, nouveau pour un homme qui a adoré vivre une vie de nomade planétaire, à laquelle il ne renoncerait d’ailleurs pour rien au monde. Mais Beyrouth n’est plus seulement sa ville d’enfance. C’est chez lui. Carole et lui ont pu s’installer avant l’été dans la grande maison rose du quartier chrétien, dont la rénovation a pris plusieurs années. Elle est splendide. Depuis, il vient chaque fois que possible. Cet automne, il a déjà fait sept ou huit fois le voyage. Bientôt, il aura ici un bureau. Beyrouth sera son camp de base, un petit mois par an.
Afficher en entier