Extraits

Celui qui porte les chaînes est mille fois plus grand que celui qui l'entrave.

<<Eadaz, dit Aralaq.

-Oui ?

-Ne suis plus jamais des oiseaux stupides dans des endroits sombres.>>

- Suis-je le seul à être hanté ? Tout ce que j'ai fait -- tout ce que j'étais -- tout ce que je suis, c'est à cause de lui. Il était déjà quelqu'un avant moi. Je ne suis personne sans lui.

Mais en vérité... je ne trouve pas juste que l'avenir d'un pays repose sur le fait d'avoir des enfants. Une femme n'est pas qu'un utérus à ensemencer. J'irai plus loin dans cette Grande Réforme. Peut-être jusqu'à ébranler les fondations mêmes de la succession.

Il lécha longuement le visage d'Ead, lui déconseilla de se précipiter au-devant de fléchettes empoisonnées à l'avenir (« Oui, Aralaq, j'aurais dû y penser plus tôt ») et passa le reste de la journée blotti contre elle telle une couverture de fourrure.

Il avait entendu parler des lumières célestes de Hróth, mais jamais il n'aurait cru assister à une version sous-marine de ce spectacle.

« V'savez, m'seigneur », murmura Harlowe, toutes ces lumières scintillant dans ses yeux, « la beauté est partout. »

Après son départ, Ead se lova contre la fourrure chaude d'Aralaq, perdue dans un amas de pensées.

« Eadaz, dit Aralaq.

- Oui ?

- Ne suis plus jamais des oiseaux stupides dans des endroits sombres. »

Il se prit la tête à deux mains. Avec la mort de Jannart, il avait perdu la moitié de lui-même. La moitié qui méritait de vivre. Il ferma les yeux, les tempes palpitantes, la poitrine serrée - et lorsqu'il sombra dans un sommeil agité, il rêva de la chambre tout en haut du palais de Brygstad.

La mer n'est jamais pure. Elle est complexe. Elle recèle des ténèbres, du danger, de la cruauté. Elle peut raser des cités entières sous le coup de la colère. Ses profondeurs sont insondables, et n'ont jamais vu la lumière du soleil.

La piété peut transformer ceux qui ont soif de pouvoir en véritables monstres, prêts à distordre n'importe quel précepte pour justifier leurs actions.