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Denoël, p.54
« — Aujourd'hui sera peut-être la veille de moi-même. »
Afficher en entierDenoël, p.49
« — La rage, ça y est, je crois que je l'ai, dit-il.
— Non. Pas encore.
Le petit lui lance un regard dépourvu d'amour et lui demande :
— Alors c'est quoi cette colère que je ressens à l'intérieur de moi ?
— Tu deviens un homme, répond le Grand. »
Afficher en entier-Alors c’est quoi cette colère que je ressens à l’intérieur de moi ?
- Tu deviens un homme, répond le Grand.
Afficher en entierC'est de penser que, toi, tu puisses mourir qui rend mon monde si petit.
Afficher en entier"Pendant des années, nous attendrions que le monde se soit définitivement habitué à cacher les hommes derrière des barreaux, que la tradition et l'apathie aient contraint ces êtres perdus, aliénés, cloisonnés, à devenir le produit d'un modèle social de stockage collectif, une génération d'animaux domestiques, une race de meubles, de momies...Alors à cet instant, et à cet instant seulement, nous les libérerions.
Qu'ils soient comme le feu, l'été invincible de tous les hivers.
-Et le monde serait à nous, mon frère, conclut-il."
Afficher en entier"À la tombée de la nuit, lorsque la brise et l'eau effacent peu à peu les sillons qu'il a eu tant de mal à tracer, exténué mais avec l'assurance de celui qui se souvient de tout, le Petit décide d'avoir désormais toujours sur lui de quoi écrire: papier, crayons, encre, vieux livres...pour pouvoir graver à jamais les miracles de son illumination. Et comme un somnambule, traduire l'imprononçable."
Afficher en entier"Là.
Une tête apparaît et scrute l'intérieur du puits.
Le Grand reconnaît les traits du visage.
Les deux regards se croisent.
Puis, plus personne.
[...]
Dans l'espoir que le vent charrie consonnes et voyelles à travers la nuit, et emporte ses mots au-delà des cris, il murmure:
-Je te tuerai"
Afficher en entierDenoël, p.91
« — Je me trouve dans un endroit perdu...
— Oui, je sais. Mais je peux encore te voir.
— Non... tu ne peux pas.
— Je te vois en ce moment même. Je te parle.
— Non, tu ne me parles pas. Je ne suis que l'écho.
— Dors, je t'en prie. Arrête de parler, dit le Grand, al voix secouée de tremblements intempestifs.
— Ça fait des semaines que ce n'est plus moi qui parle. »
Afficher en entierDenoël, p.89
« — Il faut que je sorte d'ici, dit le Petit.
— Ça viendra. Très bientôt.
— Tu ne comprends pas. Il faut que je sorte d'ici tout de suite. Je ne me sens pas bien. Mon esprit est en train de s'échapper.
Le petit sait d'où vient le mal qui le ronge.
Ses organes ayant cessé de lutter contre la faim et le climat, ils pourront encore résister quelques jours, mais il n'y a en revanche plus rien à faire pour sa tête.
Elle le fait terriblement souffrir, comme si une bulle de gaz gonflait à l'épicentre de son cerveau, repoussant les lobules contre les parois du crâne, plantant des aiguilles de fer rouge dans ses souvenirs, dans sa capacité d'additionner, de soustraire, et dans l'abîme originel du langage. »
Afficher en entierDenoël, p.75
« Parfois, la vie t'impose des conditions telles que la seule échappatoire ne peut être qu'un geste radical, un sacrifice extrême que je suis prêt à accepter.
Mais en revanche, je ne pourrais pas supporter de te voir grandir sur une terre en friche comme ce puits : un endroit où l'on meurt sans repos, par la simple inertie des civilisations, un cimetière où l'on fane, comme une fleur impuissante à polliniser les champs.
C'est de penser que, toi, tu puisses mourir qui rend mon monde si petit. »
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