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« Je suis un homme ridicule. Maintenant, ils disent que je suis fou. Ce serait une promotion, s'ils ne me trouvaient pas toujours aussi ridicule. Mais maintenant je ne me fâche plus, maintenant je les aime tous, et même quand ils se moquent de moi... »
Ainsi s'exprime le héros de ce monologue imprécatoire, écrit - comme les Carnets du sous-sol (Babel no.4) ou la Douce (Babel no.57) - dans la pure tradition dostoïevskienne. Lassé du monde, détourné du suicide par une rencontre fortuite, il plonge dans un profond sommeil. Son rêve le conduit alors vers un univers utopique, un double de la terre mais sans le péché originel, un monde où les hommes vivent bons, libres et heureux. Et c'est l'occasion pour Dostoïevski de laisser libre cours à sa veine mystique, investissant son héros, de retour dans le quotidien des hommes après avoir touché de près l'idée du bonheur, d'une mission évangélique.
Fédor Dostoïevski (1821-1881) écrit le Rêve d'un homme ridicule en 1877. Il s'agit d'un récit inclus dans le Journal d'un écrivain, qui paraît plus ou moins régulièrement de 1873 à 1881 et où Dostoïevski prend position en nationaliste et en chrétien sur les grands problèmes de son temps.
Afficher en entierLe rêve d'un homme ridicule (1877)
Un récit fantastique | Fédor DOSTOÏEVSKI
Traduit du russe par André Markowicz
Victime de moqueries et de brimades, sombrant dans le désespoir sur le point de se tuer, un homme s’endort dans son fauteuil et fait un rêve... A son réveil, il se voit transformé par une révélation, investi d’une mission : transmettre la possibilité de renaissance aux hommes et vivre le dos tourné à la fatalité.
« Je suis un homme ridicule. Maintenant, ils disent que je suis fou. Ce serait une promotion, s'ils ne me trouvaient pas toujours aussi ridicule. Mais maintenant je ne me fâche plus, maintenant je les aime tous, et même quand ils se moquent de moi… »
Un texte court aux accents bibliques, où l'on ne retrouve rien de ce qui caractérise les romans de Dostoïevski, exceptés la description du personnage minable au début. Un élément de plus pour comprendre cet auteur complexe et passionnant.
Ce texte est avant tout un dialogue. Celui d'un homme avec lui-même, ou alors avec l'Humanité toute entière représentée par une entité invisible et abstraite. Son oraison s'adresse à nous, il balance les mots et les éparpille dans un flux incessant qui finit par rendre hystérique. Le langage est châtié, posé, il semble ne parler qu'à lui mais nous prend cependant régulièrement à témoin. Comme pour avoir le dernier mot sur le monde... Mais ce dernier mot semble impossible, car si le rêve a pris fin, une autre voie s'ouvre sous ses pieds, celle d'un nouvel espoir ou d'une autre désillusion, la constatation de vivre dans un monde qui ne répond en rien à celui que l'on attend. Le rêve devenu réalité est toujours un rêve malgré lui.
Pierre Salzani
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