Extraits

" Je t'aime, Augie", me répète ma mère, chaque soir au téléphone. Mais je n'arrive pas à lui répondre que je l'aime aussi. Je voudrais le lui dire, en fait, mais les mots sont lourds, comme du plomb coincé dans ma gorge. Alors je lui fais: "Bonne nuit, m'man", et je me dépêche de passer le combiné à P.J. ou à papy.

Evie, ne pleure pas. Nous sommes toujours à un souffle de distance de la mort, à un souffle de distance de la vie. C'est ainsi, et c'est sans remède.

- Il a une arme, maman. Un revolver. Il tient P.J. J'ai peur.

La terreur me broie la poitrine.

- Qui tient P.J.? Réponds-moi, Augie, où es-tu? Qui a un revolver?

- Je suis dans un placard. Il m'a enfermée.

Dans ma tête, mes pensées tournent à une vitesse folle. Qui pourrait faire une chose pareille? S'en prendre ainsi à mes enfants?

- Raccroche, Augie, tu m'entends? Coupe tout de suite et compose le 911, pour prévenir la police. Sans attendre une seconde, ma chérie... Et ensuite tu me rappelles, d'accord? Tu peux le faire?

J'entends ses reniflements et je répète, plus sèchement:

- Tu peux le faire?

De nouveau, elle laisse passer un temps de silence. Puis elle acquiesce.

- Oui, je peux le faire. Je t'aime, maman, répète-t-elle doucement.

- Moi aussi, Augie. Je t'aime de toutes mes forces.

"J'ouvre mon carnet, je cherche une page blanche et je commence à écrire. << Pour les vacances de printemps, nous retournons en avion dans l'Arizona pour voir notre mère... >>"