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« J’ai reçu par un bel après-midi glacial de janvier le manuscrit de Samia Shariff. »
Afficher en entierMon père se redressa et prit un ton solennel. « Je serai bref. Farid m’a expliqué ton bulletin. Tu as terminé ton secondaire et tu auras bientôt quinze ans. Tu es maintenant capable de lire et d’écrire. J’ai fait mon devoir de père et c’est à toi maintenant de faire ton devoir de fille. Il n’y a plus de temps à perdre avec des bêtises d’école. Dorénavant, tu resteras à la maison et ta mère t’apprendra à devenir une bonne épouse.
Afficher en entierDécidément, tout ce que je faisais était sujet à interprétation. J’étais soupçonnée d’arrière-pensées alors que j’écrivais une simple lettre pour demander une poupée ! Mon frère m’expliqua qu’il valait mieux oublier cette idée. Notre père détestait les poupées, car elles représentaient le diable et aucune maison saine ne tolérait leur présence.
Afficher en entierDans les pays musulmans et de façon marquée dans ma famille, avoir un garçon est une bénédiction et, de toute évidence, la naissance d’une fille est une malédiction. La fille musulmane ne connaît jamais l’autonomie. Durant toute sa vie, elle demeure sous la responsabilité d’un homme.
Afficher en entierToute jeune, je savais qu’être une fille n’était pas souhaitable, mais j’en ignorais la raison. Vers l’âge de cinq ans, je voulus en savoir davantage. « Maman, pourquoi ne m’aimes-tu pas ? » Elle me lança un regard méprisant. « Tu oses me poser cette question ! Comme si tu ne savais pas pourquoi les mères préfèrent les garçons aux filles », répondit-elle, convaincue de l’évidence de sa réponse.
Afficher en entier"Un matin à l'aube, ma mère me réveilla.
"Dépêche-toi de t'habiller. Nous prenons le bateau. Allez secoue-toi un peu!
-- Mais je n'ai pas dit au revoir à mon amie!
-- Oublie Amina! Habille-toi et viens prendre ton verre de lait. Nous sommes déjà en retard. N'augmente pas la colère de ton père!"
Je me vêtis rapidement et bus mon verre de lait d'un trait, espérant pouvoir saluer Amina avant de partir. Au moment de sortir de la maison, ma mère m'agrippa par le collet.
"Reviens ici, pourriture. Amina dort en ce moment. Il n'est que cinq heures du matin!" cria-t-elle vertement.
Câlin me consola une fois de plus. Je me résignais à l'idée de ne pas dire au revoir à ma meilleure amie.
Mes frères sortirent les premiers de la maison, suivis par mon père. Ma mère me poussa en répétant de me dépècher. En me tendant le panier qu'elle me demandait d'aporter, elle saisit mon nounours.
"Je ne veux pas que tu traîne cette choseaffreuse, car tu as bien assez de ce panier.
Elle lança Câlin dans le haut du placard.
"Maman, s'il te plaît, rends-moi mon nounours." lui cruai-je de toutes mes forces, la voix entrecoupée de sanglots.
Je pleurais, mais elle demeurait insensible. Elle me poussa hors de la maison et verrouilla la porte. Ensuite, elle se dirigea chez la voisine pour lui remettre la clef. En ouvrant la porte, la mère d'Amina m'aperçut en larmes.
"Qu'arrive-t-il à ma belle Samia?
-- Elle ne veut pas partir sans dire au revoir à sa copine!
-- Attends, Wanrda! Je réveille Amina, c'est important."
Je continuais de pleurer en réclamant mon nounours. Amina descendit rapidement l'escalier. Elle lança un regard haineux en direction de ma mère.
"Je suis là, ne pleure plus", me répéta Amina sur un ton protecteur.
Je sanglotai de plus belle.
"Câlin est resté dans l'armoir du couloir. Je ne peux plus le prendre; je ne pouraiplus rien lui raconter et il ne pourra jamais faire de la télépathie avec tes poupées. Comment pourons-nous communiquer?
-- Dépêche-toi et sors d'ici, sinon tu le regrettras quan nous serons au pays.", promit ma mère sur un ton colérique.
Amina eut à peine le temps de me promettre qu'elle irait récupérer Câlin et qu'elle y ferait toujours attension.
Afficher en entierLes jours se succédaient, mornes et tristes. Je servais mon mari et, en retour, j’étais battue et violée plusieurs fois par jour sans que personne le sache. Ma vie dépendait de ses humeurs dont je recevais le trop-plein. Je souffrais en silence. J’en étais venue à souhaiter qu’il lui arrive un malheur. Dès qu’il sortait, j’espérais qu’il ne revienne plus, mais il rentrait chaque soir. Entendre sa clé tourner dans la serrure me faisait paniquer, tant j’appréhendais la suite des événements.
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