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La gamine n'arrêtait pas de me fixer.
Elle avait des taches de rousseur – j'ai toujours trouvé ça dégueulasse. Enfin non : mignon et dégueulasse à la fois. Elle mâchait un gros chewing-gum (ou plusieurs collés entre eux) et entortillait ses doigts avec le fil des écouteurs, la tête légèrement reculée par rapport à son buste.
Je me suis demandé ce qu'elle écoutait, cette conne, en me matant comme ça.
— Mademoiselle Linski ?
J'ai relevé la tête. La brunette de l'accueil, Manon je crois, se tenait devant moi.
— Vous voulez bien me suivre ?
J'ai attrapé mon sac et avant de partir, j'ai jeté un œil à l'autre vache.
Elle m'a souri, l'air de dire : « Vas-y pétasse éclate-toi bien avec le dirlo, et t'en fais pas je passe juste après. »
C'est là que j'ai remarqué ses mèches rouges, bien bavantes sur ses cheveux sales. Je lui ai fait un doigt, discret, et j'ai suivi Manon la brunette au fond du couloir.
À bien m'en rappeler, tout avait l'air parfaitement normal le jour où c'est arrivé.
Le jour où c'est arrivé pour la première fois.
Afficher en entierEn entendant claquer la porte du sous-sol, j'ai su que le premier pas sur la Lune n'évoquerait rien d'autre qu'un énième saut dans la boue.
C'est d'ailleurs ce qu'il fut – constellé d'étoiles blêmes sur cette image en noir et blanc.
Les quelque 600 millions de téléspectateurs témoins de l'événement planèrent au rythme d'Armstrong et de Buzz Aldrin, à 3 h 56 précisément (heure française). Les deux astronautes s'extasiaient dans leur radio respective :
— C'est quelque chose, n'est-ce pas ? Une vue magnifique !
— Oui... Une magnifique désolation...
Voilà à quoi ressemblait le « premier échange humain » prononcé hors de notre planète bleue : des phrases insignifiantes (et régulièrement parasitées), deux heures trente de marche à récolter des roches lunaires, et le drapeau américain flottant dans une atmosphère sans vent...
"Ils vont nous balancer des images filmées d'ici, avec un décor en studio, ma main à couper !"
Odette avait raison : malgré le sourire de mon père et les larmes de ma mère, malgré l'enthousiasme de ma sœur à voir ces images d'au-delà, je savais maintenant qu'un pas dans la boue n'était rien d'autre qu'un pas.
Nous cherchions des réponses au mauvais endroit.
Et là, sous nos pieds, dans les entrailles mêmes de cette maison... un garçon de vingt ans les traquait pour nous.
"Reviens me voir avec ta sœur... C'est important."
Afficher en entier12.05.69
L'Enfant n'a pas de sexe. Pas d'âge.
Pas de nationalité ni de religion. Il est partout, à chaque instant. Il est en nous.
Il est Légion.
Afficher en entierIl y a eu l’Australopithèque.
L’Homo Habilis.
L’Homo Erectus.
L’Homme de Néandertal.
L’Homo Sapiens.
L’Homme Moderne.
Et demain ?
Il y aura l’Enfant...
Il y aura Légion.
Afficher en entier27.06.69
L'Enfant parle aux plantes et aux animaux. Il sème leur chair. Il communie.
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