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Il vient la nuit. C’est pour cela que j’ai peur du noir... À moins que ce ne soit l’inverse : il viendrait la nuit attiré par mon effroi. Ma terreur le lie à moi. Il est mon bourreau, plus moral que physique, bien que mon corps lui appartienne.
*
Il est vêtu de rouge et de noir dans une tenue qui lui est propre. Des chaînes, pendant à son cou et à sa taille, ceignant ses épaules, ajoutent à sa lente et lourde marche un cliquetis froid et effrayant. La tête encagoulée, les mains gantées, aucune parcelle de sa peau n’est visible. Il n’est pas humain, n’a pas de visage. Par les trous grillagés de sa cagoule, on n’aperçoit de ses yeux qu’une lueur brillante, un éclat de métal acéré. Cette absence est bien pire qu’un regard fou ou haineux. Cette noirceur est le vide, profondeur insondable qui aspire les âmes des condamnés à travers la souffrance. Et moi, je suis toujours forcé de le contempler dans ses actes les pires. Je suis à ses côtés en permanence, puisque lui et moi partageons un même corps.
Double je, Amélie Puget
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