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– Pour un coup... commença Sellier, mais il ne poursuivit point et son regard, terni jusque-là par la fatigue, se fit clair, professionnel.
C'est qu'il venait d'apercevoir, au lieu du visage de Marc, un masque étrange : des pommettes lie-de-vin, un front en sueur, des yeux noyés dans un cerne fragile. Et cette quinte de toux qu'il n'arrivait pas à éteindre.
Afficher en entierIl s'arrêta dans sa divagation pour peser le prix de tout ce qu'il lui fallait abandonner et constata avec étonnement que, examinés un à un, dissociés, il n'y avait aucun des éléments de son existence auquel il tînt vraiment. Les affaires ? Il était assez riche pour s'en passer. Reine ? Il eut un sourire crispé. Ses amis ? Lequel d'entre eux lui manquerait ? Ce qu'il aimait ce n'était que le mouvement qui l'emportait de l'un à l'autre, mais hors de ce mouvement il n'avait pas de raison de vivre.
Afficher en entierElle se tint debout au milieu de la pièce, gauche, désemparée, enchaînée par la peur et l'amour qu'elle avait.
– Je sentais bien, dit-elle enfin, que je ne t'ai jamais donné de bonheur.
Oetilé eut envie de hausser les épaules. Ce mot faisait partie de ceux qu'il trouvait inutiles et que les hommes faibles avaient posés, comme des masques sans forme, sur les angles nets de la vie. Bonheur, rêve, amour, nostalgie, nature, autant de syllabes vides. Il y avait la faim, la soif, le désir, l'amusement, les affaires, le sommeil. Cela ne suffisait-il pas à remplir l'existence ? Et surtout la santé qui permettait d'en jouir.
Afficher en entierLe paysage, à cette cadence, bouge si peu que le voyageur ne s'aperçoit pas de sa fuite. Le regard, parfois, s'arrête sur un buisson pauvre, sur une trouée plus large où paraît un profil de rivière, où scintille un pic tout neigeux. Puis la forêt de sapins accueille le funiculaire et l'escorte de ses troncs gercés, rugueux comme des peaux de pachydermes. Les ramures bruissent faiblement. Lorsque le vent souffle, il apporte un écho de clochettes.
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