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Je lève les yeux au ciel.
- Alors on va vraiment habiter ici?
Maman fait oui de la tête.
-Cette maison a du caractère.
Exact. Un décor de film d'épouvante.
Afficher en entierQuand Jacky a fait ces dessins, la plupart de ces arbres n'existaient pas ; ceux qui sont tombés se dressaient, bien vigoureux, et ceux qui pourrissaient à l'époque ont disparu depuis longtemps, sans rien qui montre leur présence passée. Les arbres sont comme les gens. On est vivants, puis on est des souvenirs, puis on s'évanouit.
Afficher en entierSeulement le vent...n'est pas vraiment le vent. Ce sont les chiens.
Je les vois bondir à travers les bois. Tête baissée. Fourrure hérissée. Les yeux comme des charbons ardents.
Afficher en entierLes arbres sont comme les gens. On est des vivants, puis on est des souvenirs, puis on s'évanouit.
Afficher en entierPapa glousse.
-Qu'est-ce qui est si drôle ?
-Toi. Tu as l'air tellement sérieux.
-Oui, je suis sérieux. Bref, comme je l'ai dit, je peux plus t'appeler.
-Tu ne veux plus m'appeler, dit papa. Nuance.
-D'accord. Bon, faut que je te laisse.
-Mon pote, tu dois faire ce que tu dois faire. Moi aussi.
-Comment ça ?
-C'est clair.
Il a une voix sourde.
-Je n'ai plus beaucoup de raisons de vivre sans mon pote.
Oh non, est-ce qu'il pense à se suicider ?
-Papa, le prend pas comme ça. J'ai dit que je téléphonerais quand je serai plus grand.
-Bien
-Papa, promets-moi de pas faire de bêtises.
-On fait tous des bêtises, mon pote, des bêtises irréparables. Comme s'enfuir et briser une famille. Comme mentir aux gens qui nous aiment.
-Papa...
-Dis-moi au revoir fiston. Ne t'inquiètes pas. On se reparlera. Un simple coup de fil peut nous réunir.
La communication est coupée.
Afficher en entierJe dépoussière la loupe et la place devant ma main. Pendant que j'observe mes pores, je me dis qu'il y a réellement eu un gamin ici. Pourquoi est-ce que sa famille a laissé ses affaires quand la ferme a été vendue ? Je me demande ce qu'il est devenu. Il aurait l'âge de papi. Ça fait bizarre.
- Qu'est-ce que tu mijotes ?
Je me retourne brusquement. Un vieux bonhomme me regarde, courbé sous les tuyaux. Il est maigre ; des touffes de poils lui sortent du nez et des oreilles.
- Maman !
Je recule à tout vitesse. Il marmonne :
- Elle n'est pas là.
Afficher en entier"C'est comment de ne pas beaucoup voir vos enfants ?
Il me regarde droit dans les yeux.
- C'est un peu comme mourir. C'est mes mômes, et pourtant ils ne vivront plus jamais avec moi. Ils font des choses dans lesquelles je n'ai aucune place. Ils se créent des souvenirs que je ne partagerai jamais. Ca me tue. Oui. Ca me tue."
Afficher en entierJ'ouvre la porte d'un geste brusque. Une pièce minuscule apparaît, toute sombre et crasseuse. Peut-être une ancienne cave à charbon. La nuque me picote. Quelqu'un dans mon dos me regarde.
-Maman?
Silence.
Je me retourne avec lenteur. Je ne vois personne. Pourtant, il y a quelqu'un. Je le sens.
-Qui est là?
Un bruissement dans la cave à charbon. Je tourne les talons, verrouille la porte et me précipite vers l'escalier, manquant de m'étaler sur un vélo.
Chapitre Trois; page 22-23
Afficher en entierMaman referme la porte. Je m'apprête à éteindre, mais des images surgissent, M. Sinclair, et les chiens, et le garçon que j'ai peut-être vu dans l'étable. Qu'est-ce qui rôde là-bas dans le noir, qui tourne autour de la maison pendant qu'on dort ? Qu'est-ce qui peut bien rôder là-dehors ?
Je laisse la lampe allumée.
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