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** Extrait offert par Judy Christenberry **

1.

— Docteur, vous ne devinerez jamais qui est là !

Liza Coltons releva vivement la tête en surprenant ces mots. Elle jeta un coup d’œil autour d’elle pour s’assurer qu’elle était toujours seule dans la salle de consultation, en attendant que le médecin s’occupe d’elle. Ses yeux s’arrêtèrent sur la porte, et elle se rendit compte que celle-ci n’était pas complètement fermée.

— Missy, je n’ai pas le temps de jouer aux devinettes.

La voix était grave, elle avait un timbre surprenant qui fascina Liza. La jeune femme se demanda furtivement si elle était en accord avec l’apparence physique de son propriétaire. Puis elle pensa que cela n’avait aucune importance.

— Mais il s’agit de cette nouvelle diva ! protesta énergiquement l’infirmière invisible.

Liza se raidit.

— Une « diva » ?

— Oui. Vous savez, c’est ce qu’on dit des Streisand, des Céline Dion, des Mariah Carey…, répondit-elle comme si elle pensait qu’il ne connaissait pas le mot.

— Je sais ce qu’est une diva, Missy, fit posément la voix masculine. Je suis surpris, c’est tout. Quel genre de diva pourrait bien se trouver ici, à Saratoga Springs ?

Malgré ces mots, il n’y avait pas la moindre trace d’intérêt dans son intonation.

— Liza Coltons ! Je l’ai vue avant-hier soir. C’est la nouvelle star ! Enfin, ça va l’être... Elle n’en est pas encore tout à fait là, mais son concert était super ! Les gens étaient debout, à la fin du spectacle. Ils n’arrêtaient plus d’applaudir !

Liza eut un petit sourire. C’est vrai que le moment avait été exceptionnel... Et elle n’en avait pas eu beaucoup de semblables, ces derniers temps.

— La vente de bière a dû monter en flèche, déclara sèchement le docteur. Et que fait-elle ici ?

— C’est terrible... Elle a une extinction de voix.

— A cause de son spectacle de l’autre soir ?

— Il y en a eu un autre hier. Et elle doit chanter ce soir !

Il y eut un bref moment de silence, et Liza pensa qu’ils s’étaient éloignés. Cela lui convenait tout à fait. A l’évidence, le médecin n’appréciait guère la musique. Ou bien il se souciait fort peu de son talent.

— Oh, docteur ! Je vous en prie ! Il faut que vous la tiriez de ce mauvais pas !

Le ton de l’infirmière s’était fait suppliant. Liza leva les yeux au ciel.

— Ne nous emballons pas, Missy. Je suis oto-rhino-laryngologiste, pas spécialiste des opérations à cœur ouvert !

En tout cas, et contrairement à la plupart des médecins, celui-ci n’était pas trop imbu de sa personne. Peut-être Liza pourrait-elle lui pardonner ses remarques antérieures.

La porte s’ouvrit alors, et toute pensée cohérente l’abandonna.

Elle était assez douée pour contrôler ses émotions – et c’était une bonne chose – mais jamais encore elle n’avait été aussi bouleversée par la seule vue d’un homme.

Il était superbe. Pas parfait, comme les mannequins ou les acteurs qui essayaient de l’impressionner. Confusément, elle sentait qu’il avait... de la substance. Voilà. C’était le mot qu’elle cherchait. Ses cheveux bruns étaient coupés de la manière la plus traditionnelle qui fût, mais ils étaient ébouriffés, comme s’il venait d’y passer la main… et elle aurait bien voulu en faire autant. Il était fort et bâti tel un athlète. Liza se sentit défaillir lorsqu’elle rencontra ses yeux bleus. A moins que ce ne fût parce qu’elle était souffrante ?

Il entra dans la pièce et lui tendit la main.

— Mademoiselle Coltons ?

Elle hésita un instant avant d’accepter ce geste de bienvenue. Mais elle finit par serrer la main chaude entre les siennes. Et ne put s’empêcher de frissonner.

— Vous avez froid ? Oh, désolé ! J’ai oublié de me présenter. Je suis le Dr Hathaway.

Elle sourit faiblement, en hochant la tête.

— D’après ce qu’on m’a dit, poursuivit-il, vous ravissez les foules avec votre voix. Félicitations !

Elle se retint de lui demander s’il donnait une prime à son infirmière pour qu’elle l’informe sur ses patients, afin qu’il pût prendre un air intéressé. Mais cela ne valait pas la peine de forcer davantage sa voix.

Elle lui fit un petit signe de tête et attendit qu’il en vînt à ce qui la préoccupait.

— Alors, qu’est-ce qui vous arrive ?

Elle prit une inspiration profonde. De nombreux hommes lui avaient fait remarquer à quel point sa voix était sensuelle. Mais pour l’instant, elle était rauque, grinçante, et chaque mot prononcé la faisait souffrir.

— Je me suis cassé la voix, dit-elle précautionneusement.

Voyant qu’elle n’ajoutait rien, il s’empara d’une spatule.

— Ouvrez la bouche.

Pendant plusieurs minutes, il examina sa gorge et ses oreilles. Ses sourcils froncés assombrissaient son visage, si bien modelé. Curieusement, il avait une fossette au menton.

Il recula enfin.

— Quand avez-vous commencé à souffrir ?

— Hier soir, murmura-t-elle.

— Après le spectacle ?

Elle acquiesça.

— C’est venu tout d’un coup ?

Elle fit non de la tête.

— Est-ce que cela vous est déjà arrivé ?

De nouveau, elle secoua la tête. Puis elle dit, aussi doucement que possible :

— C’est le stress. Il me faut… des antibiotiques et du repos.

Nick Hathaway réprima le rire un peu amer qui montait en lui. C’était caractéristique de ces jeunes filles riches et gâtées : rien de semblable n’était jamais arrivé à celle-ci, mais elle avait déjà fait son propre diagnostic et savait ce qu’il lui fallait pour guérir.

— Vous êtes donc venue me voir pour me prouver vos talents en médecine ?

En temps normal, il évitait de se montrer ironique à l’égard de ses patients, mais il se trouvait que cette jeune femme appartenait à une espèce qu’il fuyait comme la peste : belle, très riche et égocentrique.

— Antibiotiques, dit-elle de nouveau de sa voix meurtrie.

Il leva les sourcils.

— Je ne prescris pas d’antibiotiques à la demande, mademoiselle Coltons.

Pour toute réponse, elle fixa sur lui les yeux verts les plus splendides qu’il lui eût jamais été donné de voir.

— Je dois faire des prélèvements dans votre gorge. Ensuite, je procéderai à quelques tests supplémentaires.

Elle eut le culot de secouer la tête.

Nick lui jeta un regard furieux, mais elle leva le poignet gauche et fit un geste en direction de sa montre. Une Rolex, bien entendu.

— Le théâtre, souffla-t-elle.

— Vous ne pensez tout de même pas que vous allez chanter ce soir ?

Elle haussa les épaules.

— Ecoutez, mademoiselle Coltons, si vous vous en remettez à moi, il n’y aura pas de spectacle ce soir. Et cela pendant deux semaines au moins. A ce moment-là, j’examinerai de nouveau la situation, mais je ne vous promets rien.

Se rendant compte qu’il laissait par trop transparaître son irritation, il inspira profondément et acheva sur un ton plus calme et professionnel.

— Si vous trouvez ces conditions inacceptables, je serai heureux de vous adresser à un autre spécialiste de la ville. A moins que vous ne puissiez vous rendre à New York pour qu’un grand spécialiste vous confirme ce que je viens de dire.

A sa grande surprise, après l’avoir fixé un moment du regard, tandis qu’une gamme d’émotions différentes changeait le vert de ses yeux magnifiques en une couleur plus sombre, elle approuva vigoureusement de la tête. Puis elle murmura :

— Antibiotiques.

Il fut surpris lui-même du soulagement que l’approbation de la jeune femme lui avait apporté, mais son dernier mot l’irrita profondément.

— Je ne vous prescrirai pas d’antibiotiques avant d’avoir fait les examens nécessaires !

Les yeux de Liza s’arrondirent d’effroi, et elle secoua la tête avec énergie.

— C’est comme ça ! déclara-t-il. J’insiste.

A sa grande consternation, elle se releva de la table d’examen, attrapa le sac qu’elle avait laissé sur une chaise et se dirigea vers la porte.

Tant pis, songea-t-il en la regardant s’éloigner. Il n’avait nullement besoin d’une patiente qui ne voulait pas l’écouter, et qui n’en faisait qu’à sa tête, déterminée qu’elle était à tout contrôler.

C’est alors qu’elle perdit connaissance.

Liza ne reprit pas conscience avant d’avoir été transportée dans l’ambulance. Ce fut le claquement des portières qui la ramena à elle. Un homme se tenait à côté du brancard. Elle tira sur le pan de sa chemise.

— Ne bougez pas, mademoiselle. Restez tranquille. Nous serons à l’hôpital dans deux minutes.

Cela, elle s’en doutait bien ! Elle essaya de nouveau.

— Docteur, murmura-t-elle, ne voyant plus le bel homme qui l’avait examinée.

— Je ne suis pas médecin. Je suis ambulancier.

Il lui adressa un large sourire. Il semblait très sûr de son charme juvénile.

— Hathaway ! lança-t-elle.

Elle avait forcé sa voix, et la douleur se diffusa dans toute sa gorge.

— Oh ! s’exclama le jeune homme, comme si une lumière venait de s’allumer dans son esprit. Vous voulez savoir où est le Dr Hathaway ?

Elle hocha la tête, et il poursuivit :

— Il nous rejoint à l’hôpital.

Liza fronça les sourcils et réfléchit à ce qui venait de se produire. Le docteur avait voulu lui faire des tests. Nul doute que si elle se rendait à l’hôpital, il voudrait qu’elle y reste. Et c’était tout bonnement impossible.

De nouveau, elle attrapa la chemise de l’ambulancier qui s’était penché pour dire quelque chose à son collègue, au volant du véhicule.

— Pas d’hôpital, dit-elle.

— Hé, jolie demoiselle ! Nous avons un excellent hôpital. Ils s’occuperont très bien de vous, là-bas.

Elle secoua la tête d’un air résolu.

Sans tenir compte de sa réaction, il dit, d’une voix enjouée :

— D’ailleurs, nous y voilà !

Lorsqu’ils la transportèrent sur le lit roulant jusqu’à la salle des urgences, elle eut l’impression de se trouver au centre d’un tourbillon. Elle était immobile, alors que tout le monde s’affairait autour d’elle.

L’ambulancier faisait son rapport à un médecin, dans des termes abrégés qui n’avaient aucun sens pour elle. Elle tenta de les interrompre, mais, ne pouvant parler, il était difficile d’attirer leur attention.

Utilisant de nouveau la technique éprouvée, elle agrippa la blouse blanche de l’homme et tira dessus.

— Bonjour, mademoiselle Coltons. Ne vous inquiétez pas ! Nous allons nous occuper de vous. Je vous ai entendue chanter. Et permettez-moi de vous dire que c’est un plaisir de vous accueillir dans notre établissement.

Elle secoua la tête.

— Pas d’hôpital, s’acharna-t-elle.

Elle n’émettait plus qu’un murmure éraillé, et son angoisse augmentait.

— Le Dr Hathaway sera là d’une minute à l’autre. Je suis certain qu’il…

— Non ! protesta-t-elle, aussi fort qu’elle le pouvait, avant de retomber sur l’oreiller, une main à la gorge.

Pour la première fois, le médecin eut l’air déstabilisé.

— Euh... Nous allons simplement vérifier vos réflexes vitaux et attendre le Dr Hathaway.

Sur ce, il s’éloigna, pour donner des instructions à une infirmière.

Liza ferma les yeux. Il était tellement frustrant d’être incapable d’utiliser sa voix, un organe aussi essentiel ! Elle savait qu’elle l’avait mise en péril par son comportement stupide, mais il lui avait semblé totalement dérisoire de manger ou de dormir, ces trois derniers jours.

Si seulement elle ne s’était pas évanouie !

Elle entendit alors l’interne s’exclamer :

— Ah, docteur Hathaway ! Je suis bien content de vous voir !

Au moment même où elle se soulevait pour s’asseoir, l’infirmière s’avança vers elle pour prendre son pouls.

— Allez, mon petit. Détendez-vous. Le Dr Hathaway est un de nos meilleurs médecins. Il va bien s’occuper de vous !

Elle secoua la tête, cherchant le beau médecin du regard. Lorsqu’elle le trouva, parmi la foule toujours en mouvement, elle agita le bras dans sa direction.

Mais avant qu’elle eût le temps d’essayer de lui parler, il lança ses ordres à l’intention de l’infirmière.

— Et mettez-la sous perfusion. Elle est déshydratée.

Il se pencha alors vers Liza.

— Quand avez-vous mangé pour la dernière fois ?

Elle haussa les épaules. Elle ne tenait pas à avouer sa propre stupidité. Mais elle avait eu si peur pour Emily qu’il lui avait été impossible de penser à des choses aussi futiles.

Tandis que l’infirmière installait la perfusion, l’interne prit le médecin à part et lui expliqua quelque chose à voix basse. Hathaway lança un regard perçant dans la direction de Liza, et elle se demanda ce que l’homme pouvait bien être en train de lui raconter.

Elle eut sa réponse lorsque le Dr Hathaway revint à ses côtés.

— Mon équipier me dit que vous refusez d’être hospitalisée.

Elle hocha la tête, soulagée que quelqu’un se décidât enfin à l’entendre.

— Ecoutez, mademoiselle Coltons. J’ai bien compris que vous ne vouliez pas rester ici, mais laissez-nous au moins vous réhydrater et faire quelques examens de routine. Il n’y en a que pour une heure ou deux.

Comme il terminait sa phrase, l’infirmière arriva avec la poche de sérum.

— Si vous nous laissez faire au moins cela, vous vous sentirez mieux, dit-il d’un ton assuré.

Sa voix grave était très apaisante.

— Dois a… appeler… Annuler ce soir, marmonna-t-elle.

Chaque mot lui était pénible.

— Ne vous inquiétez pas. Je vais m’en occuper. Dans quelle salle chantez-vous ?

Elle parvint avec peine à lui donner le nom du prestigieux théâtre.

Tout en l’écoutant, il fit signe à l’infirmière. Elle lui mit quelque chose dans la main. Il se plaça alors du côté du lit où était suspendue la perfusion.

— Reposez-vous un peu. Je reviens tout de suite, lui promit-il.

Liza le vit injecter le contenu de la seringue dans la jonction du tube. Elle voulut lui demander ce qu’il lui administrait, mais elle était devenue incapable d’émettre le moindre son, pas même un murmure rauque. Sa langue ne lui répondait plus et ses paupières se fermèrent doucement.

Le sommeil, qu’elle ne trouvait plus depuis si longtemps, s’emparait d’elle pour rattraper le temps perdu.

— Je veux qu’on l’hospitalise, dit Nick à son collègue.

— Mais elle a déclaré qu’elle refusait ! répondit prudemment celui-ci. Nous ne pouvons pas la retenir contre sa volonté !

— Tu veux bien retourner lui demander ?

— Mais non ! C’est-à-dire… Tu l’as mise sous sédatifs…

— Elle m’a donné son accord pour rester quelques heures, de manière à ce que nous puissions procéder à des examens. Je la soupçonne d’avoir fait un régime draconien, ces derniers temps, ou bien d’être devenue carrément boulimique. Tu sais comment sont ces artistes !

Il se tourna alors vers l’infirmière.

— Faites-la monter, et inscrivez-la aux admissions. Dites à l’infirmière de garde qu’elle m’appelle dès les premiers signes de réveil.

— Bien, docteur.

Il fit un petit geste de remerciement, sortit de la salle d’urgence à grands pas et retourna en voiture à son cabinet, à quelques minutes de là. Il avait fait attendre ses autres patients, pendant qu’il s’occupait de la belle et mystérieuse demoiselle Coltons.

Bien sûr, se rassura-t-il, il n’était nullement attiré par elle. D’abord, il n’avait jamais eu de relation intime avec aucune de ses malades. Ensuite, il avait été marié à une femme riche et belle. Et jamais plus il ne commettrait cette erreur.

Liza Coltons ne ressemblait en rien à son ex-femme Daphné, sauf peut-être en ce qui concernait sa fortune. Daphné était comme une enseigne lumineuse, alors que Liza Coltons ressemblait à un clair de lune. Daphné était une blonde pulpeuse, qui utilisait tous les trucs connus pour attirer le regard des hommes. Liza Coltons était une petite brune élancée, presque trop mince, dont la coupe de lutin faisait ressortir les immenses yeux verts. Elle avait l’apparence gracile de Winona Ryder ou, mieux encore, d’Audrey Hepburn.

Il chassa ces pensées. Il n’avait pas pour habitude de s’attarder sur l’apparence physique de ses patientes. Son travail était de soigner cette jeune femme et de la renvoyer à sa vie habituelle.

Tout le reste de l’après-midi, il s’occupa de ses malades, avec calme et efficacité. Mais il ne put s’empêcher de songer à Liza Coltons. Au milieu de l’après-midi, il demanda à son infirmière d’appeler l’hôpital pour savoir où en étaient les choses.

Liza Coltons était toujours endormie.

Le sédatif qu’il lui avait administré n’était pas très fort. Elle aurait dû se réveiller au bout de deux heures environ.

Dès qu’il en eut terminé avec son dernier patient, il ôta sa blouse et attrapa sa veste.

— Je vais à l’hôpital, Missy. Vous pourrez m’y joindre s’il se passe quelque chose avant que vous ne rentriez chez vous.

— Vous allez voir Liza Coltons ? Parce que j’aimerais bien avoir un autographe !

— Elle est malade, Missy. Je ne vais pas l’embêter avec ce genre de demande ! répondit-il en souriant à sa jeune collaboratrice.

Le visage de Missy s’assombrit.

— Non... Bien sûr que non !

— Je verrai comment elle se sent. Peut-être que je lui en réclamerai quand même un, mais je ne vous promets rien, reprit-il avec un petit sourire.

Missy était une bonne infirmière, et elle travaillait dur. Un simple autographe ne serait sans doute pas trop demander à la vedette.

Il fut récompensé par le sourire éclatant que lui adressa Missy. Il lui fit petit signe de la main, sortit, et se précipita vers sa voiture.

Arrivé à l’hôpital, il monta directement au deuxième étage, où se trouvait Liza Coltons.

— Du nouveau ? demanda-t-il à une infirmière du service.

— Pour Mlle Coltons ? Non. Elle dort encore.

Les sourcils froncés, il se dirigea vers la chambre de la jeune femme. Comme le lui avait annoncé l’infirmière, elle dormait toujours, et cela faisait quatre heures. C’était bien trop long. Soit elle faisait une réaction au sédatif, soit elle n’avait pas dormi depuis longtemps.

Il souleva sa main, terriblement fine, et lui tint le poignet. Le pouls était normal. Il écouta son cœur. Il n’y avait aucun problème de ce côté-là.

A regret, il décida de la réveiller.

— Mademoiselle Coltons ? Vous m’entendez ?

Il lui tapota la main en continuant de l’appeler, mais elle ne bougea pas. Il finit par la prendre par les épaules pour la secouer.

— Liza ? Liza ! Ouvrez les yeux !

Lentement, très lentement, les cils noirs de la jeune femme battirent, et elle posa sur lui un regard hébété.

— Vous vous souvenez de moi ? Je suis le Dr Hathaway. Vous êtes venue me voir pour votre gorge.

Elle le fixa un moment d’un air hagard, puis agita la tête, avant de laisser ses paupières se refermer.

— Ne vous rendormez pas. Je dois vous poser quelques questions.

Il attrapa l’oreiller du lit voisin et attira la jeune femme vers lui pour le glisser dans son dos. A son grand désarroi, il se rendit compte qu’il ne détestait pas la tenir entre ses bras... Qu’est-ce qu’il lui prenait, tout à coup ?

Il se leva et alla au pied du lit pour le soulever un peu.

— Mademoiselle Coltons ? Liza ? Ouvrez les yeux !

— Si fatiguée..., murmura-t-elle en battant des paupières.

— Vous ne dormez pas bien, en ce moment ?

— Non.

Sa voix était toujours éraillée.

— Je ne peux pas...

— Pourquoi ?

— Em…

Mais elle n’acheva pas. Elle se réveilla soudain complètement, et lança dans sa direction un regard paniqué.

— Qu’y a-t-il ? Qu’est-ce qui ne va pas ?

De plus en plus intrigué, il retourna à son chevet.

— Il faut que j’y aille..., murmura-t-elle.

Si on en jugeait par son expression, chaque mot lui coûtait.

— Vous êtes malade, mademoiselle Coltons. Quand avez-vous mangé pour la dernière fois ?

Elle haussa les épaules. Ses yeux parcouraient la pièce, comme si elle cherchait une issue par où s’échapper.

— Ecoutez, il me faut une réponse plus précise que cela ! Si vous faites un régime ridicule – et totalement inutile, dans votre cas ! – je dois le savoir. Il se pourrait que cela affecte votre voix.

Elle se frotta le front de sa toute petite main.

— Non, répondit-elle.

Ce n’était pas très clair.

— Vous ne faites pas de régime ?

Elle secoua mollement la tête.

Il se pencha pour appuyer sur le bouton d’appel.

— Infirmière ? Je voudrais deux repas. Chambre 226, dès que possible.

— Bien, docteur.

Il s’assit sur le bord du lit. Elle le regarda d’un air confus et il lui expliqua :

— Je meurs de faim. Je me suis dit que j’allais vous tenir compagnie, même s’il est un peu tôt pour dîner.

Il voulait la voir manger. Si elle était boulimique, il lui faudrait rester plusieurs heures auprès d’elle. Mais il n’avait pas détecté de signes de boulimie.

— Il faut que j’y aille..., dit-elle.

Une panique contenue vibrait dans sa voix rauque.

— J’ai appelé le théâtre. Je leur ai dit que vous étiez malade et que vous ne chanteriez pas. Ils m’ont promis de s’occuper de tout et de ne révéler à personne l’endroit où vous vous trouvez.

Il ne savait pas si cette précaution était nécessaire, ni même si c’était ce que souhaitait sa patiente. En y réfléchissant bien, il se dit qu’elle préférerait sans doute la publicité que sa maladie lui apporterait.

Ainsi vont les vedettes !

L’infirmière entra à ce moment-là, avec deux plateaux.

— Vous avez de la chance, ce soir, docteur. Au menu : pain de viande et tarte aux pommes, annonça-t-elle avec un grand sourire.

Le médecin lui rendit son sourire.

— J’en ai l’eau à la bouche. Qu’en dites-vous, mademoiselle Coltons ?

Elle avait l’air tellement égaré qu’un élan de compassion s’empara de lui. S’il s’agissait vraiment d’une vedette, comment avait-elle fait pour se perdre à ce point-là ? Est-ce que quelqu’un faisait pression sur elle pour qu’elle maigrisse ? Peut-être sa carrière n’allait-elle pas si bien que cela ? Son interlocuteur, au théâtre, lui avait dit qu’il allait contacter l’agent de Liza, et Nick s’était senti obligé de lui indiquer l’endroit où elle se trouvait, pour qu’il transmît l’information. Mais à présent, il se demandait s’il avait bien fait.

Il retourna au pied du lit pour soulever davantage le chevet. Il déposa un des plateaux sur la table et la fit rouler vers la jeune femme. Puis il leva le couvercle de métal.

— Ça a l’air délicieux, vous ne trouvez pas ? lui demanda-t-il en la regardant.

Elle ne bougeait pas. Son visage n’exprimait aucun plaisir. Au lieu de cela, elle regarda le repas d’un air de dégoût.

Négligeant son propre repas, il prit la fourchette de Liza et coupa un morceau du pain de viande.

— Allons. Prenons un petit morceau de ceci. Je crois que vous allez adorer...

Il la porta à la bouche de la jeune femme et attendit qu’elle se décidât à entrouvrir les lèvres.

Sans la quitter du regard, il lui dit :

— Mâchez cela, Liza. Vous avez besoin de calories.

Elle avala sa bouchée, et il entreprit de lui faire manger une cuillerée de maïs. Mais avant qu’il en eût le temps, elle émit des sons de détresse.

Il eut heureusement le réflexe d’attraper l’un des bassins qu’on distribuait pour les estomacs chavirés.

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