Extrait

Chaque fois qu’elle pensait à lui, elle sentait son ventre se nouer. Ce faux mariage lui avait tant appris sur la cruauté des hommes ! Les rares fois où elle s’aventurait hors de chez elle, avec sa mère, elle subissait les pires méchancetés. Si nul n’osait snober une duchesse, les commentaires acerbes sur la vertu perdue de Yasmin ne manquaient pas de parvenir à ses oreilles.

Et pourtant, elle était encore en vie, malgré son cœur brisé, ce qui l’étonnait elle-même.

Il lui fallut une année entière pour accepter qu’elle n’était pas coupable parce qu’elle s’était fait duper. C’était à Hippolyte d’avoir honte. Le seul tort qu’elle avait eu avait été de tomber amoureuse de lui et de se jeter dans ses bras avec une telle joie.

Au bout de deux ans, elle regagna la cour la tête haute, se sentant à l’abri du danger. Le tourbillon de l’amour, c’était fini.

Lors de sa première soirée au palais, Hippolyte Charles vint la saluer et lui baisa la main.

— Un ange aussi exquis donnerait envie à n’importe quel homme de se marier, déclara-t-il avec un sourire satisfait.

Elle parvint à teinter son rire de sarcasme, sachant que les autres l’écoutaient avec attention.

— Dans ce cas, monsieur, permettez à un ange de vous informer que votre destination finale ne risque pas d’être le paradis…