Extraits

- Au fond, tout a l'air simple, en Somalie, ajouta le géant blond. Carré, binaire . Le plus fort l'emporte toujours sur le plus faible.

- C'est la même formule chez nous, railla l'ancien footballeur. Sauf que, à la place des cartouches et des explosifs, tu compares les soldes de tes comptes en banque. Ça doit être ça, la civilisation...

Ils découvrirent ensemble le menu du midi sur une tablette tactile que leur avait laissée tout à l'heure le groom. « Cela permet au chef Vian de changer quelques saveurs au dernier instant et de vous en informer aussitôt », avait précisé l'employé dans un français de très bonne facture.

Neil dut relire l'intitulé des entrées et des plats avant d'y croire.

- Ravioles de tomates et d'asperges sur île flottante à la pulpe de kiwi, pour commencer ! Vous êtes sûrs que je ne peux pas manger avec les gars en cuisine ? Un steak bien saignant avec des patates sautées au lard, un truc comme ça. L'Argentine c'est le pays de la viande, on ne va pas se taper des émulsions de blanc d'œuf et de pépins de concombre pendant trois jours, quand même.

Avant toute chose, il y eut ce qui se passa très précisément les nuits du samedi 2 et du dimanche 3 juin. Ces deux événements épouvantables, bien que survenus à plus de quatre cents kilomètres de distance, présentaient un certain nombre de points communs.

La voiture bondit. Le chauffeur se tourna vers Abdullah et lui jeta quelques mots.

- Il pense que nous devrions contourner le barrage, traduisit Youssouf, car ce sont des miliciens du groupe d'Ali Jama et qu'ils risquent de vouloir embarquer le Blanc avec eux.

Le Blanc, ici, c'était José le Martiniquais.

Ils descendirent prudemment l'escalier et débouchèrent dans une pièce souterraine qui sentait atrocement la chaux et le soufre.

Ils ne s'attendaient absolument pas à découvrir ce que leurs yeux embrasèrent alors. Après une vingtaine de secondes d'apnée, Mathilde sortit son téléphone de sa poche et composa le numéro d'Ilsa. Où qu'elle se trouve avec Zacharie, Neil et José, peu importait les circonstances, ils devaient les rejoindre ici. Et vite.

Son instinct ne l'avait pas trompée.

- Ilsa ? Tout va bien ?

Elle ne lui laissa pas le temps de répondre, puisque cela n'avait aucune importance.

- Rejoignez-nous ici. Le plus vite possible.

Elle ne parvint pas à définir ce qui provoqua alors son premier étourdissement. Les yeux écarquillés par la peur d'Emile, ou le contact froid du canon de revolver sur sa nuque, ou enfin la voix glaçante de cet homme qui venait de pénétrer dans la pièce secrète et qui les tenait en joue, tous les deux, leur ordonnant de ne plus faire un geste ?