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En cet instant, elle ressentit une impression extraordinaire. Elle faisait partie de ce volcan, comme si elle faisait partie de la terre, du monde dans lequel elle vivait. Tout était lié, et il suffisait d'ouvrir totalement son esprit pour ressentir cette sensation fabuleuse. Elle était faite de la même poussière que le Pa'hav, la roche, la rivière, l'arbre, la fleur ou l'animal. Mais elle était aussi esprit, un esprit relié à... autre chose dont elle ne pouvait que percevoir l'existence. Le Grand Esprit de la Terre.
Afficher en entierLe soir venu, elles revinrent triomphalement avec les deux lièvres, dont l'un avait été abattu par une Sedh pas peu fière de son exploit. Puis Noï-rah sortit le petit renardeau de sa bandoulière.
_ Qu'est-ce que tu comptes faire avec ça? demanda Mara.
_ Je vais la garder. C'est une femelle. Duke l'a déjà adoptée.
_ Tu es folle, Noï-rah. Elle est beaucoup trop jeune. Comment vas-tu la nourrir? Il lui faut le lait de sa mère.
_ Eh bien, elle aura le mien. J'en ai beaucoup trop. Mes seins me font mal, parfois.
Mara éclata de rire.
_ Nourrir un renard avec du lait de femme... J'aurai tout vu!
_ Ne suis-je pas une renarde, moi aussi? répliqua Noï-rah avec malice.
Mara haussa les épaules.
_ Eh bien, cela nous fera deux renardes au lieu d'une.
Afficher en entier_ Les animaux sont nos frères, ma petite renarde. Ils nous fournissent de la viande et des fourrures pour lutter contre le froid. C'est pourquoi nous devons les respecter et mieux les connaître. Nous avons beaucoup à apprendre de leur observation. Il est très rare de voir des blaireaux hors de leur terrier, car ils ne sortent que la nuit. Les chasseurs leur tendent des pièges ou essayent de les enfumer. Mais c'est une technique qui ne marche pas bien. Je suppose que les blaireaux creusent des terriers très profonds, qui communiquent entre eux. Celui-ci existe depuis aussi longtemps que je viens par ici. Il doit être très ancien et il a sans doute abrité des générations de blaireaux. Mais j'y ai vu aussi des lapins. C'est la preuve qu'ils savent cohabiter. Nous devrions prendre leçon sur eux. Les différentes nations auraient avantage à partager leurs connaissances et à s'entraider lors des saisons froides difficiles.
Afficher en entierEt puis, ne pense pas que tu seras seul. Si tu sais écouter les autres, tu apprendras très vite à les laisser exprimer leurs idées. Et dans toutes celles qu'ils émettront se trouvera la bonne. Ton rôle sera alors de prendre la décision, en dernier recours. Le rôle d'un chef n'est pas de commander et de dominer, mais de coordonner, d'organiser, à partir des désirs de toute la tribu.
Afficher en entierLes femmes sont des êtres d'une grande générosité, dit-il. Lorsqu'elles sont amoureuses, elles se donnent entièrement. Si un homme sait se montrer patient, il peut vivre avec elles des moments inoubliables.
Afficher en entier[...] Plus tard, lorsqu'ils furent partis, lassés par l'absence de riposte du chasseur, Noï-Rah laissa exploser sa mauvaise humeur :
– Comment fais-tu pour ne pas te fâcher ? demanda-t-elle.
– Il ne sert à rien de répondre à ces imbéciles, dit-il avec bonne humeur. L'homme prouve sa valeur par ses actes, non par ses paroles.
Afficher en entier[...] Malgré la distance, elle distinguait les formes élégantes des chevaux qui jouaient à se poursuivre l'un l'autre.
– Il est très difficile de les approcher, expliqua Ar'ham. Les Ours noirs tentent parfois de les chasser, mais il est impossible de les rattraper. Breht et son clan estiment qu'ils portent malheur. Moi, je pense que c'est faux. Aucun animal ne porte malheur.
Il laissa passer un silence, puis ajouta à mi-voix :
– Certains hommes, en revanche, sont capables de créer le malheur.
Afficher en entierLes hommes ne comprennent pas la souffrance des femmes. Ils ignorent ce que cela veut dire de porter un enfant pendant neuf lunes dans son ventre, de le mettre au monde dans la douleur, puis de le nourrir de son lait. Les femmes connaissent le prix de la vie et de la mort. Et elles aiment leurs enfants, même s'ils ne sont pas aussi forts que leur père le souhaiterait.
Afficher en entierUne détermination glaciale tenait Noï-rah. Mara avait récupéré Brahn dès leur retour. Elle n'avait donc pas de souci à se faire pour lui, au moins pour l'instant. Cependant, l'avenir lui apparaissait très sombre. Elle avait ressenti le besoin impérieux qui habitait Rogh, et auquel elle devait la vie. Mais elle ne se faisait pas d'illusions. S'il avait envie de profiter de son corps, il ne lui pardonnerait pas d'avoir partagé les nuits de Shonn. Il l'avait tué, mais cela ne suffirait pas à apaiser sa fureur. Lorsqu'il se serait lassé d'elle, il la tuerait. Pire encore, il tuerait aussi Brahn, car il était le fils d'Ar'ham. Rogh ne connaissait ni la pitié ni les remords. Il ne se complaisait que dans la violence et la souffrance qu'il infligeait. C'était sa manière d'affirmer sa domination. La mort importait peu à Noï-rah, mais elle devait vivre pour Brahn, et aussi pour l'enfant de Shonn. Pour eux, elle avait le courage de tout affronter. Elle n'avait pas le choix. Il lui fallait éliminer Rogh avant qu'il s'aperçoive qu'elle attendait un bébé. S'il l'apprenait, il la ferait mettre à mort dans des souffrances épouvantables.
Afficher en entier_ Noï-rah n'a plus de mari. Aussi, j'ai décidé de la prendre pour épouse.
La jeune femme le contempla avec stupéfaction. Ce n'était pas possible! Même dans ses pires cauchemars, elle n'avait pas pensé à cela. Elle venait à peine de perdre Ar'ham, et elle était loin d'envisager de s'unir à un autre homme.
_ Mais je ne veux pas! s'exclama-t-elle.
Aussitôt, il marcha sur elle et posa sa poigne sur son épaule.
_ Silence! Ne va pas t'imaginer que tu as le choix! Dans cette tribu, les femmes doivent obéissance aux hommes, et tu obéiras!
_ Je refuse! s'insurgea-t-elle.
La réponse fusa aussitôt, sous la forme d'une gifle qui l'expédia au sol, la lèvre ensanglantée.
_ Peut-être que ce crétin d'Ar'ham faisait tes quatre volontés. Mais tu vas apprendre avec moi ce qu'est un homme digne de ce nom!
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