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Il s'est mis à pleuvoir. Une pluie drue qui vous trempe jusqu'aux os en dix secondes. Stoïques, nous fonçons jusqu'à la voiture. Wyvine, explosive, me prend cinq mètres au démarrage et poursuit sa course à un rythme d'enfer. J'assume le train, à distance, quoique légèrement handicapé par le délicieux boudin aux pommes, le tiers du gras-double à la moutarde que m'a laissé Wyvine, le beaujolais du patron, le chirouble et la fort copieuse assiette de fromages. Elle a déjà mis le contact lorsque je bondis dans la voiture. Vin dieu, divins seins, qu'elle est sculpturale dans son tee-shirt tout mouillé !
J'ai oublié les deux gaillards de tout à l'heure. Auraient-ils abandonné leur filature ? Guettaient-ils notre sortie, abrités sous un porche ?
Wyvine, qui s'est contentée de deux verres de purées septembrales, garde le volant.
- Dire que si nos collègues nous font souffler dans le ballon, nous sommes dedans, soupire Wyvine. Le passager est condamné à ne rien boire comme le conducteur. Stupide et dangereux. L'excès nuit en tout. Dans l'angélisme comme dans l'alcoolisme. Une loi aussi stupide ôte toute envie de faire un effort puisque de toutes manières on est "dedans".
- Tu as renoncé à un troisième verre pour conduire. Sacrifice sage, louable et admirable. Mais, vin dieu divin vin, si des gendarmes nous cherchent noise parce que j'ai apprécié le vin du pays, je te jure : ça va barder. Je me fous de défiler devant leurs conseils de discipline, les tribunaux et tout le saint-frusquin. Il n'y a pas de justice sans révolte, écrivait Camus. Ma dose de révolte prête à exploser est bien plus importante que ma dose de divin vin.
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