Extraits

Lorsqu'il y a peu d'ennemis, je les tue. Lorsqu'il y en a beaucoup.... Je leur déclare la guerre.

Mandonius leva les yeux de ses papiers en entendant frapper à la porte. Il jeta un œil à la clepsydre et sourit : le messager avait dû chevaucher toute la nuit pour arriver si tôt.

— Entrez ! ordonna-t-il.

Les gardes introduisirent un homme couvert de la poussière de la route, l’expression fatiguée, les yeux hantés. Le simple fait qu’on l’ait autorisé à présenter sa missive sans se laver d’abord prouvait l’importance de sa mission.

— Duc Mandonius, haleta l’homme. Je vous apporte de graves nouvelles.

Mandonius s’étira comme un félin et reposa la plume qu’il tenait dans son encrier.

— Oh ? Que se passe-t-il donc pour qu’on vienne me déranger chez l’un de mes vassaux ? Ça ne pouvait pas attendre mon retour à Musheim ?

— Seigneur, non ! C’est une catastrophe !

Eleon n’était pas content.

Habillé en marchand, la capuche de son manteau tirée sur son visage, il venait de s’entretenir avec les armuriers de la place d’Armes. Les hommes aux bras musculeux, au visage tanné par la chaleur de la forge, ne parlaient que d’une chose : Rekk le Boucher était en vie. Ici, à Musheim !

La légende avait pris corps. Certains n’étaient que des enfants lors de la disparition du Boucher, d’autres le connaissaient de l’époque des guerres Koushites. Dans les deux cas, l’homme était devenu un mythe. Les colosses baissaient la voix pour évoquer le sort de Rekk, le fléau de l’Empereur Bel, l’exécuteur des basses œuvres, le monstre vomi des enfers.

Malgré tous ces faits passionnants, la seule pensée qui traversa l’esprit de Shani alors qu’elle chutait de la fenêtre du palais impérial était empreinte de fatalisme.

Si j’avais su, j’aurais appris à nager.