Extraits

Sa voix grave et sensuelle débordait de féminité, comme toute sa personne. Si vous étiez vous-même un orque, s’entend. De mon point de vue de bipède relativement gracile, la demoiselle n’avait rien de très érotisant. C’était plutôt Zerbï la barrique, Zerbï le tonneau humanoïde. Mais aux yeux des siens, pardon ! Une déesse ! L’incarnation du principe femelle ! C’était une blague éculée que de comparer les idoles de fertilité, si courantes dans les foyers orques, à une de ces bouteilles de soda de deux litres qu’on trouvait chez Grüdi. Eh bien, Zerbï était le sosie d’une de ces bouteilles. Son récent mariage avait laissé bien des cœurs exsangues.

Tandis que les Lutrin père et fille rangeaient costumes et accessoires, j'étudiai la demeure pour le moins inattendue du plus fantastique cambrioleur que le Royaume ait connu. La roulotte était des plus simples, seulement quatre ou cinq mètres de long pour trois coudées de large. Chaque chose était fermement arrimée au plancher ou aux parois : table étroite, commode basse, chaise pliante, petits lits, poêle trapu. Un aménagement minimaliste mais qui suffisait déjà à encombrer le maigre espace disponible.

Le Quatrième Duc. Merde. S'il y avait un personnage auquel nous ne souhaitions pas être confronté, auquel personne ne désirait avoir à faire, c'était bien lui ! Son nom était certes revenu régulièrement au cours de notre enquête mais de loin en loin, une ombre inquiétante en bordure de chemin, une présence malveillante mais distante. Jamais encore de façon aussi franche. La menace devenait salement réelle, tout à coup. Pixel résuma la situation avec son optimisme habituel : « On va tous mourir. » Tobias rit, prenant peut-être pour un trait d'humour noir ce qui était, dans la bouche du pillywiggin, un constat frappé au coin du bon sens.