Vous utilisez un bloqueur de publicité

Cher Lecteur,

Nous avons détecté que vous utilisez un bloqueur de publicités (AdBlock) pendant votre navigation sur notre site. Bien que nous comprenions les raisons qui peuvent vous pousser à utiliser ces outils, nous tenons à préciser que notre plateforme se finance principalement grâce à des publicités.

Ces publicités, soigneusement sélectionnées, sont principalement axées sur la littérature et l'art. Elles ne sont pas intrusives et peuvent même vous offrir des opportunités intéressantes dans ces domaines. En bloquant ces publicités, vous limitez nos ressources et risquez de manquer des offres pertinentes.

Afin de pouvoir continuer à naviguer et profiter de nos contenus, nous vous demandons de bien vouloir désactiver votre bloqueur de publicités pour notre site. Cela nous permettra de continuer à vous fournir un contenu de qualité et vous de rester connecté aux dernières nouvelles et tendances de la littérature et de l'art.

Pour continuer à accéder à notre contenu, veuillez désactiver votre bloqueur de publicités et cliquer sur le bouton ci-dessous pour recharger la page.

Recharger la page

Nous vous remercions pour votre compréhension et votre soutien.

Cordialement,

L'équipe BookNode

P.S : Si vous souhaitez profiter d'une navigation sans publicité, nous vous proposons notre option Premium. Avec cette offre, vous pourrez parcourir notre contenu de manière illimitée, sans aucune publicité. Pour découvrir plus sur notre offre Premium et prendre un abonnement, cliquez ici.

Livres
715 452
Membres
1 017 259

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode

Ajouter un extrait


Liste des extraits

Extrait ajouté par tekyla 2020-08-05T22:18:08+02:00

L’eau m’appelait. Telle une sirène par une nuit brumeuse, attirant par sa voix mélodieuse les marins esseulés à s’approcher. Leur offrant la promesse d’une compagnie, avant de les faire finalement sombrer dans les profondeurs abyssales jusqu’à ce que la vie les quitte et que l’onyx, tourbillon d’eaux caverneuses, tâche de les engloutir pour de bon.

Le lac se muait en un lieu sinistre, à la nuit tombée. Le faible clapotis de l’eau s’écrasant contre les galets, l’odeur d’humidité ambiante, et la manière dont le ciel paraissait se rapprocher bien plus de l’homme, du moins c’était l’impression que donnait le brouillard épais, flottant bas et écrémant la surface de l’eau qui oscillait constamment. Ces phénomènes ne détenaient pas nécessairement une connotation lugubre pour d’autres, mais ils réveillaient une noirceur enfouie en moi. Un état d’esprit tapi en permanence sous la surface, sous le sourire facile que j’adressais aux gens dans la rue et à mes proches.

Bien que cet état d’esprit soit déplaisant, je ne pouvais le tenir éloigné. C’était une étrange sorte d’addiction, parfois un désir compulsif intense. On dit que les personnes dépendantes le sont car elles en tirent quelque chose. Quel que soit l’objet de leur addiction, il répond à un besoin, comble un certain vide dans leur vie.

C’est vrai. En tout cas, ça l’est pour moi.

À l’exception de l’ondulation de l’eau et de la brise soutenue, il régnait un silence de plomb ici – en omettant les cris d’oiseaux occasionnels et les coassements répétitifs des grenouilles. La rive était généralement déserte lorsque je la longeais, il faisait d’ordinaire nuit, et les heures traditionnellement réservées à la socialisation étaient ainsi passées. La rive du lac qui piquait le plus mon intérêt était la moins peuplée. Les fêtes et autres feux de camp, parkings et bécotages se tenaient de l’autre côté, où se trouvait ce que l’on pouvait considérer comme une plage.

Je préférais l’intimité qu’offrait cette rive. La solitude me permettait de laisser libre cours à mes pensées, sans crainte d’être dérangé. Mes pensées, et souvenirs, plus précisément. La vivacité dans mon esprit de ces événements si lointains était quelque peu troublante. Des détails qui auraient dû s’estomper avec le temps, des sentiments qui – affirmaient les gens – devraient s’atténuer jusqu’à ne constituer plus qu’un bruit de fond.

C’était un mensonge.

Ces personnes étaient ignorantes, s’exprimaient sur des sujets dont elles ne connaissaient rien. Je les laissais nourrir leur aveuglement. Après tout, c’était plus simple. Pour eux comme pour moi.

Les plantes de mes pieds étaient presque désensibilisées au contact du tapis irrégulier, parfois tranchant, que formaient les cailloux. Je ne portais jamais de chaussures ici. Je préférais le contact glacial et osseux de l’eau autour de mon pied, l’engloutissant momentanément. Je me reconnaissais dans les cailloux gisant sous mes pieds, dans leur disposition désordonnée, menaçant mon équilibre en permanence… Mais curieusement, l’instabilité me donnait de l’aplomb.

La fin de l’été approchait à grands pas. Bientôt, cette petite ville touristique en bordure de lac redeviendrait tranquille. La brise automnale apporterait un froid mordant, et les résidents à l’année se regrouperaient en masse, en une communauté si soudée qu’elle en était presque suffocante.

Une brise plus fraîche que les précédentes m’enveloppa, amenant mes cheveux logés derrière mes oreilles à fouetter mes yeux. Au lieu de les repousser, je tournai la tête et portai mon regard loin sur la vaste étendue d’eau. Le vent qui ne cessait de souffler tâcha de libérer totalement mon visage de mes cheveux, les faisant voler derrière moi.

Le contact glacé de l’eau commençant à piquer mes orteils alors qu’elle les recouvrait une nouvelle fois, je glissai mes mains à l’intérieur de mon jean blanc. Mes doigts se recroquevillèrent dans mes paumes. Je restais immobile, l’eau pénétrant mes chevilles, le vent poussant et tirant mes cheveux et vêtements. Il faisait nuit, le brouillard était bas, et les étoiles et la lune s’étaient égarées dans le ciel obscur. Toutefois, je décelais encore la silhouette de l’île qui semblait flotter perpétuellement à la surface du lac, à un kilomètre et demi du rivage.

J’ignorais la taille réelle de l’île. Personne ne le savait. Personne n’y avait jamais mis les pieds, puisque personne n’y avait été invité. Tout ce que je savais était que la manière dont elle paraissait flotter n’était qu’une illusion, puisque si elle flottait véritablement, elle aurait dérivé depuis bien longtemps… mais elle se dressait toujours là.

Maintenue en place par des racines et de la terre qui atteignaient probablement les tréfonds du lac, assemblant une ancre que seule Mère Nature pouvait procurer.

L’île et la maison qui s’y dressait constituaient un mystère. Au même titre que la personne qui résidait sur l’île.

Tout le monde, ici à Loch, se plaisait à spéculer au sujet de cette île. Les rumeurs et théories fusaient. Les murmures flottaient de rue en rue, surtout lors des rares occasions où la femme qui y vivait venait en ville afin de s’approvisionner.

J’entendais toutes les spéculations, mais conservais les miennes pour moi seul. Si je les faisais connaître, je n’aurais pas été en mesure d’expliquer pourquoi mon regard se baladait toujours sur le monticule de terre troublant, dissimulé par des arbres matures et la distance créée par la vaste étendue d’eau.

Une nouvelle forte rafale de vent surgit de côté, amenant un brouillard encore plus épais, créant un voile opaque et obstruant le peu de vue dont je disposais du contour de l’île. C’était comme si quelqu’un avait tiré un rideau sur la fenêtre devant laquelle je me trouvais.

L’eau éclaboussa mes mollets, ce qui les trempa, et tâcha d’alourdir mon pantalon. N’y prêtant pas attention, je me tournai, les mains toujours fourrées dans mes poches, mi marchant mi pataugeant dans l’eau peu profonde en aval du rivage.

Je devrais m’en aller. Le bref laps de temps que je m’autorisais à passer ici chaque soir touchait à sa fin, mais ce soir l’attraction était encore plus vivace, presque douloureuse, et elle maintenait mes pieds plantés dans l’eau. Repliant la tête contre ma poitrine, je ralentis mon allure et commençai à flâner.

J’avais l’impression que le vent me poussait à avancer, et bien que je sois athlétique, je me trouvais impuissant face à sa persistance. Alors que je déambulais, je remarquai que mon pantalon, y compris la partie trempée, semblait briller dans l’obscurité.

Les souvenirs se glissèrent dans ma gorge, ou peut-être plutôt l’éventualité. Peu importe ce que c’était, cela avait un goût légèrement salé, en dépit de la fraîcheur de l’eau. Je me répétais à moi-même (seulement parce qu’il me fallut des années entières de conditionnement our parvenir à cet argument) que je n’avais aucun moyen de savoir ce qui aurait pu éventuellement se passer, puisque cela m’avait été arraché… ou plutôt noyé quelque part, en dessous de ces quatre-vingts kilomètres d’eau.

Immergé dans l’eau autant que dans mes pensées, j’avançai sans remarquer que le brouillard m’enveloppait, telle une étreinte malsaine. Une sensation étrange naquit dans ma nuque, contractant mes muscles et me causant un frisson. Mes jambes se figèrent, mais les mouvements du vent et de l’eau me donnèrent l’impression d’être toujours en train d’avancer.

Quelque chose flottait au gré des vagues, non loin devant moi, mais un peu éloigné du rivage. Clignant des yeux, pensant qu’il ne s’agissait que de mon imagination ou du lac qui me jouait des tours, je regardai de nouveau dans cette direction.

Une légère houle amena la pâle silhouette plus près, avant de la ramener doucement en arrière, comme si le lac ne savait pas s’il devait conserver ou rejeter l’objet.

Me précipitant en avant, mes yeux fixaient l’objet, m’attendant toujours à ce qu’il disparaisse dans l’eau ou se brise, mais ce ne fut pas le cas.

Au fur et à mesure que j’avançais, mon cœur cognait plus fort dans ma poitrine. Un sentiment de malaise se déploya dans mon bas-ventre, ballotté comme si l’alcool absorbé deux jours auparavant menaçait de remonter à tout moment sans crier gare.

Ma salive était épaisse et curieusement sèche alors que je m’efforçai de l’avaler. Ce qui paraissait être une touffe de cheveux, de couleur si claire qu’elle contrastait avec l’eau sombre, paraissait vouloir s’avancer vers moi, comme appelant à l’aide.

Je me mis à courir. Le silence fut perturbé par le bruit de mes pas dans l’eau ainsi que la manière funeste dont elle engloutissait mon pantalon, essayant de me happer.

Les cheveux s’avéraient être plus loin que je ne le pensais. Une autre illusion du lac.

— Hé ho ? lançai-je, à moitié penché désormais, utilisant mes bras pour fendre l’eau.

Un sentiment intense d’urgence proliférait dans mes veines, m’intimant de plonger dans l’eau, en position de nage.

J’étais oublieux de la température glaciale de l’eau et de la manière dont le liquide sombre tentait de m’avaler. Tel un couteau dans du beurre, mes membres la traversaient, et en quelques instants, qui me semblèrent constituer une éternité, j’avais atteint l’endroit où se trouvait le corps.

Un corps flottait dans le lac. Voguant à la dérive vers le rivage, comme un vulgaire détritus sans vie.

Refermant ma main sur un bras fin et trop froid, je rassemblai toute l’adrénaline dont je disposais afin de le tirer vers moi d’un coup sec.

La peau pâle percuta la mienne alors que je m’efforçais de me stabiliser sur mes pieds, glissant légèrement sur le sol boueux et irrégulier. Lorsque je fus parfaitement stable, le niveau de l’eau ne dépassait pas ma taille. Soulevant le corps à la surface, mes membres tremblaient de froid et de peur alors que je le logeais maladroitement dans mes bras.

Afficher en entier

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode