Extraits

[...]

Arrête de te la jouer cow-boy solitaire ! On est plus forts ensemble, Renaud. Toi et moi.

- Je veux t'apprendre à voler, lui révéla-t-il enfin.

- Ah, je croyais que tu m'avais éloignée de la ville pour te débarrasser du corps.

- Ces machins ont toujours leur sale foutu caractère de merde ?

- Salut Kilian, fit Wesson. Va chier, je te prie, merci.

- Ton caractère, souligna Renaud en les rangeant dans son holster. Je te signale que c'est toi qui les as créés.

- Tu m'as vraiment manqué, vieux frère...

- Vieux? Non mais crève, charogne!

- Eh! Moi je boite pas comme une chèvre qui s'est cassé la gueule du haut de la montagne, je te signale.

Renaud mit au contact avant qu'elle ne puisse en apprendre davantage. Il lui sourit, l'air désolé :

- Ce sont des choses que je ne peux pas encore partager avec toi, mais tu comprends maintenant ce qui me préoccupe.

- Alors ce n'était pas contre moi...

- Non. Ce ne sera jamais contre toi, Lara. Quoi qu'il puisse arriver. Nous avons bravé trop de tempêtes ensemble pour que cela change du jour au lendemain. D'accord?

- Renaud, je... je voulais te parler de quelque chose.

- Vu ta subtile manoeuvre pour me rejoindre ici, je m'en doutais un peu.

La blague bien que destinée à la faire rire, manquait de chaleur.

- C'est à cause du rêve, c'est ça? reprit-il.

- Non. De toi.

- Comment cela?

- Je te trouve... différent. Par certains aspects, tu me fais penser à moi... avant. Sur Bagne. Tout le temps sur la défensive.

Renaud soupira, renonçant à ses airs bravaches:

- Il n'y a qu'à toi que je l'avouerai, parce qu'il n'y a que toi qui l'a remarqué, mais... oui. Je suis plus que jamais proche de mes ennemis. Peur d'échouer. De ne pas saisir la bonne occasion. Peur d'avoir attendu vingt ans pour rien.

— Juste toi et moi contre le monde entier.

— Encore ? soupira-t-elle.

— Encore.

Ivre de puissance et de liberté, sa projection astrale bondissait d'une lanière de vent à une autre, imitant du mieux possible les déplacements de Renaud. Son attention, elle, flottait tel un papillon volage. Elle avait beau garder en tête les avertissements de Renaud, tout l'étonnait sous cette forme: le sentiment du vent sous ses ailes inexistantes, la vigueur du souffle qui la poussait en avant, l'absence d'horizon, de haut, de bas... plus rien ne la retenait, pas même son corps, elle était... libre !