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Les parents de Gilbert, avant de se nommer Max et Paulette, avaient pour prénoms Majer et Paula. Ils avaient émigré de pays qui n'existent plus, la Transylvanie hongroise, la Galicie polonaise, la Bessarabie russe. Ils n'avaient pas fait d'études, mais ils parlaient à eux deux sept langues couramment, l'allemand, le hongrois, le russe, le roumain, le yiddish, le polonais et le français. L'allemand était la langue de l'administration, le hongrois, celle de l'école, le roumain, pour ma grand-mère, la langue de l'occupant, le russe, la langue du commerce, le yiddish, la langue de la cuisine et de l'amour, et le français, celle dans laquelle ils avaient élevé leur fils.
Afficher en entierHélène et les autres femmes dont il tombait amoureux, que l'on désire pour une nuit ou plusieurs, comment fait-on, mon vieux ? Est-ce que tous les hommes ne sont pas déchirés, coupés en deux, d'un côté la mère aimée de ses enfants et de l'autre celles qu'on n'a pas épousées ?
Afficher en entierCe que l’on peut désigner comme des avancées de la science, de la médecine, de la mécanisation, de la fin du travail manuel ardu, nous conduit vers la dévastation de nos richesses, de nos cultures, de notre faune et de notre flore, de notre diversité humaine. ... Lévi-Strauss lui apprend à se défier de ses croyances dans un monde de progrès qui irait « vers l’avant ». Il dévoile les dévastations qui conduisent vers d’autres dévastations.
Afficher en entierPeu de gens veulent de manière délibérée le mal, ont conscience de détruire. Ils détruisent en pensant faire le bien, c’est d’ailleurs la manière la plus puissante de faire le mal, vouloir faire le bien. Je ne fais que citer Vassili Grossman : « Là où se lève l’aube du Bien, les enfants et les vieillards périssent, le sang coule.
Afficher en entierIl faut observer et voyager. Gilbert répétait à ses enfants, Il faut vous créer de beaux souvenirs, reconnaissant que ce qui est beau et bon ne peut durer.
Afficher en entierConversations oubliées, notes perdues, dossiers administratifs, archives publiques.
En France, l'administration conserve tout et je me suis longtemps demandé la raison de cette obsession conservatrice. J'ai fini par la comprendre et l'admirer.
Alors que nos souvenirs sont des mensonges, nos passés au mieux flous, quand ils ne sont pas transformés, les archives offrent de minuscules assises. Je ne sais rien et cela est si facile, il suffit de prendre le métro, de tendre sa carte d'identité, de remplir une demande et un dossier, alors apparaissent un nom, une date, une lettre, des photos, une clarté.
Grâce à ces archives, je me suis avoué, pour la première fois, que ni mon père ni moi n'étions coupables de nos errances en tout genre, et que, peut-être je pouvais accepter d'être aimée.
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