Extraits

Après quelques instants, lorsque la nausée se calma enfin, je relevai la tête et découvris une paire de chaussures en cuir brillantes et polies. Suivies d’un pantalon noir bien taillé, très ajusté à l’entrejambe, d’une chemise blanche déboutonnée, d’une traînée de poils noirs qui parsemaient un torse incroyablement sculpté, et deux yeux d’un vert doré qui affichaient un air à la fois satisfait et stupéfait.

Putain de merde.

— Je savais qu’on se reverrait, chaton, mais je ne pensais pas que tu te matérialiserais brusquement dans ma chambre et que tu viderais le contenu de ton estomac sur mon parquet

— Sérieux, je crois que je m’améliore. Je crois que je ne vais pas vomir cette fois, déclarai-je d’un ton plein de confiance… juste avant que mon estomac fasse un soubresaut et que je rende à nouveau.

— Ouais, une véritable voyageuse interdimensionnelle, répondit Solus sans la moindre trace d’humour.

Je me relevai et essuyai ma bouche avec le dos de ma main.

— Zut. Je vais avoir besoin de nourriture et d’une brosse à dent avant qu’on aille quelque part.

— Et moi qui pensais que tu étais un dragon féroce et méchant qui n’avait besoin que d’une arme pour aller saccager le Ministère des Mages.

— J’imagine que je pourrais les tuer rien qu’avec mon haleine, mais je préfère autant faire ça l’estomac plein, dis-je en lui jetant un regard sérieux.

“But it is your turn to live now. Your turn to love. Your turn to receive.”

– Je découvre une facette de toi que j’ignorais totalement, Solus.

– Et tu ferais bien de ne pas l’oublier ma petite dragonnette.

– Je m’appelle Mack.

– On s’en fiche.

“I thought you’d have liked maypole dancers, being a faerie and all, you know.”

“Just because I am in your company right now does not mean that I am not usually refined and cultured. We Fae are creatures of renaissance. We are not thugs.”

“I am learning an entirely different side to you, Solus.”

“And you would do well to remember it, my little dragonlette.”

— Ça n’explique toujours pas pourquoi tu les aides. Qu’est-ce qu’ils ont fait pour toi, eux ?

Je soupirai et m’approchai d’une autre parcelle.

— La vie, ce n’est pas toujours une histoire de réciprocité, Solus. Parfois, on est gentil juste pour être gentil.

Mieux valait ne pas mentionner le genre de réciprocité que je venais d’imaginer avec Corrigan.

Ce putain de sang de dragon ne servait à rien ; il était toujours impossible à contrôler et jamais là quand j'avais besoin de lui.

- Oh, marmonnai-je. Alors tu ne vas vraiment pas...

- Non, espèce d'idiote irresponsable, je ne vais vraiment pas.

- Tu n’es pas malade, hein ?

- Je peux t’assurer que je vais parfaitement bien et je te remercie de t’en soucier. Mais ce n’est pas nécessaire. Maintenant, avec tout mon respect, va te faire voir.

J’avais presque fini de reconstituer la pile, lorsque je tendis la main vers l’un des derniers bouquins. Il ressemblait à tous les autres, avec sa couverture en cuir craquelé et sa tranche d’un doré qui s’estompait, mais lorsque je le ramassai, je sentis que quelque chose était différent. Ce n’était pas tout à fait un bourdonnement, ni même une vibration, mais mes doigts se mirent à picoter, et avant même de m’en rendre compte, j’avais commencé à feuilleter le livre.

Il y avait une illustration magnifique sur la première page, dont les couleurs vibrantes démentaient l’âge véritable du livre. C’était un paysage, avec des collines verdoyantes et une rivière d’un turquoise assez sombre. Je parvins à distinguer une structure peinte en gris au dernier plan, et ce qui ressemblait à un grenadier au premier plan. Je tournai précautionneusement la page pour éviter d’abîmer le vieux papier, et l’instant suivant, toute prudence oubliée, je jetai le livre loin de moi comme s’il m’avait brûlée. Parce que sur la page suivante, la page de tire, n’était pas écrite en anglais. À la place, se tenait fièrement une unique rune fae.

Mon cœur se mit à battre la chamade. Un livre fae ? Ici ? Au fond de l’Écosse rurale ? Je continuai à le fixer depuis l’autre bout de la pièce avec autant de méfiance que s’il allait s’animer et m’attaquer, mon cerveau fonctionnant à cent à l’heure.