Commentaire de Allebei

Sheila Webb est une sténo-dactylo dans une agence de secrétariat. Sa patronne Miss Martindale, surnommée Sandy Cat par ses employées l'envoie en mission chez une certaine Miss Pebmarsh, avec comme instruction d'entrer directement dans la demeure, non verrouillée, si la cliente est absente, et auquel cas, de l'attendre.

Arrivée sur place, Sheila entre dans la maison à la porte non verrouillée. Aussitôt, elle découvre un cadavre étendu sur le sol. Autour d'elle, plusieurs pendules affichant toutes la même heure, avec une heure de retard. Affolée, Sheila sort dans la rue, se heurte à un beau jeune homme, Colin Battle, surnommé "Lamb" (agneau) qui lui porte secours. Peu après, la cliente aveugle revient chez elle avec ses cabas, et manque de marcher sur le corps… Que font tous ces gens chez elle ? C'est bien la question parce qu'elle n'a jamais appelé la société où travaille Sheila. Et qui est ce défunt qui selon la carte de visite dans sa poche serait un assureur du nom de Curry ? Colin mène l'enquête. Bien sûr, il n'est pas seul. Un ami de son père l'aide un peu en faisant travailler ses petites cellules grises. Vous l'avez deviné, c'est Hercule Poirot, qui de son fauteuil donne ses déductions. Mais avant tout, il commence par lire des romans policiers. Il juge les classiques, se fait critique littéraire. Et il ne manque pas de dire un mot de l'écrivain inventée par Agatha Christie (c'est son double dans les romans), la prétentieuse Ariadne Oliver. Poirot dit qu'elle a commis une seule erreur : avoir choisi un enquêteur Finlandais alors qu'elle ne connaît rien à la Finlande. Au moins, Agatha Christie a le sens de l'humour ! En effet, elle a voulu faire un Belge de son Hercule Poirot. Mais celui-ci n'a rien d'un Belge (et ça, c'est sûr, il n'a rien du tout du caractère, du tempérament et des habitudes Belges). Quoi qu'il en soit, notre Belge de service parle trop roman policier par ici pour que ce soit anodin. D'ailleurs, c'est grâce à un roman qu'il va résoudre la situation...

Franchement, j'ai moins apprécié ce livre que les autres de la collection. Beaucoup de points sont obscurs et le restent. D'autres détails sont tirés par les cheveux. Certes, les personnages sont attachants pour certains. Spoiler(cliquez pour révéler)Sheila et Colin sont sympathiques (et comme convenu, il y aura un "happy end" pour eux). Edna qui casse un talon de sa chaussure, autre détail capital de l'histoire, est passablement fade, les voisins de ce quartier, caractéristiques et tous insupportables. Seulement, on ne comprend rien. Pourquoi l'homme a-t-il été justement tué chez le professeur aveugle qui est en réalité une taupe qui travaille pour l'ancien bloc de l'Est (nous sommes à l'époque de la Guerre froide) ? Pourquoi les assassins veulent-ils justement faire porter le chapeau à Sheila... dont on apprend qu'elle est la fille de la dame aveugle aux dernières pages ? Les assassins le savent-ils ? On ne dirait pas. Quant aux pendules, c'est le cas de le dire, elle sont là pour faire de la décoration et pour donner le titre à ce roman. Au fait, qui a écrit cette histoire ? L'écrivain mort dont Hercule Poirot a acheté le manuscrit et qui a inspiré l'assassin ou l'une des secrétaires de la société de Miss Sandy Cat ? Parce que là, ce roman qui mêle le policier et l'espionnage est un peu décevant. Toute l'intrigue est si embrouillée qu'il est difficile de s'y concentrer. D'accord, on a du pittoresque avec les riverains : la dame d'un certain âge avec sa quinzaine de chats, les retraités qui jardinent, la petite fille qui passe son temps à espionner le voisinage, les filles au pair danoises et norvégiennes, la famille anglo-canadienne et les autres... Et ce cadavre ! Mais qui est cet homme ? Par bonheur, son ex-femme, Merlina Rivals sort comme un lapin d'un chapeau et (Bingo !) révèle son identité à la police qui ne trouve pas non plus le mobile du meurtre. Le pauvre homme est un escroc qui séduit les femmes et vole leurs économies ! Malheureusement, il meurt dans cette histoire mais il n'est pas le seul : Edna est étranglée avec son écharpe dans une cabine téléphonique, et l'ex-femme du mort est poignardée ! Incompréhensible ! Or, Hercule Poirot qui n'a pas bougé de chez lui et que l'on voit peu, trouve ! Il est bien chanceux, parce que moi, j'ai toujours du mal à y voir clair après avoir lu et relu plusieurs fois - et je n'ai toujours rien compris. Beaucoup de choses m'échappent. Bien sûr, le mobile du crime n'apparaît qu'à la fin. On pouvait se douter que c'est encore une histoire d'héritage, d'argent et qu'il y a quelqu'un qui ne vit pas sous sa véritable identité... c'est ce que l'on retrouve dans les livres d'Agatha Christie et ça devient prévisible, vu que c'est un lieu commun. Franchement, il aurait été plus simple de poignarder l'inconnu et le laisser pour mort au lieu de le déplacer, de créer toute une mise en scène ridicule ! Pardonnez-moi l'expression familière, mais l'assassin s'est donné beaucoup de mal pour rien : "Quelle prise de tête" pour lui !

Ce roman n'est pas l'idéal pour se faire une idée de l'oeuvre d'Agatha Christie : ce n'est pas son meilleur récit. Il n'est pas désagréable à lire mais il me laisse avec trop d'interrogations. Sans réponses, sans confirmations, cela ne passe pas. Mais j'ai quand même passé un bon moment parce que j'aime bien l'auteur. Donc, en conclusion, à réserver aux fanatiques d'Agatha Christie...