Extraits

- Tu vois ? Un vrai conte de fées. Tu es amoureux d'elle ?

Une petite flamme s'est allumée dans ma poitrine, mais je l'ai étouffée.

- ça fait quatre jours qu'on sort officiellement ensemble, même si ça reste un secret. Alors, je crois qu'il est un peu tôt pour formuler les choses comme ça sœurette.

- Le prince charmant l'a su dès le premier soir.

- Ce gros nul de prince n'a pas été foutu de courir assez vite pour rattraper Cendrillon, qui n'avait pourtant plus qu'une seule chaussure.

— Tu m’as fait peur. Et avant que tu te mettes sur la défensive, oui, je sais que tu peux te débrouiller toute seule. Que tu es la meilleure, que tu n’as pas volé ta réputation. Tu maîtrisais, OK. Si ça avait été quelqu’un d’autre, raisonnablement, je n’aurais pas autant la trouille. Mais lui…, s’est-il interrompu pour désigner son cœur battant, lui, il n’écoute pas la logique. Il s’est arrêté dès que tu as entamé ton virage, et il ne s’est remis à fonctionner qu’en te voyant saine et sauve sur le pont. Il refuse d’entendre la raison, parce qu’il est terrifié à l’idée de t’appartenir. Tu comprends ?

Las Vegas

Le gosse me dévisageait encore. Je me tenais dans le foyer du Bellagio, où je lisais distraitement mes SMS.

Sauf qu’en levant les yeux, je me suis aperçue que cette grande gigue de préado me fixait bêtement, avec sa casquette Fox Motocross et son T-shirt des Nitrus Circus World Games.

Vu sa manière de me reluquer entre deux coups d’œil jetés à son téléphone, il savait qui j’étais.

Coup de bol, à cet instant-là, j’ai reçu un texto de Little John. Ça m’a permis d’oublier que le gamin devait être en train d’indiquer mon emplacement sur Twitter.

Génial.

Tout est prêt.

— Bienvenue au cours d’histoire d’Amérique latine.

En entendant cette voix grave avec son léger accent, j’ai lâché mon stylo. Tout à coup, il m’était devenu aussi inutile que mon cerveau.

— Ce cours tiendra lieu de TD d’études en mer. Je vais avoir le plaisir d’apprendre à vous connaître pendant les trois mois à venir, puisque vous allez devoir me rendre un mémoire de trente pages.

Tout le monde a gémi. Lentement, j’ai décollé les yeux de mon carnet pour regarder, au-delà du rouquin assis devant moi, l’homme qui s’appuyait nonchalamment sur son bureau. J’ai détaillé le pantalon qui moulait ses hanches, le contraste de sa chemise blanche aux manches retroussées avec sa peau bronzée, et la cravate lâchement nouée autour de son cou. Je me suis attardée sur ses lèvres, sur la ligne puissante de son nez et de ses joues, sur l’éclat noisette de ses yeux.

Il s’adressait aux élèves assis dans l’autre coin de la pièce. Sa tignasse désordonnée indiquait qu’il avait dû se passer les mains dedans un bon nombre de fois, et son sourire éclatant creusait ces fameuses fossettes qui m’avaient fait fondre.

Mon cœur a cessé de battre et ma respiration s’est bloquée, comme si le moindre geste avait pu le faire disparaître. Une vague de chaleur m’a envahie, et le poids qui pesait habituellement sur ma poitrine s’est envolé, aussi sûrement que la dernière fois que je l’avais vu.

— Bon, on va s’y mettre sans tarder. J’arrive tout juste des États-Unis, mais je vais tâcher d’apprendre vos noms d’ici la fin de la semaine. Maintenant, si vous voulez bien m’accorder ce plaisir, ça fait huit ans que j’attends avec impatience de le dire : je suis le professeur Delgado.

Deux pensées m’ont frappée simultanément.

La première : Delgado. Au moins, voilà, je connaissais son nom de famille

La deuxième : Merde alors ! Cruz était mon professeur

Il m'aimait. Il m'aimait vraiment, pas comme mes parents - pour lui, je n'étais pas un simple trophée. Non, il se contentait de m'aimer en silence, de braver tous les dangers pour moi, risquant sa carrière et sa réputation, en échange de mon corps et de mon cœur.

Il n'y aura personne d'autre, Penelope, parce que je préfère des instants volés avec toi plutôt qu'une relation normale avec une autre.

Tu es tout ce que je veux, tout ce dont j'ai besoin. J'aimerais seulement pouvoir être ce dont toi, tu as besoin.

-Alors toi et moi ? Ai-je demandé doucement.

- Toi et moi, a-t-il confirmé en s'emparant de mes lèvres pour me gratifier d'un baiser langoureux. Ce ne sera pas facile.

- Comme tout ce qui vaut la peine d'être vécu.

C'est sans doute absurde, mais me mettre en avant, ce serait étouffer ce petit fragment de rêve à tout jamais, et je ne suis pas encore prêt.

Je ne fais jamais ça. Je ne cours pas après les garçons. Je sors pas avec eux. Je ne risque pas ma réputation pour un mec, pour un coup d’un soir, et j’évite de me faire jeter. Mais je crois que tu sois le seul qui soit assez fort pour gérer les différentes facettes de la femme que je suis. Tu es tout ce que je veux, tout ce dont j’ai besoin. J’aimerais seulement pouvoir être ce dont toi, tu as besoin.