Extraits

Il enfouit son visage dans mes cheveux.

— Je sais que j’ai été dur avec toi, Megan. J’ai fait tout ce que je pouvais pour te tenir à distance. Mais ça n’a servi à rien. À la fête, comment crois-tu que j’ai su que tu surveillais Sophie ?

— Je ne devais pas être très discrète.

— Et moi, je devais passer pas mal de temps à vous observer, Alex et toi. J’étais tellement jaloux de lui que j’ai failli exploser.

Alors que je pouffe derrière ma main, il l’écarte lentement et son regard tombe sur ma bouche.

— Quand je pense que tu essayais de pousser Sophie dans mes bras, reprend-il avec un sourire.

— Je ne savais pas que j’avais une chance, murmuré-je en suivant la courbe de ses lèvres du bout du doigt.

— Megan, je t’aime. Je t’aimerai toujours.

Ma gorge se serre.

— Ça te fait peur ?

— Oui. Et toi ?

— Encore plus que la première fois. Parce que, maintenant, je sais ce que c’est que de te perdre, souffle-t-il avant de m’embrasser.

— Sophie, demande-t-il en démarrant, est-ce que tu connais la nouvelle maison de Kristy ?

— Non, mais j’ai entendu dire qu’elle était sensationnelle.

— Les baignoires sont tellement grandes qu’on peut les traverser en canot, plaisante

Alex.

Elle s'approche de la table et, les mains posées sur le dossier d'une chaise, me lance:

-Tu n'est pas du tout comme ta mère.

Spoiler(cliquez pour révéler)Je relève la tête, surprise. Quelle drôle de remarque de la part de quelqu'un qui ne cesse de me rappeler que j'ai été adoptée !

- Parce que vous vous attendiez à ce que je le sois ?

- Les enfants prennent les habitudes de ceux avec qui ils vivent. Même à l'adolescence, ta mère était douce et bonne avec tout le monde. Elle ne faisait jamais de remarque désobéissante à qui que ce soit.

- Elle n'a pas changé, dis-je en reposant la boîte de céréales sur la table.

- De qui tiens-tu cette langue bien pendue alors ?

Je me lève en soupirant.

- Je ne sais pas. De qui votre fille tient-elle sa douceur ?

 Goûte la soupe, m’ordonne grand-mère.J’approche mon bol et j’y plonge ma cuillère. Je l’en ressors remplie de morceaux gris-blanc informes.— Elles ne sont pas crues, m’indique Matt, enfin plus une fois qu’on les a jetées dans le liquide bouillant.— Qu’est-ce qui n’est pas cru ? demandé-je en reposant ma cuillère.— Les huîtres.Bien obligée, je me lance. Je n’ai jamais mangé de fruits de mer plus visqueux, et encore moins qui baignent dans de la crème épaisse.— Pourrais-je avoir les haricots, s’il vous plaît ?— Tu n’es pas végétarienne tout de même ? s’exclame grand-mère. Je refuse de te nourrir, si tu l’es.— J’aime tout, grand-mère, mais particulièrement les haricots verts, expliqué-je d’un ton patient

Seigneur, pardonnez-nous nos offenses de ce jour. Bien que nous mentions avec nos lèvres et notre cœur, rappelez-nous à Votre vérité, et accordez-nous Votre miséricorde au lieu de faire justice comme nous le mériterions. Amen.C’est la prière la plus sinistre que j’aie jamais entendue à un dîner.— Puisque nous en sommes à prier, nous devrions peut-être rendre grâces aussi, suggéré-je.Matt lève les yeux.— Libre à toi de le faire si tu le souhaites, mais pas ici, me répond grand-mère en me tendant le plat de viande. Cela dit, je suis soulagée de constater que tes parents n’ont pas fait de toi une païenne complète, même s’ils t’ont sans aucun doute transmis des idées saugrenues

Lorsqu’il se tourne enfin vers moi, je suis prête à lui décocher un regard noir et à « lui faire subir le supplice du gril », comme disent mes frères. Mais ses yeux me prennent au dépourvu. Ils sont sombres et magnifiques, d’une profondeur immense, comme une rivière par une nuit sans lune. Je comprends maintenant pourquoi ces trois filles se trouvaient dans sa jeep

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"Il est facile de voir les choses clairement quand on ne les voit qu'en noir et blanc, ou qu'on estime qu'il n'existe que deux façons d'agir. Ce n'est jamais le cas"

-Entendons-nous bien Megan . Je respecterai ton intimité mais j'attendrai de ta part que tu fasses de même avec la mienne .

Stupéfaite , je la regarde fermer la porte derrière elle . Qu'a-t-elle voulu dire par là ? ça fait seize ans que je respecte sa vie privée . Si elle ne voulais pas de rapprochement entre nous , pourquoi m'a-t-elle invité ?

-C'est joli, dis-je. Il y a beaucoup de glycine par ici ?

-Les gens en plantent, répond Ginny, mais en réalité, la parcelle de terre qui est devenue Wysteria(nom de la botanique grec de la plante d'ornement qu'est la glycine) a été gagnée par un joueur de whist. C'est de là que vient le nom de la ville à l'origine. Puis, au XIX° siècle, quelques citoyens intègres qui désapprouvaient les jeux d'argent ont décidé d'effacer la référence tout en gardant la même sonorité. Je me demande ce que ça aurait donné si le joueur avait gagné à l'attrape-couillon !

J'éclate de rire.