Ajouter un extrait
Liste des extraits
— Capitaine Cazhel, grogna-t-il, responsable de la réserve territoriale. Vous êtes David Sarella, l’assistant-zoologue ?
Il fouilla dans la poche de son treillis et en tira une boîte de friandises d’où montait un curieux bourdonnement. David l’y vit pêcher un insecte noir aux pattes frémissantes, et l’enfouir dans sa bouche. Il perçut nettement le craquement de la carapace de chitine sous la pression des molaires et ne put retenir un frisson. Il n’avait jamais pu s’habituer à cette pratique, pourtant, depuis que les diptères des marais fanghiens avaient été reconnus source de longévité par la faculté de médecine (à la condition expresse qu’on les consommât vivants !) tous les colons de la galaxie bêta s’adonnaient à cette gourmandise coûteuse.
Afficher en entierMais les agressions ne se sont pas arrêtées pour autant, alors la mutation a poussé encore plus loin son alchimie. Loi d’adaptation oblige ! Ce qui aurait réclamé mille ans à une espèce ordinaire, ils l’ont réalisé en dix fois moins de temps. D’urticant, le mucus est devenu poison, puis acide, VITRIOL NATUREL, comme en produisent les feuilles du mancenillier ! Et voilà… Ceux-ci sont les derniers survivants, les ultimes descendants des premiers cobayes d’Homakaïdo, de cette lignée qui – dans l’esprit de leur créateur – devait rendre caduques toutes les vieilles menées racistes ! Aujourd’hui s’approcher d’eux c’est tenter le diable. L’encre se déposera sur votre peau. Indélébile, grasse, résistant à tous les solvants. D’abord vous ne sentirez rien, tant qu’elle est humide on ne sent jamais rien, ce qui est affreusement trompeur. Puis elle sèche. Une mutation moléculaire s’organise, et c’est de cette tache que va partir tout le processus de corrosion. Une irritation qui deviendra vite ulcération, puis crevasse, cratère. Vous perçant bientôt de part en part aussi efficacement qu’une décharge de shot-gun ! David peina pour avaler sa salive. Il devina qu’il était horriblement pâle
Afficher en entierDavid reprit les jumelles. Le choc de la surprise lui arracha un gémissement. Au pied de la tour délabrée se tenait un homme jeune et nu, à la longue chevelure noire. Quoique squelettique, son corps paraissait sain et vigoureux, exempt d’ulcérations et de parasites. Mais le plus stupéfiant tenait à la couleur de sa peau, ou plutôt : aux couleurs de sa peau… Si le visage était blanc, le torse – lui – avait été modelé dans une chair rouge, typiquement indienne. Les mains, petites et d’un jaune doré, trahissaient un net caractère asiatique ; quant aux jambes d’un noir d’ébène mettant en relief des muscles nerveux, elles étaient indéniablement de race noire…
Afficher en entierPrenez les jumelles et observez les rues de la ville. David riva ses yeux aux oculaires caoutchoutés, se pencha. Tout de suite il aperçut les taches… noires, mais aussi jaunes, brunes, rouges, blanches… Des traces de mains et de pieds humains. Des traces comme en auraient laissé des hommes nus englués de peinture qui se seraient promenés, assis, auraient saisi des objets : seaux, bidons, poussé des portes ou des volets, décalquant chaque fois la même empreinte poisseuse.
Afficher en entierVous dites n’importe quoi, Cazhel ! Reprenez-vous ! C’est un mucus, bien sûr, quelque chose qui ressemble aux projections des poulpes… ou des calmars. N’effrayez pas notre jeune ami. Pas si tôt… David sentit sa respiration s’accélérer. Le policier était blême, Barney – malgré son calme apparent – jetait de fréquents coups d’œil aux alentours. — Ne traînons pas, lança-t-il enfin, il faut monter sur cette passerelle.
Afficher en entierIls grimpèrent les un après les autres pour aboutir à une sorte de casemate métallique fendue de meurtrières et scellé dans la roche. De là on dominait toute l'étendue de la gorge.
Afficher en entierMaintenant qu'il avait trente ans et que ses premières rides apparaissaient, il avait renoncé, abandonnant aux soin des ans la charge de le défigurer.
Il soupire, tira la fermeture du blouson de cuir jusqu'à son menton et s'assit sur sa valise.
Afficher en entierLe train spécial l'avait abandonné sur le quai de la gare. A présent le "convoi exceptionnel" s'éloignait, éructant des bouffées de fumées grasse. David sourit tristement et regarda disparaître l'antique locomotive mangée de rouille qui traînait péniblement dans le sillage des voies un wagon de bois aux planches disjointes.
Afficher en entierSa figure blême avait la beauté d’un masque mortuaire de princesse Ming. La longue chevelure noire flottant sur la nuque ne faisait que renforcer le contraste entre la bouche épaisse, véritable muqueuse sexuelle, et les pommettes saillantes, vaguement asiatiques. Le front haut, très bombé, poudré à la japonaise, achevait d’entretenir cette ressemblance.
Afficher en entiernouvel Tiens, murmura-t-il comme pour lui-même, l’hélico du courrier… Vous en attendez, vous, du courrier ? David secoua négativement la tête. Dans la cour, le souffle du gros appareil militaire chassait les détritus. Des hommes en treillis sortirent le plan de levage et entreprirent de décharger les caisses, visiblement peu désireux de s’attarder
Afficher en entier