Extrait

Rosalie déglutit. Son beau-frère était un homme adorable, mais il avait un caractère impossible et elle était particulièrement intimidée à l’idée d’affronter son courroux.

— Je… je ne vous l’ai jamais avoué mais j’ai aimé un homme il y a deux ans.

Malcolm cligna des yeux. Deux fois. Puis inspira profondément.

— Vous voulez dire… ?

— Elle veut dire qu’elle a été compromise, oui, confirma lady Carrington avec un grand sourire qui convainquit définitivement Malcolm qu’elle avait perdu l’esprit.

— Je vois. Morgana est au courant, je présume ? demanda-t-il en reportant son attention sur Rosalie.

Quand elle détourna les yeux, Malcolm se mit à arpenter la pièce d’un pas rageur en grommelant.

— Je savais bien que je ne pouvais pas lui faire confiance, cette femme n’en fait qu’à sa tête, elle est complètement irresponsable ! D’ailleurs, la prochaine fois que…

— Mon cher comte, je vous en prie, ce n’est ni le lieu ni le moment de vous comporter comme un idiot ! le reprit sèchement lady Carrington.

— Je ne me comporte pas comme un idiot mais comme un homme trahi par une femme d’une félonie sans nom, une cachottière de la pire espèce…

— Puisque vous énumérez si bien les défauts de ma nièce, n’oubliez pas d’ajouter son manque total de discernement dans le choix de son époux, ajouta Lady Carrington d’un ton sarcastique.

Malcolm ouvrit la bouche pour protester puis la referma aussitôt. Il aurait tout le loisir de se disputer avec sa tante plus tard. Pour l’instant, il avait un problème plus urgent à régler.

— Bien, alors quel est le nom de l’homme que je dois tuer ? demanda-t-il, mortellement sérieux.

Rosalie se mordit les lèvres et regretta de s’être laissé convaincre par sa tante de précipiter les choses. L’honnêteté pouvait parfois s’avérer dévastatrice. En particulier face à un homme aussi dangereux que le comte Greenwald.

- Personne. Je veux dire… Ce que ça peut être compliqué ! Il semble qu’il soit prêt à réparer, bafouilla Rosalie.

Malcolm croisa les bras.

— Après deux ans ?

— Il… il était en voyage.

— En voyage ? répéta-t-il avant de blêmir tout à coup.

Non… non, ce ne pouvait être John. Il avait bien remarqué l’intérêt que Rosalie lui avait porté lors du long séjour qu’il avait fait à Charbrey, mais ce n’était tout de même pas sa faute si toutes les jeunes filles de sa connaissance tombaient en pâmoison dès qu’elles l’apercevaient.

— Rassurez-moi : il ne s’agit pas de Langford ?

Rosalie acquiesça timidement.

— Ne le blâmez pas ! Ce n’est pas uniquement sa faute ! Je… je suis tombée amoureuse de lui et…

Une lueur de fureur absolue s’alluma dans les yeux de Malcolm.

— Je vais l’étriper !!!!

— C’est entendu mais il vous faudra attendre qu’il l’ait épousée. Rosalie est peut-être enceinte de ses oeuvres à l’heure qu’il est, lança lady Carrington d’une voix posée.

— Quoi ? Au bout de deux ans ? Vous la prenez pour un éléphant ?

Lady Carrington haussa un sourcil.

— Ne soyez pas ridicule.

Rosalie baissa honteusement la tête.

— Nous nous sommes « réconciliés » il y a peu de temps, Malcolm.

Il tourna son regard perçant vers elle.

— Réconciliés ?

Elle rougit.

— Réconciliés.

Oh, bon sang, pourquoi moi ? Pourquoi est-ce qu’elle me fait ça à moi ? songea Malcolm.

— Laissez-moi vous dire que vos goûts en matière d’hommes sont déplorables.

— Je le crains, en effet.

— Et vous prétendez qu’il vous a demandé de l’épouser ?

— Oui, répondit Rosalie en relevant le menton.

— Était-il ivre ?

— Oh, Malcolm ! le réprimanda lady Carrington.

— Je suis très sérieux : était-il ivre ? demanda-t-il une deuxième fois en plongeant son regard dans celui de Rosalie.

Elle secoua la tête.

— Il était sincère.