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Après le Grand Prêtre Hapouseneb qui s’activait au Temple d’Amon, restait l’élément le plus insolite et, sans doute, l’un des plus sûrs dans sa fidélité envers Hatchepsout, Séchât, la Scribe, l’Intendante des Artisans et des Potiers qui, femme comme elle, avait su prouver la bonne mesure de ses jugements et de ses activités. Prenant d’énormes risques sur sa propre vie, elle avait su, fort habilement, mater la dernière rébellion des artisans et sauver le sceau de Thot tombé entre les mains des pillards de tombes du temple de Karnak. Amies ! Certes, Séchât et Hatchepsout l’étaient. Leurs propres mères partageaient déjà autrefois une profonde affection. À la naissance de Séchât, lorsque la douce Séita s’était éteinte, la fillette en qui coulait le sang noble indispensable, avait vécu au palais, grandi et partagé les jeux, la vie et la scolarité de la princesse
Afficher en entierL’ami le plus sincère était Senenmout qui cumulait les fonctions d’Architecte Royal et d’Intendant du Palais de Thèbes. Il surveillait farouchement chaque trajet de la reine et posait son œil de lynx, là où d’autres ne voyaient rien, pour déceler la plus infime imperfection qui eût déstabilisé les pas d’Hatchepsout. Senenmout, le seul qui fût de condition modeste parmi les conseillers de la reine, avait su éveiller son intérêt et sa confiance. À son côté, la pharaonne pouvait dormir tranquille. Chaque tour de roue que son char effectuait, chaque ondulation de sa barque sur le Nil, aiguisait l’œil attentif et vigilant de Senenmout
Afficher en entierC’était bien pour clarifier cette situation trop ambiguë qu’Hatchepsout, après avoir mûri son projet, avait su profiter des fêtes d’Opêt pour se faire sacrer pharaon, tenant fermement en mains les éléments essentiels qui résidaient dans sa pure hérédité royale. Le fait qu’elle soit femme aurait pu enrayer la mécanique sans l’intervention des prêtres d’Amon qu’elle avait eu la sagesse de conserver à la mort de son père. Or, pas un ne s’était écarté d’elle et, pour les satisfaire, Hatchepsout leur avait donné pleins pouvoirs
Afficher en entierC’est donc sous un ciel azuréen et dégagé de tous obstacles qu’Hatchepsout oubliait avec aisance l’homme qui, avant d’avoir été son époux, avait été son demi-frère. Certes, un ciel qui lui laissait entrevoir un univers désormais sans limites et sans restrictions, la laissant suffisamment clairvoyante sur l’existence d’un monde où les frontières s’ouvraient inexorablement devant elle. À présent qu’il lui fallait prendre d’instinct, un peu comme une seconde respiration, les responsabilités qui s’imposaient à elle, Hatchepsout devait se forger une coque invisible dans laquelle elle se replierait dès que la nécessité s’en ferait sentir. En attendant, Hatchepsout comptait les atouts qui s’alignaient en sa faveur
Afficher en entierÀ l’arrivée de Moutnéfer, Isis posa sa petite harpe sur le sol, sourit à son fils, le prit avec délicatesse dans ses bras et, tandis qu’elle s’efforçait de faire bonne contenance à la vieille femme, plus loin dans les appartements du palais, Hatchepsout rêvait à sa future condition de Maître des Deux Terres. Peu affectée par la mort de celui que le peuple lui avait imposé comme époux pour légitimer son titre suprême, Hatchepsout prenait en main sa destinée, consciente que le règne du second Thoutmosis avait été trop peu marquant – si ce n’était les quelques incursions dans les pays nubiens qu’il avait menées avec mollesse – pour qu’on puisse en parler dans les annales qu’elle faisait rédiger par ses scribes
Afficher en entierOuadjmosis ! La seule vraie passion d’Isis à qui l’on avait donné, contre son gré, le titre de Seconde Épouse de Pharaon. Elle qui n’aspirait, alors, qu’à vivre au temple sacré à l’ombre d’Ouadjmosis, observant de loin chacun de ses mouvements lorsqu’il était dans son sillage. Depuis qu’elle était au monde, Isis n’avait fait que subir l’influence de son entourage. Les pressions dont elle faisait l’objet depuis sa naissance s’étaient révélées si néfastes qu’à présent elle avait perdu tout sens critique et toute vision réelle du monde quotidien
Afficher en entierSon regard se fixa sur l’horizon des sycomores et des palmiers-dattiers qui encombraient le ciel de leurs cimes immobiles et dentelées. Elle eut un sourire presque effacé, s’étonnant que l’audace, la confiance et la peur se fondent si bien en elle. Sous le court règne du deuxième Thoutmosis, la douce Isis n’avait guère gêné les mouvements grandioses d’Hatchepsout. Elle élevait en paix le fils de feu le pharaon sous l’œil implacable et autoritaire de Moutnéfer. Installée sur la terrasse ombragée par les immenses palmiers qui la bordaient tout autour, Isis s’était levée tôt ce matin-là, cherchant la fraîcheur d’une journée qui s’annonçait déjà brûlante
Afficher en entierHomme de combat avant tout, Thoutmosis Ier n’avait guère lésiné sur les expéditions. Il s’était aventuré là où son pays pouvait se développer, s’agrandir, prospérer. Et, si Thèbes restait la ville de prestige, Thoutmosis avait fait de Memphis une base de départ en aménageant un port fluvial tourné vers les pays du Nord. Mais, que l’armée fût en perpétuel mouvement lors de son règne et qu’elle ne pensât qu’aux incursions en pays voisins n’avait pas pour autant privé les architectes de travail. Tout comme Aménophis l’avait fait, les travaux de restructuration du pays n’avaient pas été négligés
Afficher en entierConfiance et respect acquis par ses qualités de courage, de diplomatie et d’esprit de justice, par son sens aigu du commerce et des affaires, Grand Général de toutes les armées, ayant secondé Aménophis avec brio, il connaissait mieux que quiconque les affaires de l’État lors de son couronnement. C’est donc tout naturellement qu’Aménophis avait donné sa fille unique Ahmosis, seule détentrice du sang pharaonique, à son fidèle conseiller, lequel devait ouvrir la voie à la lignée des Thoutmosides, sans supposer encore que sa propre fille serait le pur grain de sable qui n’enrayerait en rien l’histoire de son pays
Afficher en entierSur cette poussée qui avait fait entrevoir aux Égyptiens de meilleurs auspices, ces pharaons avaient pu amorcer un travail de restructuration. Matant encore quelques rebellions nubiennes, ils avaient entrepris de descendre jusqu’à la deuxième cataracte où ils convoitaient l’extraction de l’or, jusqu’alors mal organisée, et plus au sud, le commerce du bétail, des fourrures, du bois d’ébène et autres produits d’Afrique
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